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Actualités - ANALYSE

Retrait - Le vide sécuritaire pose un problème lancinant La solution FINUL risque d'être insuffisante

Vingt-deux ans durant l’on a rêvé de franchir le pas de la libération. Au moment du grand saut, peut-on reculer d’effroi devant le vide sécuritaire ? Ne s’agit-il pas d’une fiction, d’un pur produit de l’imagination, comme quand on frémit rien qu’à l’idée d’aller chez le dentiste ? Le président Sélim Hoss n’a-t-il pas raison de se montrer rassurant, contre l’avis des décideurs ? Peut-être bien, mais la question se pose en termes très concrets : par quels mécanismes va-t-on contrôler la situation sur le terrain après le retrait israélien et assurer l’ordre ? Théoriquement, la réponse est toute trouvée : il faut recourir à la Finul, comme le prévoit la 426, qui est le décret d’application de la 425. Mais même si l’on doublait pratiquement les effectifs de cette formation qui tient plus de l’armée du salut que de la force de frappe, même si on rajoutait comme on l’annonce 3 500 hommes aux 4 500 Casques bleus actuels, il n’est pas du tout certain qu’ils puissent assurer leur mission si l’activisme devait persister. En d’autres termes, la sécurité et la stabilité ne peuvent être garanties que par un accord israélo-syro-libanais couvert par les Américains et les Français. Une sorte de copie améliorée des arrangements d’avril 1996 qui ont produit le comité de surveillance. Le président Hoss, qui a par la suite essayé de nuancer ses propos parce qu’on lui remontrait qu’ils contredisaient la position des décideurs, a bel et bien affirmé qu’avec la Finul «le retrait israélien ne va pas provoquer de vide menaçant la sécurité et la stabilité. Les régions qu’Israël évacuera seront confortées et la situation y sera sous contrôle». Un tout autre son de cloche chez le ministre syrien des Affaires étrangères, pour qui il est «prématuré de discuter de la Finul et de son devenir. Nous demandons à savoir, a lancé M. Chareh, si les contingents qui servent sous le drapeau de cette force ne veulent pas avant tout contenir les Libanais et les Palestiniens. Vont-ils réprimer les Israéliens si ces derniers attaquaient le Liban ? S’ils devaient agir contre les Libanais et les Palestiniens mais ne rien faire vis-à-vis de l’armée israélienne, ce serait la catastrophe». À la question de savoir si son pays allait faciliter la mission des Casques bleus après le retrait israélien, le ministre syrien a répondu : «Nous n’avons encore pris aucune décision. Nous étudions la situation et nous verrons». Il y a eu donc, c’est visible, des dissonances entre la position initiale de M. Hoss et celle de Damas. Cependant, comme nous l’indiquons plus haut, des contacts accélérés ont été établis pour, dit un loyaliste «que le Liban et la Syrie parlent d’une même voix quand il s’agira de répondre aux questions que l’envoyé de l’Onu, M. Larsen, va poser». Mais Beyrouth ne s’interdit pas, indique la même source, «de développer des concertations, à la lumière des entretiens de M. Chareh avec les dirigeants français, avec l’Égypte et avec l’Arabie séoudite» qui ne sont pas spécialement antioccidentaux. Et de préciser ensuite que «nous ne comptons pas répondre aux questions de M. Larsen si lui-même ne nous apporte pas des réponses au questionnaire adressé par le président Lahoud à M. Annan». Cette source pense de même que «la Syrie pourrait de son côté geler ses réponses, en attendant d’être informée en détail de l’étendue comme de la durée du retrait israélien, ainsi que de ce que l’Onu compte faire pour combler le vide sécuritaire». On joue un peu, dès lors, à cache-cache. Car si M. Larsen vient, c’est pour tenter de savoir ce que la Syrie et le Liban eux-mêmes comptent faire. Car, selon les termes de la 425 comme de la 426, la mission de la Finul n’est que de simple support au déploiement des forces régulières libanaises, pour le rétablissement de l’autorité de l’État libanais sur l’ensemble de son territoire, zone frontalière comprise. Dans un cadre global, comme le stipule également la 426, le secrétariat général de l’Onu doit assurer la coordination indirecte entre le Liban et Israël pour les mesures de sécurité qu’implique l’application de la 425, afin de faciliter la mission des Casques bleus en ce qui concerne l’accélération du retrait et ce qui s’ensuit. En pratique, le secrétaire général se retrouve cependant devant un dilemme : les Syriens ne veulent pas que la Finul devienne une force de frappe, parce qu’elle jouerait alors le rôle de garde-frontière pour le compte d’Israël. Lequel tient pour sa part à ce que les Casques bleus se transforment en troupe de choc, pour neutraliser le cas échéant toute velléité d’attaque intégriste ou palestinienne contre la Galilée.
Vingt-deux ans durant l’on a rêvé de franchir le pas de la libération. Au moment du grand saut, peut-on reculer d’effroi devant le vide sécuritaire ? Ne s’agit-il pas d’une fiction, d’un pur produit de l’imagination, comme quand on frémit rien qu’à l’idée d’aller chez le dentiste ? Le président Sélim Hoss n’a-t-il pas raison de se montrer rassurant, contre...