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Actualités - ANALYSE

Le Liban en quête d'un soutien arabe unifié

Pour la première fois depuis son avènement, le président Émile Lahoud prend son bâton de pèlerin. Il entreprend une tournée qui le mènera en Arabie séoudite, au Koweït, aux Émirats, à Bahrein, à Qatar, en Égypte et en Iran. Le sommet de Genève a échoué, comme on le sait. Il s’est résumé en effet à des pressions américaines accentuées sur la Syrie pour l’amener à faire encore des concessions. La tension diplomatique, qui se retrouve dès lors à son paroxysme, s’accompagne des appréhensions que suscite un retrait israélien unilatéral du Sud. Une perspective devenue plus que probable et qui inquiète Beyrouth au plus haut point. Car Israël manœuvre pour bénéficier d’une couverture internationale le jour où, sous prétexte de riposte à des actions de la Résistance libanaise, il procéderait contre ce pays à des représailles dévastatrices. Ces derniers jours, en effet, les dirigeants israéliens ne cessent d’enfoncer ce nouveau clou : il faut, disent-ils, que l’Onu assume avec ses troupes les responsabilités que lui attribuent la 425 et la 426, en protégeant l’opération de retrait et en neutralisant le secteur frontalier. Le président Lahoud veut dès lors entreprendre une démarche préventive élargie. Le but de sa tournée est d’unifier le soutien arabe, pour faire pièce à toute agression israélienne contre le Liban et la Syrie. Baabda souhaite que les résolutions adoptées par la conférence des ministres arabes des AE tenue dernièrement à Beyrouth ne restent pas paroles en l’air. Une réaction de solidarité effective serait utile, au cas où un cycle de violence démultiplié se déclencherait durant ou après un retrait israélien unilatéral du Sud. Il faut cependant noter que cette même rencontre de la Ligue a évité de prendre position à l’égard d’une telle éventualité. Les participants ont estimé que les décisions seraient prises ultérieurement, à travers des concertations interarabes, à la lumière de la nature du retrait, avec ou sans accord préalable. La conférence s’est contentée de réitérer le soutien arabe unanime à la position du Liban, en invitant la communauté internationale à veiller à la stricte application de la 425. En réalité, les capitales arabes défendent des points de vue divergents quant à l’attitude à adopter au cas où le retrait se ferait sans accord avec la Syrie et avec le Liban. La conférence a certifié «le droit de légitime défense absolu du Liban jusqu’à la libération totale de son territoire, conformément à la Charte de l’Onu, la résistance constituant un effet et non une cause de l’occupation». Mais à partir de ce point, justement, certains États arabes estiment qu’au cas où la 425 serait appliquée, plus rien ne justifierait la poursuite des opérations de la Résistance libanaise. Dont l’activité serait alors, à leur avis, dénaturée, utilisée à d’autres fins, comme le retrait israélien du Golan. Ces pays ajoutent que le cas du territoire syrien est régi par une tout autre résolution que la 425, la 242, et qu’on ne doit pas faire d’amalgame. Ils estiment de même que la question des réfugiés palestiniens, soumise au traitement prévu dans la résolution numéro 194, et inscrite à l’ordre du jour des multilatérales, ne doit pas être mélangée avec celle du retrait israélien inconditionnel du Liban-Sud. D’autres pays arabes soutiennent par contre que le jumelage des volets libanais et syrien implique que le retrait se fasse du Golan comme du Sud. Ils ajoutent que si on devait laisser la question des réfugiés palestiniens sans règlement au Liban, la situation resterait tendue avec Israël. Et une guérilla palestinienne pourrait succéder à partir du territoire libanais à la Résistance islamique, pour assurer le droit de retour. Il y a donc dichotomie au niveau arabe. Et cela préoccupe Beyrouth. Car l’absence d’une position unifiée, d’une pleine solidarité en cas de perturbations accompagnant un retrait unilatéral, affaiblirait le Liban. Mais aussi tout le camp arabe, dont les récentes résolutions resteraient lettre morte. On sait en effet que la conférence des ministres des AE a invité les États membres, qui ont des relations avec Israël, à les réexaminer après l’agression perpétrée par cet État contre le Liban, et à cesser leur participation aux multilatérales. Le président Lahoud va donc tenter, à travers sa tournée, de ressouder la solidarité des pays frères face à Israël. De façon effective et non en paroles seulement. En officialisant éventuellement le soutien au Liban comme à la Syrie par la tenue d’un sommet arabe extraordinaire.
Pour la première fois depuis son avènement, le président Émile Lahoud prend son bâton de pèlerin. Il entreprend une tournée qui le mènera en Arabie séoudite, au Koweït, aux Émirats, à Bahrein, à Qatar, en Égypte et en Iran. Le sommet de Genève a échoué, comme on le sait. Il s’est résumé en effet à des pressions américaines accentuées sur la Syrie pour l’amener...