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Actualités - INTERVIEWS

Interview - L'ancien chef de la diplomatie française répond à l'Orient Le Jour De Charette : le destin du Liban entre les mains de son peuple (photo)

Dans une interview exclusive accordée à L’Orient-le Jour à l’issue de la conférence de presse qu’il a tenue auparavant dans les locaux de l’Ordre de la presse à Raouché, l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hervé de Charrette a fermement insisté sur «l’unité du peuple et la force de la nation», seuls moyens selon lui pour que les États en général, et le Liban en particulier, puissent résoudre leurs problèmes. Le député-maire UDF de Saint-Florent-Le-Vieil s’est également penché, entre autres, sur le rôle de Beyrouth après l’éventuel retrait israélien, la position actuelle de la France vis-à-vis du Liban, ainsi que sur les relations libano-syriennes. Nous avons demandé à Hervé de Charrette son avis sur la dichotomie frappante entre les récentes déclarations du Premier ministre Sélim Hoss, selon lequel la zone sud du Liban sera, après le retrait israélien, «sous contrôle international», et celles du ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, pour qui «rien n’est encore décidé, tout est à l’étude». Estimant que les propos de M. Hoss étaient «moins fermes» qu’ils ne le paraissaient, ceux de M. Chareh «moins catégoriques», et qu’il était «tout à fait naturel, en ce moment, de s’interroger de toutes parts», il a assuré que c’était au gouvernement libanais de prendre les décisions adéquates, «ce sont de grandes décisions, c’est au Liban d’assurer la sécurité de son territoire, c’est à lui de demander, s’il en trouvait le besoin, d’autres concours», a-t-il ajouté. Sur l’application de la résolution 520 de l’Onu et sur la présence syrienne au Liban, M. de Charrette a rappelé que l’application de la 425, réclamée par le Liban depuis des années, demeure toujours la question centrale. «Vous avez raison de vous préoccuper des relations d’amitié entre la Syrie et le Liban, elles ont toujours été l’objet d’une attention française soutenue : la France est intimement liée au Liban et étroitement associée à la Syrie», a précisé l’ancien locataire du Quai d’Orsay, expliquant que les perspectives et les projets, concernant les relations entre le Liban, la Syrie et la France, sont une question stratégique. «Nos trois nations ont des raisons qu’elles trouvent dans l’histoire pour avoir le désir de travailler ensemble à la préparation du Proche-Orient futur, et cette idée de travail en commun me paraît la plus intéressante, si on veut bien la creuser, pour trouver des réponses aux interrogations que derrière votre question j’ai cru deviner», a-t-il répondu. Dont acte. «Et quelles que soient les difficultés auxquelles le Liban peut faire face à un moment de son histoire, c’est en lui qu’il a trouvé, qu’il trouve et qu’il trouvera le moyen de faire face : le destin du Liban, aujourd’hui plus que jamais, est entre les mains de son peuple», nous a-t-il déclaré. L’inaltérable amitié française De l’arrangement d’avril, dont il a pratiquement été le père, Hervé de Charrette a rappelé le poids prépondérant de la France dans son évolution, «positive», estimant qu’un retrait unilatéral israélien signifierait «sa mort certaine», sauf si les pays concernés jugeaient «nécessaire la présence d’un protocole dont l’arrangement d’avril servirait de modèle». Et concernant sa déclaration à Cana, faite avant-hier jeudi, il a insisté sur le terme «volontaire» en parlant du bombardement israélien du 18 avril 1996, «ça ne pouvait absolument pas être une erreur», nous a-t-il assuré. Nous avons en outre interrogé l’ancien chef de la diplomatie française sur la position actuelle de la France à l’égard du Liban. «L’amitié de la France ne changera jamais», a-t-il répondu, rappelant que la politique étrangère de la France se faisait uniquement sous l’égide du président Jacques Chirac. À propos des différentes déclarations de la part des dirigeants français, dont Lionel Jospin ou Alain Richard, M. de Charrette a affirmé que «l’essentiel, c’est ce qui dure : le montant de la coopération française au Liban, par habitant, est le plus élevé, et la réalité est constamment là pour le prouver, prenez donc l’exemple de l’IUT de Saïda, cofinancé par nos deux pays». Et sur la capacité de la France à conjuguer simultanément son statut d’ami historique du Liban avec son rôle d’arbitre régional, le député du Maine-et-Loire a déclaré que «contribuer à la paix, c’était entendre les préoccupations des uns et des autres. En 1996, nous étions les amis du Liban et en même temps les artisans d’un compromis qui a permis d’épargner, des deux côtés, bon nombre de vies humaines». «Comment va Saint-Florent-Le-Vieil ?». À cette dernière question, concernant la ville dont il est le maire depuis un grand nombre d’années, M. de Charrette s’illumine, vous rassure sur l’excellent état de sa cité et vous annonce qu’elle organise chaque année, depuis quelque temps, un festival de musique proche-orientale, «tout récemment, sœur Marie Keyrouz a été l’invitée d’honneur de ce festival», nous a-t-il appris, tout juste avant de prendre congé. Jour de fête «L’application à l’été 2000 de la résolution 425 est une bonne nouvelle, ce sera un jour de fête pour le Liban, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui a précédé son entretien avec L’Orient-Le Jour. Cela fait de longues années que vous l’attendez, et elle arrive enfin : beaucoup de gens sont morts pour ça…». Indiquant que l’essentiel restait «le retour de la souveraineté libanaise sur l’ensemble du Liban», M. de Charrette a ajouté que cela «change positivement la donne pour le Liban, même s’il faut avoir une vision régionale de la paix, parce que la paix séparée, ça ne marche pas». Quant au retrait israélien, «c’est évident qu’il posera des problèmes, a-t-il estimé, même s’il n’est ni une incitation ni un frein pour la paix : simplement, ce n’est pas le processus de paix». Et sur la participation éventuelle d’un contingent français au sein d’une force des Nations unies renforcée au Liban-Sud, le député-maire français a estimé, «à titre personnel», que «la France ne devrait pas s’engager sans qu’il n’y ait une demande précise des parties concernées». Quant à la «rigidité syrienne», c’est-à-dire l’exigence par Damas de la restitution intégrale du Golan annexé par Israël, M. de Charrette a affirmé «la comprendre : On ne peut pas demander à la Syrie de faire la paix en acceptant d’abandonner une partie de son territoire, “la terre contre la paix” est une phrase inscrite au Conseil de sécurité», a-t-il affirmé. Dans tous les cas, «ni le Liban, ni la Syrie, ni la France n’ont pour l’instant exprimé de position officielle sur la question de la sécurité à la frontière libanaise sud, mais tous, Israël compris, n’aspirent plus, je crois, qu’à la paix», a-t-il conclu.
Dans une interview exclusive accordée à L’Orient-le Jour à l’issue de la conférence de presse qu’il a tenue auparavant dans les locaux de l’Ordre de la presse à Raouché, l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hervé de Charrette a fermement insisté sur «l’unité du peuple et la force de la nation», seuls moyens selon lui pour que les États en...