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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Santé - Inauguration du laboratoire de recherches génétiques Guérir par les gènes, une réalité au Liban

Le nouveau laboratoire de recherches génétiques du Chronic Care Center a été inauguré, hier dans la matinée, par l’épouse de l’ancien président de la République, Mme Mona Hraoui, en présence d’un grand nombre de médecins et de responsables parmi lesquels, notamment, MM. Karam Karam, ministre de la Santé, Marwan Hamadé, député du Chouf et ancien ministre de la Santé, Chaouki Fakhouri, député de la Békaa, Ghattas Khoury, président de l’Ordre des médecins, Mohammed Baalbaki, président de l’Ordre de la presse, et de Mme Neemat Kenaan, directrice générale du ministère des Affaires sociales. Ce laboratoire prometteur, qui s’inscrit dans le cadre des différents projets de réforme du système de santé au Liban, a bénéficié du soutien de presque toute la communauté médicale du pays, qui a trouvé dans cette initiative une espérance pour lutter contre diverses maladies chroniques et enfantines. Mme Hraoui, présidente du Chronic Care Center, a exposé dans son allocution d’ouverture l’historique du projet d’édification du laboratoire qui a conclu, en mai 1998, un protocole de collaboration avec l’École de santé publique de Harvard, aux États-Unis. En effet, trois ans de travaux ont été nécessaires pour la formation, le recrutement du personnel et la mise en place de l’équipement nécessaire, auquel a contribué le gouvernement italien. Par ailleurs, le laboratoire de génétique moléculaire a été conçu dans le but de promouvoir et de développer la recherche dans le domaine de la génétique moléculaire, en vue d’atteindre un niveau optimal de santé publique. L’élaboration de ce laboratoire vient apporter un complément aux efforts des chercheurs et des institutions de recherches qui œuvrent au Liban. Actuellement, la génétique moléculaire est l’un des domaines de la recherche les plus avancés du monde, pour ce qui a trait aux maladies chroniques et congénitales. La génétique moléculaire permet une détection précoce des gènes mutés chez les porteurs et favorise, de surcroît, un meilleur diagnostic des anomalies. Le Dr Karam Karam a, pour sa part, félicité dans son intervention les efforts et les accomplissements réalisés par le Chronic Care Center. Ce dernier ayant, au cours des six dernières années, contribué à traiter plus de 1 000 enfants malades, parmi lesquels on compte 530 thalassémiques et 670 diabétiques. Il est à remarquer que la possibilité de traitement génétique de ces maladies héréditaires a déjà été démontrée sans ambiguïté. Elle est une réalité. Thalassémie et cancer La thalassémie est une maladie humaine répandue chez l’homme et il n’existe aucun traitement curatif de cette maladie, qui peut être mortelle. Elle est provoquée par un gène défectueux, qui ne permet pas la synthèse de certaines protéines nécessaires aux globules rouges pour distribuer efficacement l’oxygène dans notre organisme. Le gène normal aussi bien que le gène déficient sont bien connus mais sont d’ailleurs très semblables. La méthode de thérapeutique génétique utilisée chez les êtres humains en modifie les cellules germinales. La modification génétique devient donc transmissible de génération en génération. Il est aujourd’hui facile de faire le diagnostic génétique de la thalassémie chez l’embryon humain, mais peut-on se permettre de la traiter par manipulation des cellules embryonnaires, sachant que les modifications du patrimoine génétique seront transmises aux descendants de l’individu traité ? Chez l’homme, la bêta-thalassémie est une maladie caractérisée par la production insuffisante d’une sous-unité (dite bêta) de l’hémoglobine des globules rouges. Selon le degré de l’insuffisance, la maladie peut être mortelle dès la petite enfance, ou plus tard, malgré de nombreuses transfusions sanguines. Une déficience moins prononcée se manifeste par une anémie plus ou moins grave, qui n’est pas incompatible avec la survie. On ne connaît aucun véritable traitement si ce n’est le palliatif de transfusions sanguines répétées. En 1979, on a découvert que la bêta-thalassémie est causée par la mutation d’un gène situé sur un chromosome, le 11e des 23 paires de chromosomes qui caractérisent l’espèce humaine. La maladie est transmise selon le mode dominant, c’est-à-dire qu’il suffit que l’enfant reçoive le gène déficient d’un de ses parents pour qu’elle se manifeste. S’il reçoit deux gènes, un de son père, l’autre de sa mère, il sera atteint de la forme la plus grave de la maladie. Or, selon Mme Hraoui, en dépit des efforts déployés par les médecins et l’équipe pluridisciplinaire du Chronic