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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence Fouad Boutros à l'USJ : Hyperpuissance américaine et politique internationale

Répondant à l’invitation des anciens de la faculté de droit et des sciences politiques et économiques de l’Université Saint-Joseph, l’ancien ministre des Affaires étrangères M. Fouad Boutros a donné, hier, une conférence sur le thème : «Hyper puissance américaine et politique internationale». Ce sujet qui entretient une polémique au sein de la communauté internationale mais aussi en Amérique même, a attiré grand monde. Dans la salle, le métropolite Élias Audeh, les anciens ministres Bahige Tabbara et Ghassan Tuéni ; le député Robert Ghanem ; le juge Ralf Riachi ; les ambassadeurs Fouad Turk, Samir Chamma et Fouad Aoun ; le président de l’Ordre des avocats Michel Lyan ; Farid Rouphaël, Ghazi Aridi. Dans la foulée des questions que soulève la politique internationale dans ses rapports avec l’«unipolarité», M. Fouad Boutros s’est particulièrement arrêté sur les impératifs auxquels obéit la politique étrangère des USA ; le style de ses rapports avec la communauté internationale, et les organisations régionales et internationales ; sa capacité d’imposer librement l’ordre nouveau. Quant à l’utilisation de l’expression «hyper puissance» pour qualifier les États-Unis, l’ancien ministre explique que pour les politologues contemporains, «l’hyper puissance se distingue de la superpuissance. Elle cumule quatre critères qui couvrent tous les secteurs d’activité : la suprématie militaire, la croissance économique ; la domination technologique et une influence culturelle à l’échelle planétaire». Aujourd’hui, les États-Unis sont le seul pays à disposer de ces signes de puissance. En un bref résumé de la vision américaine de la politique mondiale, M. Boutros a rappelé que jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, les USA avaient appliqué les principes wilsoniens. Ils avaient rejeté d’office la «notion d’équilibre, élevée par l’Europe du congrès de Vienne à la hauteur d’un dogme, et cela au profit de la notion de sécurité collective et du droit à l’autodétermination». Suite à la guerre froide, aux croisades antisoviétiques et aux luttes d’influence qui menaçaient ses intérêts stratégiques, les États-Unis ont géré leurs relations internationales par «une politique de puissance mêlée de pragmatisme». Puis, de plus en plus, comme l’atteste la politique clintonienne, «le nouvel ordre international épouse les intérêts nationaux américains cumulativement avec les objectifs de liberté et de démocratie, et au besoin, de préférence à ces objectifs», a souligné le conférencier. Comment les États-Unis conçoivent les modalités d’exercice de son leadership dans le monde ? M. Fouad Boutros donne les exemples suivants : En 1994, la secrétaire d’État Madeleine Albright a déclaré à la presse que son pays ne se voulait pas le gendarme du monde. Mais il se réservait de prendre à l’égard des crises qui peuvent y éclater, les dispositions nécessaires, en accord avec les autres puissances. Lorsque cela est possible. Et à défaut unilatéralement. Sur sa lancée, Mme Albright classe les États membres de l’Onu en quatre catégories. Elle annonce que les USA se proposent de mettre au pas la catégorie des États qui défient l’ordre international. Et d’aider la catégorie des démocraties émergentes à vaincre leurs difficultés. En ce qui concerne le traitement des problèmes internationaux par les USA seuls, à l’exclusion de la communauté internationale, M. Edouard Jiredjian, alors secrétaire d’État adjoint pour le Moyen-Orient avait donné auparavant les justifications suivantes : «Je ne crois pas que ce fait découle de l’unipolarité des USA, mais de l’aptitude de la Communauté internationale à réaliser ou pas un consensus pour le traitement des problèmes majeurs. C’est à la lumière de notre comportement dans ces cas , qu’il convient de juger de l’efficacité de notre leadership». Le style pose souvent des problèmes notamment avec l’Union européenne, la Russie, le Japon, l’Inde et la Chine. Aussi, «il n’est pas aisé de donner une définition stable de l’intérêt vital des Étas-Unis, lequel est pratiquement la pierre de voûte de l’ordre international», dit M. Fouad Boutros. «Leur acceptation de cet ordre met en cause une multitude de concepts de nature différente : les préoccupations humanitaires et les droits de l’homme y côtoient les menaces à la survie de l’Amérique, à sa sécurité, à sa prospérité, à l’ouverture des frontières ainsi qu’au libéralisme économique. Autant de facteurs à l’entière discrétion des États-Unis», souligne l’intervenant. Comment les médias et les intellectuels américains perçoivent les tiraillements entre l’hyper puissance et ses partenaires notamment l’Union européenne ? M. Boutros révèle, à titre d’exemple, que «William Pfaff éditeur de l’ International Herald Tribune a exprimé sa crainte que le nouveau style de la politique étrangère américaine n’entraîne des tensions et des conflits avec l’Union européenne… Il relève aussi que la classe américaine assigne de plus en plus aux USA un rôle hégémonique qu’ils camouflent derrière la défense de l’ordre international. Ce rôle étant justifié à la fois par la primauté militaire des États-Unis et par leur foi en un messianisme qui leur est dévolu». Quant à la mondialisation, M. Fouad Boutros devait rappeler qu’elle est une menace pour l’identité, la culture, et les valeurs. «Cet universalisme caricatural n’aurait d’autre objectif que de consacrer l’hégémonie politique et militaire des USA et d’accentuer la différence entre riches et pauvres, étant entendu que la haute technologie procure aux États-Unis un instrument efficace à cet égard».
Répondant à l’invitation des anciens de la faculté de droit et des sciences politiques et économiques de l’Université Saint-Joseph, l’ancien ministre des Affaires étrangères M. Fouad Boutros a donné, hier, une conférence sur le thème : «Hyper puissance américaine et politique internationale». Ce sujet qui entretient une polémique au sein de la communauté...