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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Santé - Congrès panarabe pour la lutte contre le cancer I - Nouveaux traitements, la guérison au bout du long chemin(photos)

Des cellules qui se modifient, des traitements dont les effets secondaires sont trop prononcés et des patients qui ne guérissent pas toujours... Chaque année au Liban, 3 500 nouveaux cas de cancer sont enregistrés. Avec ses 80 oncologues et ses hôpitaux universitaires, le pays est parmi les meilleurs de la région dans le domaine de la lutte contre cette maladie souvent mortelle. Le troisième congrès panarabe pour la lutte contre le cancer, tenu à l’hôtel «Phoenicia Inter-continental», a rassemblé plus de 350 oncologues venus des quatre coins du monde, notamment des pays arabes, des États-Unis et de l’Europe. Ils ont abordé la maladie sous divers angles. «L’Orient-Le Jour» a interviewé plusieurs spécialistes étrangers sur les nouvelles thérapies, ainsi que des oncologues libanais. Ces derniers se sont notamment penchés sur la prise en charge des patients. Dans les douze mois à venir, un nouveau médicament, actuellement en période d’essai aux États-Unis, sera mis sur le marché. C’est ce qu’a indiqué le Dr Hagop Kantarjian, chef du département de leucémie au MD Anderson Cancer Center, Houston (EU). Prochainement, ce médicament, dont le nom générique est le STI571, constituera le meilleur traitement de certains cas de leucémie. «Avant la découverte de ce remède, indique le spécialiste, le malade ne pouvait pas guérir sans une greffe de moelle». Qualifiant ce produit de «révolutionnaire», il déclare qu’il «présente très peu d’effets secondaires, notamment des allergies cutanées, des crampes musculaires et des problèmes du foie». Et d’ajouter que «grâce à ce nouveau produit, qui pourrait être combiné avec d’autres, l’espérance de guérir de la leucémie myéloïde chronique augmenterait de 50 %». Le Dr Kantarjian, qui a quitté le Liban pour les États-Unis en 1981, indique que «toutes les études pivotales pour obtenir la licence de mise sur le marché de ce produit sont actuellement en cours d’achèvement». Récemment aussi, la thalidomine, médicament utilisé durant plusieurs années comme somnifère, a prouvé son efficacité contre certains cancers. Notons que la moyenne mondiale des leucémies représente 10 % du total des cas de cancer. Les miracles de la chimiothérapie Également d’origine libanaise, le Dr Fadlo Khoury, oncologue médical spécialisé dans les cancers ORL et thoraciques, au MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas, évoque avec optimisme les nouveaux traitements. «Au cours de ces dernières années, dit-il, beaucoup de médicaments ont fait leur preuve, notamment le docetaxel, le paclitaxel et la vinorelbin. Mis sur le marché au cours de ces dernières années et utilisés dans le traitement des tumeurs solides, notamment le cancer du poumon et du sein, ces médicaments de chimiothérapie ont permis d’obtenir une amélioration progressive chez les malades du cancer», précise-t-il. L’oncologue qui vit depuis 18 ans aux États-Unis note qu’avant «la vente de ces médicaments, seuls 12 à 14 % des personnes qui souffrent de métastases du cancer du poumon pouvaient vivre 12 mois. Actuellement, ce pourcentage varie entre 34 à 40. De plus, grâce à ces nouveaux traitements, 12 à 15 % de ces mêmes patients survivent deux ans». Avec d’autres produits qui pourraient être mis sur le marché et administrés conjointement avec ces remèdes, les effets positifs pourraient augmenter. Le spécialiste souligne que «les améliorations de ces dernières années ne sont pas uniquement dues aux nouvelles molécules de la chimiothérapie, mais aussi à d’autres facteurs. Et de citer : «L’amélioration de la radiothérapie, l’apparition de la CT scan spiralé, qui présente une meilleure définition de l’image (et donc une meilleure détection des tumeurs), le dépistage précoce, ainsi que le suivi des malades». Se penchant sur le cancer du poumon, le Dr Khoury indique qu’aux «États-Unis actuellement 14 % des personnes touchées par ce cancer guérissent». Comme pour toutes les formes de cette maladie, la guérison complète du patient est déclarée cinq ans après la fin du traitement. Il y a trente ans, uniquement 8 % des personnes atteintes par le cancer du poumon guérissaient. Et le spécialiste de relever que «dans le monde, le cancer du poumon figure parmi les quatre premières causes de mortalité par cancer (30 %)». «Dû essentiellement au tabagisme, le problème du cancer du poumon réside dans le fait qu’il est détecté, dans la plupart des cas, à des stades avancés de la maladie», poursuit-il. «Une radiographie normale des poumons ne montre pas les petites tumeurs, ce n’est que récemment, avec le CT scan spiralé, que cela est devenu possible». Le Dr Khoury indique également dans ce cadre que «beaucoup de fumeurs consultent un spécialiste uniquement quand les symptômes du cancer apparaissent». Toux, hémoptysie (crachats sanguinolants), dyspnée (souffle court), perte de poids, et parfois même d’importantes migraines figurent parmi ces symptômes. L’âge moyen des personnes atteintes du cancer du poumon varie entre 40 et 50 ans. «Avec un tabagisme prononcé, cette forme de cancer peut toucher des personnes âgées de moins de quarante ans», indique le spécialiste en soulignant que «dans la plupart de ces cas, la maladie n’est pas détectée à son premier stade, car la jeune population concernée ne subit pas les examens qu’il faut». Transplantations de moelle à coûts réduits Citant les pourcentages aux États-Unis, le Dr Khoury met en évidence les taux de guérison. «65 % des personnes atteintes des cancers ORL, dus essentiellement à la combinaison de la consommation d’alcool et de cigarettes, guérissent grâce au dépistage précoce. 