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Actualités - OPINION

Tribune La paix

Bruits d’armes, grondements sourds, grèves, révoltes, conflits sociaux ou politiques : depuis des années, voilà ce que nous appelons la paix. Pour la reconnaître, il nous faut donc renoncer à l’image un peu trop simple que nous nous en faisions – à la vision claire, radieuse, qu’elle était au fond de chacun de nous. Cette face, ces traits, ce regard chargé de plus d’inquiétude encore que de haine : la paix ! La cessation des hostilités n’est pas la paix. Nous le savions. Nous savions que, les fauteurs de guerre mis à genoux, il resterait à résoudre tous les problèmes issus de la guerre et tous ceux que la guerre n’aurait pas résolus. Mais il convient aujourd’hui de comprendre aussi que la paix n’est pas le retour aux habitudes de penser et de vivre qui caractérisaient pour nous l’avant-guerre. Ce temps n’est plus. Il ne reviendra que dans le souvenir. «Heureux temps», dira-t-on. Comme, à l’époque, on le disait déjà du passé. Qu’il s’agisse du prix du pain ou d’un tracé de frontières, des rapports de forces économiques ou des questions sociales, beaucoup attendront vainement la résurrection d’un état de choses familier. Faisons le sacrifice des illusions qui persistent encore. Sur le plan moral, politique, social, comprenons qu’il ne nous suffira pas de nous en tenir aux vieilles pratiques pour surmonter de vieilles difficultés : que nous devons faire face à des préoccupations nouvelles, à des besoins nouveaux. La paix n’est pas dans la routine ni dans l’inertie. Elle n’est pas dans cette fuite que représente la fin de l’effort et de l’espoir. Elle est – à la portée de chacun – une dure et perpétuelle conquête, une victoire sans cesse renouvelée.
Bruits d’armes, grondements sourds, grèves, révoltes, conflits sociaux ou politiques : depuis des années, voilà ce que nous appelons la paix. Pour la reconnaître, il nous faut donc renoncer à l’image un peu trop simple que nous nous en faisions – à la vision claire, radieuse, qu’elle était au fond de chacun de nous. Cette face, ces traits, ce regard chargé de plus...