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Actualités - OPINION

Témoignage Je suis mort sur un trottoir libanais

Je m’appelle Ibrahim Yaakoub, je suis Soudanais et j’ai trente ans. Je suis malade depuis quelque temps. J’ai froid, j’ai faim. Je me sens mal. Mardi, mon état s’est gravement détérioré. Je tremblais, mes jambes ne me portaient plus. J’avais besoin d’aide. Où en trouver lorsqu’on est noir, sans argent et sans papiers ? Je ne voyais qu’une solution, un centre d’aide bénévole. Par chance, j’en connaissais un dans les environs. Mais le peu d’effort que j’ai dû fournir pour y arriver m’a anéanti. À bout de force, je me suis allongé devant la porte du centre, espérant que quelqu’un me découvrirait. Trois heures après mon arrivée, deux jeunes gens m’ont vu et m’ont fait entrer. J’ai enfin pu m’allonger sur un lit, au chaud, sous plusieurs couvertures. Je me sentais mieux. Quelqu’un s’occupait de moi. C’était bon, agréable, rare. Plusieurs personnes s’activaient autour de moi, ils cherchaient tous comment m’aider. Sans papiers, sans argent, je ne réunissais pas les conditions idéales pour être soigné au Liban. Les jeunes bénévoles ont contacté les autorités concernées pour obtenir mon admission dans un hôpital. Personne n’a accepté de me prendre sous sa responsabilité. Aucun hôpital ne m’a donc admis. Pas de chance, ce soir-là tous les lits étaient «pleins». Nous sommes donc revenus au centre. J’avais de nouveau froid. Cette lueur d’espoir que j’avais entrevue en rencontrant ces jeunes bénévoles, cette petite flamme, que j’avais sentie vibrer en moi, venait d’être soufflée. Plus personne ne pouvait rien faire pour moi. J’étais seul avec ma maladie, ma pauvreté, mon mal et ma couleur de peau. Je suis parti pour retrouver le trottoir. J’ai marché, marché, marché. Quand la fatigue m’a submergé, je me suis arrêté. J’en ai eu assez, mon esprit, mon âme, mon corps étaient trop fatigués. Je me suis allongé sur le sol, la douleur m’a enfin quitté, la vie aussi…
Je m’appelle Ibrahim Yaakoub, je suis Soudanais et j’ai trente ans. Je suis malade depuis quelque temps. J’ai froid, j’ai faim. Je me sens mal. Mardi, mon état s’est gravement détérioré. Je tremblais, mes jambes ne me portaient plus. J’avais besoin d’aide. Où en trouver lorsqu’on est noir, sans argent et sans papiers ? Je ne voyais qu’une solution, un centre d’aide...