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Actualités - ANALYSE

Un arrangement préalable n'est pas encore exclu

De toute évidence, la possibilité d’un arrangement précédant le retrait israélien reste liée à la reprise de ces pourparlers syro-israéliens qui sont pour le moment bloqués. Mais les Américains qui tiennent beaucoup à éviter un retrait unilatéral déstabilisateur ne désespèrent pas. Et au cours d’une visite récemment effectuée à Washington par un responsable sécuritaire libanais, ils lui ont posé beaucoup de questions. Toutes axées sur ce postulat : les Israéliens seront partis avant juillet. Ces questions US peuvent se résumer ainsi : quelles seraient les options officielles libanaises sur le terrain en cas de retrait unilatéral ? Et en cas de retrait après accord ? Pourquoi n’est-il pas mis un terme aux opérations militaires, entendre de résistance, maintenant que le départ israélien est devenu une certitude ? Le Liban ne veut-il pas l’application de la 425 ? Cela peut-il se faire sans la 426, c’est-à-dire sans un accord technique précis via l’Onu ? Comment le Liban peut-il envisager de ne pas déployer son armée – qui a amplement fait ses preuves, notamment à Denniyé – dans la région frontalière après le retrait ? Oublie-t-on à Beyrouth que cette prise en charge est au cœur même des résolutions du Conseil de sécurité dont le Liban réclame l’application ? La personnalité libanaise a répondu en substance : «On ne peut brider la Résistance tant que l’occupation perdure. C’est une question de principe consacrée, comme vous le savez, par la Charte des Nations unies. Mais indépendamment de cela, le plus élémentaire réalisme commande de ne pas se fier à Israël. Qu’est-ce qui l’empêcherait d’atermoyer, de s’accrocher, de renforcer ses positions, de prolonger indéfiniment son occupation, de chercher à rogner du temps et du territoire, si on lui accordait le répit qu’il demande ? On a bien vu comment Israël s’est comporté, d’abord avec les Égyptiens et Taba puis avec les Palestiniens et les accords d’Oslo, comment il a renié ses signatures pour spolier le vis-à-vis. La méfiance est tout à fait de mise, en ce qui nous concerne. Israël parle maintenant d’appliquer la 425. Mais pourquoi lui a-t-il fallu vingt-deux ans pour accepter de se soumettre à la légalité internationale ? Même si nous devions croire que l’annonce du retrait n’est pas une nouvelle manœuvre, un ballon d’essai, rien ne nous dit que l’évacuation sera totale. Lisez bien les déclarations des Israéliens : ils n’excluent pas la possibilité de conserver chez nous, à l’intérieur de notre territoire, quelque 14 positions de guet, prétendument pour rendre leur frontière hermétique à toute infiltration. Quand ils affirment vouloir appliquer la 425, ils se moquent du monde entier. Ils se servent aujourd’hui de ce slogan pour faire croire qu’ils sont respectueux de cette légalité internationale qu’ils ont foulée aux pieds pendant des décennies. Ils relancent M. Kofi Annan pour lui affirmer qu’ils sont prêts à appliquer la 425 et qu’ils attendent de la communauté internationale qu’elle assume ses responsabilités. Mais c’est une position qui ne doit leurrer personne et qui n’a aucune valeur juridique. Car c’était tout de suite, en 1978, que l’État hébreu aurait dû s’incliner devant la 425. Les années ont passé, de l’eau a coulé sous les ponts, mais nos malheurs, nos souffrances nous empêchent pour notre part d’oublier que la 425 ordonnait textuellement, impérativement, un retrait aussi immédiat qu’inconditionnel. Au lieu de quoi, Israël, écartant les Casques bleus d’une chiquenaude, a envahi le Liban jusqu’à Beyrouth en 1982. Son respect des résolutions de l’Onu s’est traduit à nouveau en 1996 quand l’artillerie israélienne a perpétré le massacre de Cana en frappant la garnison de la Finul où tout un village s’était réfugié, fauchant plus de 200 victimes innocentes, entre femmes, enfants et vieillards. Il faut comprendre que dès lors, nous ne pouvons nous fier qu’aux actes. Nous réagirons concrètement en fonction des données sur le terrain. Et nous ne tomberons pas dans les pièges que le retrait peut impliquer. Quant à l’armée, nous ne l’avons pas déployée à Jezzine après le retrait des lahdistes. Et cela s’est bien passé. En tout cas, ce que nous déciderions ou ne déciderions pas après le retrait ne regarde pas Israël. Il n’a qu’à appliquer la 425, qui n’est pas négociable». À cette nuance près qu’elle introduit la 426 qui prévoit des arrangements.
De toute évidence, la possibilité d’un arrangement précédant le retrait israélien reste liée à la reprise de ces pourparlers syro-israéliens qui sont pour le moment bloqués. Mais les Américains qui tiennent beaucoup à éviter un retrait unilatéral déstabilisateur ne désespèrent pas. Et au cours d’une visite récemment effectuée à Washington par un responsable...