80 à 85 % des femmes touchées par le cancer du sein se rétablissent après le traitement». Évoquant les diverses formes de lymphomes, il indique que «les améliorations les plus importantes dans les médicaments de ce cancer ont été effectuées durant les années soixante-dix. C’est grâce à elles que 85 à 90 % des patients atteints de la maladie de Hodgkins guérissent», poursuit-il. Le Dr Hamdy Abdelazim, professeur d’oncologie médicale à l’Université du Caire et chef du département de greffe de moelle osseuse à l’hôpital Kasr el-Aïny dans la capitale égyptienne, a beaucoup œuvré pour établir un réseau régional entre les médecins des pays arabes. Il a exposé pour L’Orient-Le Jour le rôle du département qu’il préside au sein de l’établissement hospitalier du Caire. Depuis 1997, cette division, financée à 90 % par des fonds sociaux et à 10 % par des aides gouvernementales, effectue des greffes de moelle osseuse, relatives notamment au cancer du sein, à coûts réduits. «Jusqu’à présent dans le monde, ce genre de transplantation est toujours controversé», indique le spécialiste. Et d’expliquer que «le système est tellement récent que l’on ne peut pas trancher sur le taux de réussites». «Les premières transplantations ont été effectuées grâce à la coopération entre l’hôpital Kasr el-Aïny d’une part, l’hôpital parisien Saint-Louis et une institution anglaise de l’autre», précise le Dr Abdelazim. «Depuis 1997, l’hôpital égyptien a effectué cinquante interventions de ce genre, et uniquement 6 % des malades sont décédés». Il indique cependant que «l’espace de trois ans est une courte période pour juger si ce traitement est réellement efficace». Soulignant «l’importance de traiter les patients au moindre coût», le spécialiste égyptien précise «qu’une greffe se chiffre à 150 mille dollars en France, environ 55 mille dollars au Liban, tandis qu’en Égypte l’intervention varie entre 12 mille et 15 mille dollars». Coopération entre l’Occident et le monde arabe Depuis trois ans, le Dr Abdelazim représente les médecins du monde arabe au sein de l’association américaine des oncologues cliniques. C’est notamment dans ce cadre que le transfert des connaissances et du savoir-faire s’effectue entre les médecins occidentaux et les spécialistes du Moyen-Orient et du Golfe. Le Dr Claude Maylin, directeur du service d’oncologie clinique à l’hôpital Saint-Louis (France), est l’un des piliers de la fondation franco-arabe du cancer. Pour L’Orient-Le Jour, il a présenté l’institution parisienne dont l’hématologie et la cancérologie représentent 70 % de la totalité des activités. «L’hôpital Saint-Louis, centre hospitalier universitaire, qui forme le deuxième centre mondial, de transplantation de moelle, est réputé pour le traitement des lymphomes», explique le spécialiste. «Dans ce cadre, des recherches thérapeutiques ont été entamées pour augmenter la guérison de cette maladie et de nouvelles molécules ont été expérimentées, notamment, la gemcitabine et l’anticorps monoclonal trastuzumab», poursuit-il. Le management du traitement du cancer du sein figure également parmi les spécialités de l’hôpital Saint-Louis. Selon le Dr Maylin, «dernièrement, cette forme de cancer a été marquée par l’augmentation de sa fréquence et le rajeunissement de la population féminine touchée par la maladie». Et le Dr Maylin d’ajouter que «le pic classique était à 55 ans, tandis qu’actuellement le nouveau pic de femmes atteintes par le cancer du sein est 40 ans». «Le dépistage de la maladie chez ces dernières permet une meilleure guérison et la conservation du sein (pas d’ablation)», poursuit-il. Le spécialiste français souligne également que «comme le cancer du sein, le cancer de la prostate chez l’homme augmente et touche aussi une population jeune». Cette maladie qui atteignait les hommes à l’âge de 65 ans devient répandue parmi des personnes âgées entre 50 et 55 ans. Dans l’Hexagone, une fédération des centres universitaires français de cancérologie, regroupant 29 établissements, a vu le jour. Elle a pour but essentiel de mettre en place un programme de recherche contre le cancer, consistant à former l’identité biologique moléculaire de chaque patient. Le Dr Maylin indique à ce propos que «cette carte d’identité biologique permet de mieux connaître la gravité du cancer, de guider les recherches et les innovations thérapeutiques et de définir des standards de traitement; ainsi chaque patient, selon son identité moléculaire, pourrait bénéficier des dernières innovations thérapeutiques et donc du meilleur traitement». Entre 2000 et 2001, six centres français seront équipés pour exécuter cette carte d’identité. Dans les trois prochaines années, les 29 centres seront pourvus du matériel nécessaire à ce projet, mis en place sous le patronage du gouvernement français. Pour le Dr Maylin, le meilleur traitement contre le cancer réside dans le fait que «les médecins s’effacent devant l’intérêt des malades». Dans ce cadre, les médecins du monde entier, Libanais également, prônent la participation d’une équipe pluridisciplinaire, formée notamment d’un oncologue clinique, d’un oncologue chirurgien et d’un radiologue. Cependant, avec la crise économique qui touche le Liban et les divers systèmes de couverture médicale appliqués dans le pays, ce but est rarement atteint.
Des cellules qui se modifient, des traitements dont les effets secondaires sont trop prononcés et des patients qui ne guérissent pas toujours... Chaque année au Liban, 3 500 nouveaux cas de cancer sont enregistrés. Avec ses 80 oncologues et ses hôpitaux universitaires, le pays est parmi les meilleurs de la région dans le domaine de la lutte contre cette maladie souvent mortelle. Le...