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Actualités - ANALYSE

Retrait - De multiples incertitudes subsistent Sans un retour aux lignes de 1923, la résistance se poursuivrait

C’est littéralement le grain de sable qui risque d’enrayer la machine. Pour les quelques centaines de mètres qu’il espère rogner sur le territoire libanais, Israël risque de transformer son retrait du Sud en simple redéploiement. Et la résistance se poursuivrait. L’application effective de la 425 implique, comme l’a souligné lundi à Beyrouth le ministre syrien des Affaires étrangères, un retour aux lignes frontalières établies en 1923, confirmées en 1949 et depuis lors reconnues internationalement. En principe, cette question est en voie de règlement. On sait en effet que l’Onu va rendre bientôt son arbitrage, après avoir consulté les cartes archivées à Paris depuis l’époque du mandat. Mais les Israéliens se sont réservé une marge de manœuvre en invoquant des droits acquis d’exploitation agricole pour les kibboutzim de Galilée, jouxtant la frontière. Une astuce qui, évidemment, ne tient pas beaucoup sur le plan juridique. Et qui, du reste, peut produire un effet boomerang dans la mesure où, suivant la même logique, le Liban serait lui-même autorisé à réclamer les terres de ses sept villages enclavés dans ce qui fut la Palestine. Une autre interrogation se rapporte à l’identité de la force qui serait chargée de combler le vide sécuritaire dans les zones potentiellement libérées de l’occupation israélienne. Pourra-t-on se contenter de la Finul dans sa composition, ses effectifs, son armement et ses équipements actuels ? Ferait-elle office de force de préservation de la paix, après engagement de toutes les parties concernées à coopérer avec elle pour lui permettre d’assumer sa mission ? Ne risquerait-elle pas de se heurter derechef aux innombrables entraves qui lui ont été imposées par les protagonistes, et surtout par Israël, depuis son déploiement en 1978 ? Lui faudra-t-il de nouveau assister, impuissante, en perdant des soldats et des blessés, à des cycles de violence entre les Israéliens secondés par l’ALS, la Résistance islamique et éventuellement les Palestiniens redevenus Fedayine ? En d’autres termes, en l’absence d’un accord de paix global, stabilisant vraiment la région, la Finul ne serait-elle pas trop faible pour jouer autre chose qu’un rôle de témoin désarmé ? Par voie de conséquence, ne doit-on pas opter pour une formule plus musclée ? Ne faudra-t-il pas promouvoir les Casques bleus en force de dissuasion, avec les capacités que cela implique ? Pour contrôler la situation, ces contingents ne doivent-ils pas avoir le droit de réprimer toute transgression sur le terrain ? Ne faut-il pas, en somme, leur délivrer un ordre de mission général, se fondant sur le fameux chapitre sept de la Charte onusienne que l’on a fait jouer contre l’Irak ? Mais les pays participant à la Finul voudraient-ils prendre les risques qu’une telle mission implique ? Et dans ce cas, serait-il possible de remplacer la Finul par une nouvelle force de frappe multinationale, composée, en base, d’un consensus entre diverses parties qui y trouveraient intérêt ou sont particulièrement désireuses de contribuer à la stabilisation ? Une force qui tirerait son efficacité non seulement de sa puissance de feu mais aussi de l’adhésion de garants fiables, comme les grandes puissances et les pays arabes. Qu’en pensent le Liban, Israël et la Syrie ? S’ils devaient tomber implicitement d’accord pour un maintien de la Finul en l’état, le risque d’actions et de représailles en profondeur ne resterait-il pas trop élevé ? Et d’ailleurs en pratique, combien de pays participants ne retireraient-ils pas leurs contingents ? Le Conseil de sécurité lui-même voudrait-il renouveler le mandat d’une force qui se retrouverait prise entre deux feux ? Il reste évident, par ailleurs, que sans un arrangement entre les parties directement concernées, plus précisément entre la Syrie et Israël, la mise sur pied d’une nouvelle force multinationale dotée d’un pouvoir de dissuasion serait impossible, par manque de candidats. Pour tout dire donc, et Paris ne cesse de le répéter, le retrait sans accord préalable, c’est le saut dans l’inconnu.
C’est littéralement le grain de sable qui risque d’enrayer la machine. Pour les quelques centaines de mètres qu’il espère rogner sur le territoire libanais, Israël risque de transformer son retrait du Sud en simple redéploiement. Et la résistance se poursuivrait. L’application effective de la 425 implique, comme l’a souligné lundi à Beyrouth le ministre syrien des...