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Actualités - REPORTAGES

Société - Promenade au souk de Basta Meubles et objets anciens en mal d'acquéreurs(photos)

Bois, émail, cuivre, bronze, étoffes, cristal, porcelaine… des meubles et des accessoires qui, malgré des années de bons services, attendent encore un nouvel acquéreur. Non loin du centre-ville tout neuf, le souk des anciens meubles de Basta, connu communément sous le nom de «Souk des antiquités», offre depuis plus d’une cinquantaine d’années une halte aux canapés, fauteuils, lits, armoires, lustres et autres objets encore qui font par intermittence le bonheur de différents intérieurs. Ici, on peut échanger, vendre, ou acheter des meubles. On marchande et l’on paie en liquide (uniquement) des objets anciens qui n’ont aucun certificat d’authenticité. L’acquisition sera restaurée ou emballée, selon la volonté du nouveau propriétaire et la situation du meuble choisi. Vases en porcelaine, lustres d’opaline, coffres en bois massif, canapés Art déco, bahuts empire… La plupart viennent directement des maisons libanaises. Les intermédiaires existent. Les marchands de Basta expliquent toutefois que «certains de nos clients aiment échanger leurs meubles, d’autres, plus nombreux, veulent se débarrasser d’objets acquis à l’issue d’un héritage». En d’autres termes, certains récupèrent la maison de la vieille tante et dégagent les objets anciens qui l’ont accompagnée toute une vie durant. Ils vont même, selon quelques marchands, jusqu’à mettre à la vente de vieux cadres remplis de photos et de portraits qui datent de la première moitié du siècle. D’autres racontent que ces images aux visages inconnus ont été récupérées dans des bâtisses délabrées de Beyrouth. Quelques anciens marchands indiquent qu’ils font «souvent les petites ventes aux enchères de plusieurs capitales européennes, notamment Rome, Copenhague, Prague, ou Bucarest». Les nouveaux venus se contentent, pour les objets de provenance étrangère, de marchandises rapportées d’Iran, de Syrie et d’Égypte. Selon les marchands qui peuplent cette région depuis plusieurs dizaines d’années, Basta a bien changé. «Les Libanais n’ont plus de quoi manger, comment voulez-vous qu’ils achètent des meubles anciens ?», lance Hassan, un marchand établi dans le quartier depuis une trentaine d’années. Attendant les clients potentiels, il joue au trictrac et fume tranquillement un narguilé devant son magasin où des lustres aux émaux colorés et de petites cloches de bronze qui servaient de sonnerie de porte au début du siècle sont exposés. Hussein, un commerçant artiste qui tient le magasin de son père, indique qu’au fil des ans «les marchands et la clientèle de la rue ont changé». «Beaucoup de personnes se rendent actuellement à Basta pour imiter leurs voisins», dit-il. «On voit de plus en plus d’acquéreurs qui arrivent accompagnés de leurs décorateurs», ajoute-t-il. Une situation impensable il y a quelques dizaines d’années. Pour lui, «ceux qui apprécient réellement les meubles anciens sont devenus une denrée rare». Spécialiste de phonographes Chez Alloul, comme dans les autres magasins de Basta, des tableaux sont exposés : des natures mortes pour embellir les salles à manger ainsi que des reproductions de Jean-François Millet et de peintres flamands aux couleurs défraîchies. Tout en soulignant que «le magasin, vieux de soixante ans, a quelques habitués», le propriétaire indique qu’il «a déjà récupéré et vendu des toiles de maîtres libanais comme Farroukh, Ounsi et Guiragossian». D’autres jurent leurs grands dieux que leurs meubles sont de véritables pièces antiques et que c’est le marchand d’en face qui vend des faux. Pour un vendeur d’ustensiles en cuivre, la date gravée sur une balance jaune suffit à classer la pièce trésor de l’Empire ottoman. Abou Abd, lui, est le seul marchand spécialisé de Basta. Le septuagénaire, amateur de musique et de chansons, exhibe dans son magasin de vieilles radios, ainsi que d’anciens magnétophones et tourne-disques. Il est le seul marchand de la rue, voire de Beyrouth tout entière, à réparer, à récupérer et à vendre des phonographes. «J’ai tout ce qu’il faut pour remettre à neuf une ancienne machine», dit-il en exhibant fièrement des aiguilles de gramophone trempées depuis plusieurs dizaines d’années dans du mazout pour les préserver. Il avoue que depuis sa «plus tendre enfance, il a développé un amour pour ces grands haut-parleurs en bronze». Depuis cinquante ans, à Bhamdoun, à Zokak el-Blat, à Hamra, ou à Basta, il n’a fait que ce métier : réparer des phonographes. Et un demi-siècle plus tard, c’est toujours avec les mêmes yeux émerveillés qu’il regarde sans se lasser l’invention d’Edison. Les phonographes d’Abou Abd comptent parmi les accessoires qui trouvent vite acquéreur à Basta. En effet, ce sont les objets du début du siècle et des années folles qui semblent être les plus prisés. Empilés les uns contre les autres dans des espaces réduits et poussiéreux, meubles et accessoires attendent, certains depuis des années, une maison d’accueil où ils seront appréciés, valorisés ou du moins... régulièrement nettoyés.
Bois, émail, cuivre, bronze, étoffes, cristal, porcelaine… des meubles et des accessoires qui, malgré des années de bons services, attendent encore un nouvel acquéreur. Non loin du centre-ville tout neuf, le souk des anciens meubles de Basta, connu communément sous le nom de «Souk des antiquités», offre depuis plus d’une cinquantaine d’années une halte aux canapés, fauteuils,...