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Actualités - CHRONOLOGIE

Aramta de nouveau dans le giron de la légalité

La centaine d’habitants demeurés à Aramta, au Liban-Sud, a pleuré de joie mardi en accueillant les premiers visiteurs venus à leurs risques et périls dans ce village évacué par l’Armée du Liban-Sud. Avant de prendre la route qui y mène, une mise en garde de la gendarmerie libanaise, écrite à la main avec de la peinture noire sur une plaque de fer, rend les visiteurs perplexes : «N’entrez pas en raison des tirs». Pourtant, les autorités libanaises venaient de démanteler le remblai de terre et de béton qui bloquait la route menant à Aramta, d’où se sont retirés les miliciens de l’ALS. Le caïmacam de la région, Nabih Hammoud, est entré dans le village et prononcé un discours, mais a ensuite regagné son siège dans la ville proche de Jezzine avec son escorte de la police. Aucun signe de vie n’est visible le long de la route d’une douzaine de km, ni même à l’entrée du village situé au creux d’un vallon, à 1 200 m d’altitude, entouré des ruines fraîches de quatre positions de l’ALS détruites à l’explosif par les combattants du Hezbollah ou par l’ALS avant son retrait. Ce n’est qu’à un tournant de la route, parmi les herbes folles se dégageant de la chaussée défoncée par les obus, le long des maisons éventrées, couvertes de mousse, et des rideaux de fer des magasins gonflés par le souffle des explosions, que paraissent les habitants rassemblés sur la place du village. «Bienvenue, bienvenue, cela fait tellement longtemps que personne n’est venu de l’extérieur!», lancent-ils en chœur, donnant l’accolade aux journalistes, les larmes aux yeux. Les youyous et les applaudissements reprennent à l’arrivée d’un «fils» du village, Jaafar Hussein, 44 ans, un instituteur banni par Israël en 1985. «C’est la première fois que je viens voir ma sœur et mes vieux parents qui n’ont jamais voulu quitter Aramta», dit-il lorsqu’il parvient à échapper aux bras de sa mère. Mohammad Tirani, un ouvrier de 65 ans, raconte qu’ils avaient été informés lundi soir par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) du retrait de l’ALS. «L’ALS avait coupé la route du village depuis plus de deux semaines et nous entendions sans cesse, la nuit surtout, des bruits d’explosions et de tirs. C’est seulement grâce à la radio que nous avons su que la position de l’ALS, à l’entrée d’Aramta, avait été détruite par le Hezbollah» le 28 avril. C’est aussi par la radio qu’il a appris que l’ALS avait abandonné dans la nuit de dimanche à lundi sa position à Chîr Azour, pourtant à quelques dizaines de mètres de l’entrée du village. «Ces derniers temps, nous nous étions rassemblés à trois ou quatre familles par maison et vivions dans celles qui nous paraissaient les plus sûres, en l’absence d’abris», explique-t-il. Aramta, où vivent aujourd’hui 110 personnes, comptait 5 000 habitants en 1978, qui l’ont quitté par vagues successives. Les adolescents qui sont restés ont dû interrompre leurs études, explique Nadia Younès, 15 ans, qui se rendait à l’école à Jezzine, d’où l’ALS s’est retirée en juin, après l’avoir contrôlé pendant 14 ans avec le soutien de l’armée israélienne. «C’était trop dangereux», ajoute Jihad Hussein, 15 ans, qui était en deuxième année à l’institut technique agricole de Jezzine. «Ma mère me disait d’y aller, mais j’avais trop peur des bombardements», renchérit Hussein Hajje, 12 ans. Des bruits d’explosions sont entendus : l’aviation israélienne bombarde un fief voisin du Hezbollah après l’attaque de la position de l’ALS à Bir Kellab, à quelque 600 m à vol d’oiseau, sur une colline face à Aramta. Le danger demeure en attendant le retrait israélien de toute la zone de 850 km2 prévu d’ici au 7 juillet.
La centaine d’habitants demeurés à Aramta, au Liban-Sud, a pleuré de joie mardi en accueillant les premiers visiteurs venus à leurs risques et périls dans ce village évacué par l’Armée du Liban-Sud. Avant de prendre la route qui y mène, une mise en garde de la gendarmerie libanaise, écrite à la main avec de la peinture noire sur une plaque de fer, rend les visiteurs...