Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Pressions et contre-pressions se multiplient à travers la carte Sud

Une question pressante : le président Clinton a-t-il perdu tout espoir de faire redémarrer les pourparlers syro-israéliens ? Et par voie de conséquence, ses relations avec le président Assad vont-elles rester tendues, avec tout ce que cela implique comme retombées ? Le fait est, répondent des diplomates, qu’après l’échec de sa rencontre avec le président Assad, le chef de la Maison-Blanche a visiblement multiplié les messages de pression à l’égard de la Syrie, en adoptant les positions de Barak par rapport au processus de paix. M. Clinton a de la sorte déclaré, après le sommet de Genève, que la balle était désormais dans le camp de M. Assad. Il a par la suite explicité qu’il restait dans l’attente de la réponse du président syrien aux idées qu’il lui avait soumises pour la reprise des négociations. Quelques jours plus tard, il a affirmé que ce qu’on lui avait rapporté sur le contenu de cette réponse syrienne était insatisfaisant. Il a enfin souligné, après sa réunion avec Barak, que le volet syrien était gelé, qu’on allait tout centrer sur le volet palestinien et soutenir le plan de retrait israélien du Liban-Sud, en l’entourant de garanties internationales. Cette escalade dans l’intimidation voilée, notent les diplomates cités, vise à faire reculer le président Assad. Pour qu’il accepte de renoncer à la rive nord-est du lac de Tibériade, donc au retour, s’agissant du Golan, à la ligne-frontière du 4 juin 1967. Mais jusqu’à présent, le chef de l’État syrien tient bon et tient tête au président américain, tout en réitérant son attachement à une paix équitable. C’est ce que mettent en relief les déclarations de son fils Bachar et du ministre syrien des AE, M. Farouk el-Chareh. Mais les mêmes professionnels pensent que le président Assad attend la fin de ce mois d’avril pour reprendre les efforts visant à la reprise des pourparlers syro-israéliens. À leur avis, le mois de mai constitue le dernier délai pour fixer des positions définitives. Car ensuite, Israël devrait peaufiner son programme de retrait du Sud, tandis que l’Administration US se trouverait entièrement polarisée par la campagne des présidentielles. Ces sources en déduisent que si les démarches pour le rétablissement du dialogue syro-israélien devaient réussir en mai, le retrait du Liban se ferait en base d’un accord avec ce pays ainsi qu’avec la Syrie. Ce qui désamorcerait le danger d’un retrait dit unilatéral, sans arrangements préalables. Par contre les pressions et contre-pressions se multiplieraient en cas d’impasse. Ce qui provoquerait une tension maximale, avant, pendant ou après le retrait. Ces analystes relèvent que les propos tenus par le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, à l’occasion de l’Aachoura, constituent une riposte directe aux pressions américano-israéliennes, ajoutant que ce cycle de tiraillements qui peuvent à tout moment se militariser, mène le pays, voire la région, vers un périlleux inconnu. On sait en effet que le leader du Hezbollah a tenu dans son discours à souligner qu’un éventuel retrait du Sud ne résoudrait pas le conflit avec Israël, tant s’en faut. Il a précisé qu’il subsisterait cinq problèmes majeurs : les détenus dans les prisons de l’ennemi et de ses suppôts ; les indemnisations que le Liban tient à obtenir ; l’ALS de Lahd ; les agressions israéliennes aériennes ou navales ; les réfugiés palestiniens. Sayyed Nasrallah n’a pas indiqué quelles pourraient être les solutions à ces questions. Il n’a pas dit si pour parvenir à les régler son parti allait poursuivre sur le terrain ces actions anti-israéliennes qui ont montré leur efficacité. Mais comme le recours à d’autres moyens paraît hypothétique, on peut sans risque d’erreur estimer que la prise de position du Hezbollah est synonyme de sérieux avertissement. Pour le fond, et au niveau des États, le conflit se résume ainsi : le Liban pense que la paix est prioritaire et que seule elle peut être source de vraie sécurité pour tous ; Israël soutient de son côté que la sécurité passe avant tout et se passe éventuellement de paix. Tout est question finalement de rapports de force, diplomatiques aussi bien que militaires. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces rapports de force sont variables et relatifs, le cas du Sud le prouve amplement. Mais la situation après le retrait ne serait forcément pas la même. Il faut en prendre conscience. Et reconnaître avec cet ancien responsable qu’il faudrait, pour exercer une pression de vraie paix efficace sur Israël, que les fronts de tous les pays limitrophes de l’État hébreu soient ouverts et qu’on adopte une stratégie arabe unifiée. Logique aussi imparable qu’utopique, car les Arabes restent moins que jamais solidaires de leur propre cause commune.
Une question pressante : le président Clinton a-t-il perdu tout espoir de faire redémarrer les pourparlers syro-israéliens ? Et par voie de conséquence, ses relations avec le président Assad vont-elles rester tendues, avec tout ce que cela implique comme retombées ? Le fait est, répondent des diplomates, qu’après l’échec de sa rencontre avec le président Assad, le chef de...