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Actualités - REPORTAGES

Rencontre cordiale, mais sans résultat palpable

Le sommet de la dernière chance qui réunit en ce premier dimanche de printemps les présidents Assad et Clinton ressemble étrangement, de par le suspense qu’il entretient, à une autre rencontre historique qui a changé la face du Moyen-Orient, à savoir l’ultime tentative de Tarek Aziz et James Baker, dans ces mêmes salons de l’Intercontinental de Genève, d’éviter l’attaque américano-alliée contre l’Irak en 1990. Depuis le début des entretiens officiels hier à 15 heures entre les délégations américaine et syrienne, les spéculations s’intensifient dans les salles et couloirs du rez-de-chaussée de l’hôtel squattés par les journalistes faute de salle de briefing. Les plus optimistes soulignent la cordialité de l’ambiance et la chaleur des retrouvailles des présidents américain et syrien, et les plus réservés relèvent l’absence du moindre signe de détente au niveau des délégations. Il faut dire que la circonspection des deux parties engagées dans les entretiens ne facilitaient pas les choses et, même lorsque MM. Clinton et Assad sont restés seuls avec Mme Madeleine Albright et Farouk el-Chareh, à partir de 17h30, les autres délégués ont évité tout contact avec la presse sinon pour dire que le climat est positif. Seuls des diplomates américains et des responsables suisses chargés du bon déroulement du sommet ont laissé filtrer quelques bribes de phrases permettant de croire que les deux chefs d’État sont vite entrés dans le vif du sujet abordant des questions telles que l’engagement israélien de se retirer jusqu’aux lignes du 4 juin 1967, ce qui correspond en fait au préalable exigé par Damas pour la reprise des pourparlers avec Tel-Aviv interrompus en janvier dernier. Selon des milieux diplomatiques arabes qui suivent depuis Berne les préparatifs et le déroulement de ce sommet la problématique du retrait sur la ligne du 4 juin et ses corollaires (c’est à dire l’accès des Syriens à la rive nord du lac de Tibériade et l’avenir de la station thermale de Hammeh), ont été évoqués par l’entourage des deux présidents avant la réunion, les Américains ayant proposé pour Hammeh une solution à la Taba, c’est à dire une formule rétablissant la souveraineté syrienne sur la station mais garantissant en même temps un libre accès aux Israéliens. Comme à Taba, les Israéliens ne seraient pas soumis à un contrôle syrien avant d’accéder à la ville d’eau. Cependant, les Syriens ne seraient pas très chauds pour un «Taba bis», mais pourraient accepter cette formule si les Israéliens venaient à céder sur l’accès à Tibériade. Il reste que la question de fond demeure dans un flou qui est loin d’être «artistique» et les rumeurs sur une «importante conversation téléphonique entre Clinton et Barak», juste avant l’ouverture du sommet, n’ont rien fait pour clarifier les choses. On a même parlé d’un second coup de fil Clinton-Barak vers 16 heures sans que cela ne modifie le climat quelque peu tendu et même empreint d’une certaine gravité que voulaient inspirer les rares membres de la suite du président américain lors de leurs brèves apparitions dans les pas perdus de l’hôtel. Parmi les autres éléments colportés par des diplomates arabes en Suisse, il aurait été question du soutien américain, à moyen et long terme, à l’équipe dirigeante syrienne renouvelée. Damas voudrait, semble-t-il, que le président Clinton rassure son homologue syrien sur ce point, comme il l’avait fait il y a quelques années en exprimant indirectement sa confiance en une Syrie rentrant dans l’ordre international et dans le nouveau millénaire sous la conduite du regretté Bassel el-Assad. À 20h30, une «rumeur» sur la poursuite des pourparlers durant toute la nuit, suivie d’une annonce de la «fin de la séance» faite par un attaché culturel près l’ambassade américaine à Damas soufflaient le chaud et le froid dans un brouhaha indescriptible. Journalistes, photographes et cameramen restent sur le qui-vive jusqu’à 21 heures, lorsque un responsable US a annoncé une conférence de presse de Sandy Berger à l’hôtel Président au centre de Genève. Et uniquement pour la presse américaine.
Le sommet de la dernière chance qui réunit en ce premier dimanche de printemps les présidents Assad et Clinton ressemble étrangement, de par le suspense qu’il entretient, à une autre rencontre historique qui a changé la face du Moyen-Orient, à savoir l’ultime tentative de Tarek Aziz et James Baker, dans ces mêmes salons de l’Intercontinental de Genève, d’éviter l’attaque...