Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - Héritage ancien et renaissance L'apport de l'USJ dans un Orient à visages multiples

L’Institut des lettres orientales (ILO) a clôturé les travaux de son colloque intitulé Orient : Mondes multiples. Réparti sur trois volets et consacré à la contribution de l’USJ aux études orientales en général, arabes et islamiques en particulier, la dernière partie du colloque a abordé le thème «Héritage ancien et renaissance». Dans son discours inaugural, le père René Chamussy, doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines, a retracé l’historique de l’Institut des lettres orientales. Il a mis en relief la multiplicité de ses approches, son souci de modernité, d’ouverture sur le monde arabe et sa place privilégiée au sein de l’USJ. Prenant à son tour la parole, M. Ahyaf Sinno, directeur de l’ILO et vice-recteur aux études arabes et islamiques, a examiné la relation entre le patrimoine et la modernité, en signalant les nouvelles voies dans lesquelles l’institut s’est engagé pour la réalisation de certains projets, comme «l’élaboration d’une grammaire moderne de l’arabe, d’un dictionnaire historique de la langue arabe, d’une étude critique des origines de l’islam qui améliorerait et compléterait les travaux de Henri Lammens et de l’analyse des structures de base de la pensée islamique». M. Sinno a également mis l’accent sur l’ouverture de l’ILO vers les pays arabes afin de «promouvoir un dialogue de cultures et de religions et former des étudiants à l’esprit critique en les menant à poser des problématiques nouvelles». La contribution de l’USJ à l’étude des langues sémitiques, le syriaque et l’hébreu en particulier, a été ensuite abordée par le R.P. René Lavenant. En effet, dès 1881, plusieurs jésuites sont venus d’Europe s’initier aux langues orientales auprès de professeurs de la faculté de théologie fondée en 1881 par la Compagnie de Jésus. Parmi les étudiants, le conférencier cite des noms devenus célèbres dans le domaine des sciences ecclésiastiques : les pères Prat, grand exégète de saint Paul, Albert Condamin, exégète, ami du père Lagrange, Enrico Gismondi qui a signé une grammaire syriaque munie d’une anthologie et d’un lexique, Joseph Brun qui a rédigé un dictionnaire syriaque-latin, utilisé encore aujourd’hui par les spécialistes. Passant à l’hébreu, nous trouvons le père Augustin Rodet, principal artisan de la Bible arabe de l’Imprimerie catholique, mais aussi le père Alexis Mallon qui a enseigné à l’Institut biblique de Rome avant de fonder la même maison à Jérusalem, en 1927. Le père Lavenant devait conclure en soulignant le «renouveau d’intérêt pour les études syriaques et sémétiques, en France et dans les pays anglo-saxons, et ce dans le domaine philologique, biblique ou patristique». Un musée de la préhistoire L’intervention de M. Levon Nordiguian a porté sur «l’apport des pères jésuites à la recherche préhistorique au Liban». M. Levon Nordiguian a rappelé que l’USJ dispose d’une collection d’outillages préhistoriques, exceptionnellement riches, réunis depuis la fin du XIXe siècle par une pléiade de préhistoriens jésuites tels Godefroy Zumoffen, Auguste Bergy, Henry Fleish et surtout Francis Hours. Cette collection constitue le fonds du Musée de préhistoire libanaise actuellement en cours d’aménagement et dont l’inauguration est prévue pour le mois de mai. M. Nordiguian devait ensuite évoquer l’œuvre du père Antoine Poidebard, ancien professeur à l’ILO et «un des grands pionniers de l’archéologie aérienne». En 1925, père Poidebard est chargé par la Société de géographie de France de dresser la carte des points d’eau et des voies de communication dans la Haute Djéziré syrienne. Au cours de cette mission, où il reçoit le concours de l’aviation française du Levant, le missionnaire jésuite pressent l’importance de l’apport de la photographie aérienne à l’archéologie. «Il venait en effet de découvrir une partie du système de défense de la frontière orientale de l’Empire romain, qu’on appelle communément le “limes”. Dans les franges steppiques de la Syrie, le “limes” n’est pas un linéaire comme le mur d’Hadrien en Angleterre, mais un réseau de voies et de points d’eau contrôlés par des fortins et des places fortes», indique M. Nordiguian. Il ajoute que «l’archéologie aérienne a permis d’avoir une vue d’ensemble sur une vaste région, de