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Actualités - OPINION

Courrier Contre la peine de mort

La peine de mort trouve sa justification dans deux principes : celui de la vengeance et celui de l’exemplarité. La vengeance Depuis la nuit des temps le principe de vengeance est admis. Dans la Bible, il a pour nom la loi du talion. Dans nos sociétés modernes, les citoyens ont donné à l’État la tâche de mettre de l’ordre et aussi d’assouvrir indirectement leur vengeance. Nous ne pensons pas que des sentiments dits «naturels» comme la haine ou la vengeance sont des sentiments «légitimes» et encore moins «beaux». Où se situe alors la dignité humaine si l’homme ne se laisse aller qu’à ses sentiments dits naturels ? Qu’est-ce qui ferait alors son «humanité» ? Et le fait que certains ne sont partisans de la peine de mort que dans des cas extrêmes, comme celui de viol d’enfant, est la preuve irréfutable que la peine capitale ne sert pas tellement à «faire justice», mais à assouvir, avant tout, une soif de punition et de vengeance. L’exemplarité Exemplarité veut dire que la cruauté du châtiment doit être en quelque sorte une publicité contre le crime. Puisque la peine de mort «fait peur, donc réfléchir», ses partisans pensent qu’elle est un «exemple». Cela est contredit par les statistiques mondiales : la peine de mort n’a pas fait baisser la criminalité, et, à l’inverse, son abolition n’a jamais été un facteur d’augmentation de la criminalité. Et s’il s’agissait de restaurer, comme on l’entend dire, l’autorité de l’État et sa crédibilité, nous pensons que celle-ci ne peut être obtenue que par la pratique de la vraie démocratie. En faisant abstraction des erreurs judiciaires (rien que de penser au nombre d’innocents morts à la place d’autres serait un argument suffisant pour abolir la peine de mort), la question qui se pose aux hommes d’aujourd’hui est celle de l’utilité de cette peine. La peine de mort est-elle utile ? Si elle ne répond qu’à un sentiment de vengeance, qu’elle assouvit un instinct et apporte un certain plaisir ou une consolation dans le cœur des victimes, elle ne résoud en rien le problème de la criminalité de nos sociétés malades. Revenons à cette pendaison publique de Tabarja il y a trois ans. Souvenez-vous que des enfants traumatisés par le spectacle de Tabarja ont failli pendre, dans deux écoles différentes, deux de leurs camarades. La condamnation banalise la mort au lieu de faire peur comme le prouve encore cette étude faite dans l’État de New York entre 1907 et 1963 qui a démontré qu’il y a eu, en moyenne, deux homicides de plus dans le mois qui avait suivi une exécution. Le spectacle de la peine de mort est donc de l’incitation morbide au crime puisqu’il dégrade le respect dû à la vie humaine au lieu de la sacraliser. De plus, ôter la vie n’est pas un acte normal. Si les bourreaux avaient bonne conscience, ils ne se seraient pas couvert la figure pour cacher leur honte. Si c’était naturel de tuer, on le ferait par un simple coup de fusil au lieu d’aligner le peloton d’exécution pour noyer ou éparpiller la responsabilité du soldat qui est obligé d’appuyer sur la gâchette de son fusil. Si c’était la conscience tranquille qu’on injectait le poison dans les seringues qui vont tuer le condamné aux États-Unis, on ne l’aurait pas fait par le biais de trois seringues (dont une seule des trois contient le produit mortel) afin de diluer la responsabilité. Puisqu’il est, en définitive, question de vie qui est la chose la plus sacrée dans l’homme, on est en droit de se poser certaines questions qui sont plus philosophiques que juridiques ou institutionnelles : – Si le suicide est considéré dans la plupart des sociétés comme un crime, qui a donné alors le droit à l’État de tuer en toute bonne conscience ? – Est-ce qu’il est donné à l’homme d’enlever la vie à un autre homme ? Le criminel l’a fait, direz-vous, et c’est pour cela qu’il doit être puni. Mais l’État à son tour a-t-il le droit de lui ôter la vie ? – L’État peut-il ou a-t-il le droit de venger le crime illégal par le crime légal ? – Est-ce que le respect de la vie se résoud en enlevant la vie d’un autre ? Non, tuer n’est pas bien. Ni pour un citoyen. Ni pour un État. La peine de mort est une barbarie inutile.
La peine de mort trouve sa justification dans deux principes : celui de la vengeance et celui de l’exemplarité. La vengeance Depuis la nuit des temps le principe de vengeance est admis. Dans la Bible, il a pour nom la loi du talion. Dans nos sociétés modernes, les citoyens ont donné à l’État la tâche de mettre de l’ordre et aussi d’assouvrir indirectement leur vengeance....