Tribune Honneur à l'armée ! Honneur de l'armée

Un hommage unanime est rendu à notre armée réunifiée après la cessation des combats qui, avec une rigueur exemplaire, observe une discipline qui lui a valu le surnom de Grande Muette. Les citoyens savent qu’ils peuvent compter sur elle, et que le soldat libanais est animé d’un esprit du devoir qui peut le porter jusqu’au sacrifice suprême. Le nombre de martyrs tombés dans l’accomplissement de leur tâche en est une illustration. Cela explique l’attachement des Libanais à leur armée, lequel s’exprime notamment à l’occasion des somptueuses célébrations de la fête du 1er août et même par des chansons populaires, comme «Armée, tu es le défenseur de l’indépendance du Liban !». D’ailleurs, si l’institution est la garante du peuple et de sa sécurité, celui-ci le lui rend bien puisqu’il a accepté de bon cœur que les effectifs militaires (avec les charges budgétaires que leur accroissement entraîne) triplent en quelques années pour un si petit pays. Honneur donc à l’armée. Cependant, à ces sentiments d’appréciation méritée ne correspondent pas toujours les égards dus à l’honneur de l’armée. On l’a vu, pas plus tard qu’hier, au congrès des ministres des Affaires étrangères de tous les États de la Ligue arabe : pendant deux jours, on a assisté à des discours d’une haute éloquence exprimant parfois une sincérité touchante dans le souci de défendre la sécurité du Liban au milieu des périls qui l’environnent... C’est très bien ! Mais, de tous ces brillants rhéteurs, lequel a fait mention de l’armée libanaise ? Cette noble institution, qui est un des fondements de notre structure de pays indépendant, ne serait donc destinée, au regard de ces messieurs, qu’aux parades militaires pour les grandes célébrations ? Cela, nous le refusons. L’attachement du peuple à son armée le refuse. L’honneur de l’armée le refuse. La chanson populaire elle-même dit : «Armée, tu es le défenseur de l’indépendance du Liban». Il semble qu’on voudrait que la Grande Muette fût devenue le Grand Absent. Cette aberration, les Libanais la refusent unanimement. Qu’on laisse donc notre armée accomplir la mission pour laquelle elle a été bâtie et qui reste sa raison d’être.