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Actualités - ANALYSE

Liban-Sud - Le lapsus de Zeayter continue à alimenter la chronique Un déploiement syrien n'est envisageable que dans le cadre d'un règlement global

«Une erreur de timing autant que de cadre de règlement». C’est ainsi qu’une importante personnalité, très au courant, juge les assertions du ministre de la Défense concernant le déploiement des Syriens aux côtés de l’armée libanaise au Sud. Selon cette personnalité, les propos de M. Ghazi Zeayter ne sont pas absurdes dans l’absolu. Mais ils ne seraient, éventuellement, à leur place qu’en cas de solution globale. Par contre, indique cette source, du moment que le Liban lui-même refuse de jouer les chiens de garde pour le compte d’Israël, on ne peut attendre de la Syrie qu’elle prenne sur elle de protéger la sécurité frontalière de l’État hébreu, une fois que ce dernier se serait retiré de la zone occupée. L’armée syrienne ne peut être placée devant ce dilemme : la confrontation potentielle avec la Résistance libanaise ou avec l’armée israélienne. Damas n’est pas disposé à assumer de telles responsabilités. À preuve qu’il n’a jamais fait du Golan un front actif comme le Sud-Liban. Cela parce qu’une telle démarche entraînerait sans doute une nouvelle guerre qui mettrait fin à tout espoir d’un règlement de paix globale et équitable. Il est donc compréhensible que le ministre syrien des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh, ait qualifié les déclarations de M. Zeayter, inspirées par une pulsion personnelle, d’erreur susceptible d’être exploitée par Israël pour orienter le cours des choses vers une issue préjudiciable à la paix. De fait, les Israéliens ont réagi en mettant en garde contre le déploiement syrien au Sud. Et tout en doutant de sa faisabilité, ils ont tenu à rappeler les «lignes rouges» convenues depuis 1976. M. Ehud Barak a déclaré que le plan de déploiement syrien était inapplicable et que son annonce traduisait «le désarroi» dans lequel se trouvent plongés, selon lui, la Syrie et le Liban. M. David Lévy a pour sa part affirmé qu’Israël riposterait avec la plus extrême rigueur si les soldats syriens devaient s’approcher de la frontière libano-israélienne. Un autre ministre israélien, M. Benjamin Eléazar, a affirmé qu’il n’est pas question de laisser se créer un nouvel espace de friction directe avec la Syrie, ajoutant que le président Assad avait accepté le principe des «lignes rouges» en 76. Il n’empêche que pour une frange locale, les propos de M. Zeayter ne sont pas dénués de responsabilité. C’est ce que souligne, entre autres, le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli. Pour qui les forces syriennes se trouvent au Liban d’une façon légale. Dès lors, ajoute-t-il, si les autorités locales estiment que l’intérêt national commande le déploiement des forces syriennes dans la région frontalière aux côtés de l’armée libanaise, une telle requête serait tout à fait légitime. Et devrait être favorablement entendue par les frères syriens. Pour couper court à toute controverse, le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, a rappelé quant à lui que «ce que le Liban pourrait faire pour traiter la phase de l’après-retrait n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Nous n’allons pas révéler aux Israéliens, a ajouté M. Hoss, ce que nous allons faire après leur retrait. Qu’ils partent d’abord, le gouvernement libanais connaît ses devoirs et assumera ses responsabilités», a-t-il conclu. Cet argument, le chef de l’État, le général Émile Lahoud, l’avait développé depuis plus d’un mois. En déclarant à la presse : «Que les Israéliens s’en aillent sans poser de condition et nous verrons alors ce que nous aurons à faire. Personne ne peut nous imposer ce que nous avons à faire». En pratique donc la balle est dans le camp israélien. Il faut attendre pour voir quand et comment le retrait va s’opérer, quelles en seraient l’étendue et la durée. Il est évident que si le retrait n’est pas total, les opérations de la Résistance se poursuivraient. S’il devait par contre s’agir d’appliquer la 425 et de mettre en place les mécanismes prévus dans la 426, le Liban jugerait alors ce qu’il doit en penser. D’ici là, la retenue s’impose et, indique la personnalité citée, on ne doit faire aucun pronostic, émettre aucun souhait au sujet des options futures, tant que les intentions de l’occupant ne se sont pas décantées. Et de rappeler qu’à Shepherdstown, les Américains avaient suggéré un déploiement syrien au Sud après le retrait israélien. Les Syriens avaient répondu, dans leur contre-document de travail, que la question du dispositif frontalier au Sud était une affaire uniquement libanaise. En Israël même, l’influent général Uri Saguy, qui est responsable du dossier syrien au sein du cabinet du Premier ministre, écrit : «La paix avec la Syrie devrait produire une solution pour le problème libanais. Elle permettrait à la fois de resserrer les relations avec l’ensemble du monde arabe et de renforcer notre position par rapport au volet palestinien. Quant à la Syrie, elle atteindrait à travers la paix plusieurs objectifs : la récupération du Golan comme de la dignité nationale, l’amélioration des rapports avec les USA et la reconnaissance légale (par Israël et par les États-Unis) de la supervision syrienne du Liban. La Syrie a clairement intérêt à conclure un traité avec Israël avant le règlement de la question palestinienne. Elle a de plus besoin de recueillir le plus rapidement possible les fruits de la paix, à cause de sa situation économique. Un accord israélo-syrien serait une réalisation majeure susceptible d’affaiblir et d’isoler les États arabes islamiques extrémistes, en consolidant la stabilité régionale, en calmant la scène libanaise et en réduisant le terrorisme». Le même général israélien confiait en février dernier à l’Economist que la paix serait conclue en 2001 et que la Syrie «aurait de grandes responsabilités dans la protection des frontières libano-israéliennes, ce qu’elle serait prête à assumer moyennant la récupération du Golan». D’où la personnalité locale citée conclut que le déploiement syrien au Sud n’est nullement un contresens. S’il y a règlement global dans la région, mais pas s’il y a retrait israélien unilatéral.
«Une erreur de timing autant que de cadre de règlement». C’est ainsi qu’une importante personnalité, très au courant, juge les assertions du ministre de la Défense concernant le déploiement des Syriens aux côtés de l’armée libanaise au Sud. Selon cette personnalité, les propos de M. Ghazi Zeayter ne sont pas absurdes dans l’absolu. Mais ils ne seraient,...