Care Center, on n’est pas parvenu, comme par ailleurs dans plusieurs pays limitrophes, à éliminer la thalassémie de la population. Ce fait serait dû à certaines convictions religieuses et à l’insistance des couples à tenter de concevoir un enfant sain. Les travaux réalisés au nouveau laboratoire de recherches génétiques permettra, de l’avis de l’épouse de l’ancien chef d’État, de réduire la survenue de la thalassémie et d’autres maladies génétiques. Au Liban, comme dans la plupart des pays industriels, le cancer de sein représente un quart de tous les cancers féminins. Environ une femme sur douze a eu, a ou aura un cancer de sein. Cette maladie représente un des grands problèmes médicaux du siècle, et malgré de nombreuses recherches, aucun traitement standard n’a été mis au point. Chirurgie, radiothérapie, utilisation de médicaments ou d’hormones… rien n’a fait progresser très notablement le taux de guérison (qui dépend tout de même du stade où il a été découvert) une fois que le cancer est diagnostiqué, comme il l’est chez un grand nombre de Libanaises. On a identifié depuis une vingtaine d’années 25 oncogènes, associés à diverses formes de cancer. L’étude des gènes permet de mieux prévoir l’évolution d’un cancer de sein après son traitement. Cette découverte est une étape importante vers le diagnostic, et peut-être le traitement génétique des cancers en général. Le Liban : mosaïque de gènes Berceau de civilisations, le Bassin méditerranéen l’est aussi pour de nombreuses maladies génétiques dont la fréquence procède de différentes modalités. Le taux élevé de consanguinité, qui reste encore très fort en milieu rural, est associé à un taux de fécondité élevé, ce qui représente les conditions optimales pour exprimer des maladies récessives dont certaines sont même des new syndromes. Le R.P. Jacques Loiselet, directeur du laboratoire de biologie moléculaire, cytogénétique et dépistage néonatal à la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth, a convenu, dans son intervention qui avait pour thème «L’évolution de la recherche génétique au Liban», que ce pays s’est trouvé un trésor sur le plan de la génétique humaine. En effet, selon R.P. Loiselet, il y a eu convergence de deux facteurs : premièrement des chercheurs attachés à la génétique et deuxièmement une population, peut-être pas tout à fait spéciale mais exceptionnelle. Une population qui montre des caractéristiques tout à fait propres à étudier la génétique humaine. Deux époques ont été marquées par l’évolution de la génétique moléculaire : avant 1974 et à partir de 1990, tenant compte de la guerre au Liban qui a paralysé toute sorte de recherches. Après être parvenus, au début des années 90, à pouvoir bien caractériser l’ADN (acide désoxyribonucléique) les chercheurs se sont, à ce moment-là, transportés sur l’étude des gènes. Une étude enrichie par les diverses civilisations qui se sont succédé au Liban. Il y a au Liban une mosaïque de populations, qui vivent dans le même pays mais qui sont, du point de vue génétique, séparés, au moins théoriquement. La question qui se pose serait de savoir si ces populations, formant des isolats, avaient les même caractéristiques génétiques. Du fait qu’on a des communautés qui vivent aussi bien dans la montagne ou sur le littoral, et qui sont séparées par des vallées très profondes, le Liban devient ainsi une mosaïque de tous petits carreaux, les gens se mariant dans leurs villages. Plusieurs recherches et expérimentations réalisées auprès d’individus vivant dans une même communauté, certains d’entre eux atteints de maladies chroniques, ont montré que les mariages entre cousins germains permettent de faire apparaître des maladies à transmission récessive, maladies qu’on trouverait beaucoup plus rarement chez une population occidentale. Ainsi les familles deviennent consanguines à cause de la fréquence des unions entre cousins germains, qui est au Liban de l’ordre d’un mariage sur cinq. Du fait de la structure en mosaïque et des familles nombreuses, on a pu découvrir au Liban une très grande variété de maladies d’origine génétique. Outre la sensibilisation de la population à la gravité des mariages consanguins et la nécessité d’effectuer des tests prénuptiaux pour le contrôle et la prévention des maladies génétiques, il est nécessaire de tester absolument tous les nouveau-nés.
Le nouveau laboratoire de recherches génétiques du Chronic Care Center a été inauguré, hier dans la matinée, par l’épouse de l’ancien président de la République, Mme Mona Hraoui, en présence d’un grand nombre de médecins et de responsables parmi lesquels, notamment, MM. Karam Karam, ministre de la Santé, Marwan Hamadé, député du Chouf et ancien ministre de la Santé, Chaouki...