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Actualités - ANALYSE

La population enclavée se plaint d'être mise en accusation

De tous côtés, de toutes les grandes capitales, on confirme qu’Israël se retirera du Sud-Liban d’ici à la date-butoir du 7 juillet fixée par Ehud Barak. Même les Syriens, comme le prouve leur prise de position hier à Palmyre, semblent maintenant convaincus à cet égard. Mais l’État hébreu réussit à jouer quand même sur les délais, en laissant entendre, sans rien préciser, qu’il pourrait précipiter le mouvement et en finir très vite, peut-être avant la mi-juin. Utilisant à fond cette carte du timing, les travaillistes au pouvoir à Tel-Aviv ajoutent que la date du 7 juillet n’a été citée que pour rassurer le commandement militaire, impatient de soustraire ses hommes à la guerre meurtrière que lui livre le Hezbollah. Et d’ajouter que tout comme l’opération peut être considérablement avancée, elle peut également être reportée. Si la Syrie consent à reprendre les pourparlers bilatéraux. Ou encore mieux, pour Israël, si Damas accepte de se porter garant de la neutralisation du Hezbollah, sans discuter du Golan. Bref, l’État hébreu cherche à monnayer sinon son retrait, qui est pratiquement acquis, du moins la forme et le sens qu’il peut prendre aussi bien dans l’immédiat qu’à long terme. Cette observation est confortée par le fait qu’à quelques encablures du retrait, les Israéliens continuent à maintenir la pression sur le plan militaire en procédant quotidiennement à des raids aériens et à des tirs massifs d’artillerie lourde. Ces surenchères sont certes destinées à amortir en partie l’impression de défaite que donne une décision forcée de retrait. Mais aussi à rappeler à la Syrie comme au Liban que les menaces de représailles, en cas de poursuite des actions contre la Galilée après le retrait, ne sont pas lancées en l’air. Toujours est-il que les Israéliens, indiquent des sources informées, ont brusquement retiré de la circulation les formulaires distribués à certains éléments de l’ALS de Lahd pour leur demander d’indiquer ce qu’ils comptent faire après le retrait. C’est comme si l’occupant avait voulu par cette rétractation laisser entendre que tous ses projets sont suspendus. Ou encore que rien ne presse. Cependant, dans le climat de lourde tension que vit actuellement le Sud, la population enclavée ne cache pas son inquiétude face aux accusations virulentes dont l’accablent certains pôles. «Nous sommes inquiets, déclarent les gens, quand nous entendons des cadres du Hezbollah multiplier les menaces à l’encontre des familles des lahdistes. Ici, comme partout ailleurs dans un aussi petit pays que le Liban, tout le monde est parent». En réalité, les dirigeants du Hezbollah, le secrétaire général Sayyed Hassan Nasrallah et son second cheikh Naïm Kassem, n’ont pas évoqué les familles, mais uniquement les lahdistes. En leur indiquant qu’ils se trouvaient devant trois choix : soit quitter avec les Israéliens ; soit se livrer à la justice pour recevoir un sévère châtiment ; soit être traqués et abattus par les résistants. Mais, comme la population enclavée est socialement liée aux lahdistes, qui se comptent après tout par milliers, elle craint que la vindicte du Hezbollah ne soit aveugle et ne frappe toute la région. «Nous nous étonnons d’apprendre, ajoutent les sudistes cités par les reporters, que certains officiels aient félicité les cadres du Hezbollah pour la position affichée à l’égard des lahdistes. Ces dirigeants ne réalisent-ils pas que la formation en question s’arroge des pouvoirs d’État et va même au-delà, dans ses menaces ?» Et d’affirmer ensuite que la plupart du temps la coopération avec l’occupant était contrainte et forcée. «Dès lors, affirme un notable, il y a un problème psychosocial mais également économique qu’il faut traiter en priorité dans cette région. L’État, à part les poursuites contre les lahdistes, a-t-il préparé un plan de redressement ? On peut en douter : à ce jour, les gouvernants affirment qu’ils n’ont encore pris aucune décision, même sur le plan primordial de la sécurité. Il faut pourtant que Beyrouth comprenne qu’une fois le Sud repris, l’administration civile qui s’en est occupée durant l’occupation cessera d’être. Quelqu’un devra s’occuper des hôpitaux gouvernementaux, des dispensaires, de l’eau, de l’enseignement et tout le reste. Nous sommes heureux de retrouver notre pays. Mais nous ne pensons pas que c’est au Hezbollah de s’occuper de nous, de quelque façon que cela soit».
De tous côtés, de toutes les grandes capitales, on confirme qu’Israël se retirera du Sud-Liban d’ici à la date-butoir du 7 juillet fixée par Ehud Barak. Même les Syriens, comme le prouve leur prise de position hier à Palmyre, semblent maintenant convaincus à cet égard. Mais l’État hébreu réussit à jouer quand même sur les délais, en laissant entendre, sans rien...