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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - La communication gestuelle au Liban Nader Srage : les gestes ne mentent pas (photos)

Professeur de linguistique à l’Université libanaise et membre de la Société internationale de linguistique fonctionnelle (Silf), Nader Srage a présenté les résultats de ses recherches sur la communication gestuelle au Liban, au cours de deux conférences à la faculté de sociologie de l’UL, à Tripoli (en arabe) puis au Goethe Institut, rue Bliss (en français). Un exposé original et vivant, qui s’est appuyé sur des diapositives, des exemples, des témoignages et une démonstration spéciale, par quatre jeunes. Le Coran, le grand linguiste arabe Ibn Jinni, el-Jahez... Nombreuses sont les références, dans la culture arabe, qui soulignent l’importance de la communication gestuelle. «Le geste était très utilisé chez nos ancêtres en tant que soutien de la parole. Il a été reconnu par les philosophes arabo-musulmans non seulement comme un moyen de compréhension, mais aussi en tant qu’interprétation de la parole», rappelle Nader Srage. Pour illustrer ses propos et aider le public à visualiser les gestes décrits, le conférencier s’est servi d’une série de dessins et de diapositives. Il a également demandé à quatre adolescents de monter sur scène pour jouer les mimes. Nader Srage s’est surtout intéressé aux gestes conversationnels, qu’ils soient traditionnels ou récents, dus à l’influence des mass medias. Il les a rangés selon différents thèmes : technologie et affaires; politique; pédagogie; jeunes; conduite; toxicomanes, etc. Gestes modernes liés au monde de la technologie et des affaires (cellulaire, e-mail, disquette, carte de crédit); gestes utilisés par la jeune génération (victoire ou enthousiasme, salut entre copains, salut sportif, déclaration d’amour, parole d’honneur, menace aimable, promesse, tête vide); gestes des politiciens (notamment les attitudes respectives de Clinton, Arafat et Rabin lors de la cérémonie de signature de l’accord palestino-israélien, à la Maison-Blanche, en septembre 1993); gestes de prière; gestes pour réclamer des boissons chaudes, une cigarette ou un narguilé; gestes à connotation sexuelle employés pour désigner l’autre sexe ou pour exprimer le désir; langage gestuel des chauffeurs de taxi; gestes propres aux toxicomanes, etc. Les gestes en disent souvent long, et ne mentent pas. Méfiez-vous du premier mouvement… Le sens d’un message oral s’accompagne la plupart du temps de tout un ensemble de signes non verbaux. Toutefois, un même geste peut avoir des interprétations différentes. Par exemple, le geste signifiant la menace, au Liban, consiste à former un cercle avec le pouce et l’index. Les trois autres doigts sont tendus et écartés. Effectué grosso modo de la même manière, ce geste signifie «je veux te tuer» en Tunisie, «d’accord» en Italie et «OK» aux États-Unis, «zéro» en France et «argent» au Japon. Un clin d’œil peut être signe de complicité, mais pourrait aussi offenser s’il est interprété dans le sens de «faire de l’œil». En conclusion, Nader Srage constate que l’importance de la communication gestuelle dans un milieu socioculturel défini réside dans le fait que celui qui l’ignore peut être déconcerté par la signification de certains comportements. Il note par ailleurs que la communication gestuelle est en quelque sorte une dimension de notre être. Elle reflète la réalité. On ne peut pas mentir avec les gestes. Le dicton dit bien «Méfiez-vous du premier mouvement, c’est le meilleur». Selon lui, les anciens avaient un sentiment plus vivant pour le sens des gestes, non pas parce que leur culture était plus «primitive», mais parce que leur capacité à discerner les signes extérieurs des sentiments était plus développée. Leur culture était dans ce sens esthétiquement plus sophistiquée que la nôtre. Enfin, il fait observer que les jeunes adoptent aujourd’hui un ensemble de gestes plus modernes, qui ont tendance à devenir universels, reflétant ainsi la standardisation grandissante des modes de pensée et des comportements culturels.
Professeur de linguistique à l’Université libanaise et membre de la Société internationale de linguistique fonctionnelle (Silf), Nader Srage a présenté les résultats de ses recherches sur la communication gestuelle au Liban, au cours de deux conférences à la faculté de sociologie de l’UL, à Tripoli (en arabe) puis au Goethe Institut, rue Bliss (en français). Un exposé...