saisir les relations existant entre les différents sites et vestiges, de faire apparaître une organisation du territoire et un réseau de communication peu visibles au sol». Les premiers résultats sont tellement encourageants que l’Académie des inscriptions et des belles lettres finance d’autres recherches pour compléter la carte du «limes». Entre 1925 et 1932, père Poidebard va explorer la région qui s’étend de Bosra à l’Euphrate. Ses découvertes sont consignées dans un ouvrage intitulé La trace de Rome dans le désert de Syrie, publié à Paris en 1934. Poidebard étendra ses recherches au Liban. «Grâce à ses photos, on a pu établir pour la première fois un relevé complet du port de Sidon», souligne M. Nordiguian. Parmi les plus célèbres émules de Poidebard, le conférencier signale Sir Aurel Stein, le grand explorateur de Chine et de la Perse. Ils s’étaient rencontrés dans la Djéziré. Et c’est Stein qui complétera les recherches aériennes du missionnaire jésuite en Irak et en Jordanie. Le père Antoine Poidebard a laissé d’importantes archives à l’USJ. Elles feront l’objet d’une exposition qui se tiendra prochainement dans la crypte de l’église Saint-Joseph. Il y a aussi «L’archéologie et l’épigraphie» qui ont tenu une place importante dans les activités des pères jésuites de Beyrouth et du Proche-Orient. Depuis 1906, les «Mélanges de la faculté orientale», devenus en 1922 «Mélanges de l’Université Saint-Joseph», offrent un aperçu de leurs travaux. M. Jean-Paul Ray-Coquais a évoqué les figures marquantes que furent les pères Guillaume de Jerphanion, Sébastien Ronzevalle, Louis Jalabert, René Mouterde, Jean Mécérian ou encore Maurice Tallon. Quant à M. Gérard Troupeau, il s’est proposé de montrer la contribution de l’USJ à l’étude de l’Orient chrétien qui «embrasse non seulement l’histoire et la géographie des églises orientales, mais aussi leur production littéraire dans les différentes langues qu’elles utilisent : le grec, le syriaque et l’arabe, l’arménien et le géorgien, le copte et l’éthiopien». En se fondant sur le dépouillement de la revue al-Mashriq (revue catholique orientale, fondée en 1898 par le père Cheikho), des «Mélanges» de l’USJ, et de la collection Recherches de l’ILO, M. Troupeau a mis en relief les nombreuses publications des enseignants, étudiants et chercheurs de l’USJ. Ces ouvrages constituent un «fonds» et «une mine incomparable», riche en informations relatives à l’Orient chrétien. Le père Isaac Kéchichian a donné ensuite lecture de la contribution de l’USJ aux études arméniennes, rappelant que dès 1933, le père Jean Mécérian a créé, à l’ILO, la Chaire d’arménologie. Et pour conclure, c’est le père Sami Kuri qui a donné un aperçu de la contribution de la Compagnie de Jésus à l’imprimerie et à la presse. Il devait rappeler que l’Imprimerie catholique, qui a fermé définitivement ses portes le 1er novembre 1999, comprennait quatre départements : – L’imprimerie proprement dite qui fonctionne dès 1847 avec une presse lithographique, rapidement remplacée par une presse à main, avant l’acquisition du matériel moderne. Elle était devenue un centre de formation pour les arts graphiques. – La fonderie typographique orientale. – La maison d’édition devenue société anonyme en 1982, sous le nom de Dar al-Machreq. – Un magasin de vente-librairie (Librairie orientale), en 1948. Seule Dar al-Machreq est restée sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus. Cette maison d’édition publie des ouvrages religieux, littéraires et scolaires, mais aussi des dictionnaires arabe-arabe, bilingues, syriaque-arabe-anglais-français, des dictionnaires de théologie, de Vatican II, des sciences de la nature, etc. Ainsi s’achève ce colloque en trois temps et trois thèmes : «Langue et littérature arabes, de l’apprentissage à la recherche», «Pensée islamique : Approches plurielles» et «Héritage ancien et renaissance». Il aura mis en relief l’apport spécifique de l’Université Saint-Joseph, dans l’étude d’un Orient à visages multiples.
L’Institut des lettres orientales (ILO) a clôturé les travaux de son colloque intitulé Orient : Mondes multiples. Réparti sur trois volets et consacré à la contribution de l’USJ aux études orientales en général, arabes et islamiques en particulier, la dernière partie du colloque a abordé le thème «Héritage ancien et renaissance». Dans son discours inaugural, le...