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Actualités - CHRONOLOGIE

Crime d'honneur Tuée par sa famille pour ses amours clandestins

Najwa Ahmadiyyé a aimé un homme, secrètement, follement, en dehors de tout lien sacré, et elle a porté pendant neuf mois, dans son ventre, le fruit de ces amours illicites. Et elle en est morte. Un jour, son frère Malek l’a accompagnée à l’hôpital Mayss de Chtaura : elle avait le ventre en feu. Il ne savait rien et elle, normalement, a accouché d’une fille. Elle n’a même pas eu le temps de la prénommer... Malek a su, il a vu l’«innommable». Sa sœur a osé, elle s’est donnée, volontairement, consciemment, passionnément, et ça, il n’a pas pu l’admettre, le supporter, l’«honneur» de la famille est sali, que vont dire les voisins ? L’autre frère, Nagi, appelé en urgence, est arrivé et tous deux, fous de rage, ont pris l’obstétricien à partie, demandant, exigeant des explications au sujet de «l’irréparable». Le médecin, conscient du drame qui sourd, a tout essayé, absolument tout. «Ce n’est pas parce qu’elle a accouché que votre sœur a nécessairement eu des rapports sexuels, il se peut qu’il n’y ait eu aucune pénétration», leur a-t-il dit. Un enquêteur dépêché par le commissariat de Chtaura interrogera Najwa, encore toute fiévreuse. Elle lui dira qu’«il s’appelle Ali Saïd, qu’il est Syrien, et qu’il a été tué dans un accident sur la route de Baalbeck». Mais a-t-elle dit la vérité, l’implacable vérité ? Bref, Najwa, ce 17 février 2000, restera jusqu’à 16 heures à l’hôpital, jusqu’à ce que Nagi l’emmène, elle et sa petite fille, en taxi, jusqu’à la maison, à Sofar, Malek ayant refusé de l’accompagner dans sa voiture à lui. «Pendant le trajet, Najwa a mis sa fille dans un sac-poubelle noir, et elle a constamment refusé de me donner le nom de celui qui l’a souillée», a déclaré Naji. Et pendant ce temps s’ourdissait, entre Malek, ses frères Amine et Anouar et sa sœur Nazira, le plus atroce des crimes, au nom de «l’honneur bafoué» : un fratricide et un infanticide. «Tue-la aujourd’hui plutôt que demain, tue-la chez moi ; chez toi il y a des enfants», a craché Nazira à son frère Malek qui n’attendait que ça pour laisser libre cours à sa rage sanguinaire, «son besoin incontrôlable de laver cet indélébile affront». «C’est moi qui le ferai, Dieu m’aidera, toi tu as des enfants, c’est moi qui la tuerai», a dit Malek à Amine qui s’est enfui en Syrie avec son enfant afin d’éloigner de lui tout soupçon. Malek et Nazira menacent alors Najwa, après qu’ils l’eurent rejointe, d’un châtiment exemplaire si elle ne les suit pas jusqu’au domicile paternel. Résignée, elle les suit, emmenant avec elle, outre ses affaires personnelles, le sac-poubelle en nylon noir qui enfermait le bébé. Les deux sœurs se sont alors enfermées dans une chambre, au sous-sol : Nazira voulait que Najwa lui raconte tout ! Najwa est restée muette, le nom du vrai géniteur n’a jamais été prononcé. Vers minuit, Malek est revenu à la charge, toujours en vain, alors il a utilisé ses mains, de grosses mains d’homme qui ne se maîtrise plus et il a tenté de l’étrangler. «Arrête, aurait crié Najwa, demain je tue mon bébé et je m’en irai pour toujours». Las ! Il l’a étranglée, l’étouffant avec le manteau qu’elle portait, ouvrant ensuite une bonbonne de gaz et mettant le tuyau sur la bouche de Najwa, dans une évidente volonté de maquiller le tout en suicide. Le lendemain matin, Nazira s’est assurée de la mort et Malek a averti le commissariat du «suicide» de sa sœur, déclarant qu’auparavant, elle avait assassiné son enfant. Mais ensuite, pour une raison que l’on ignore – et si tout simplement le remords pouvait aller jusqu’aux plus profonds recoins des âmes les plus noires – il s’est rétracté et a tout avoué. Notons, pour finir, que le nourrisson est mort étouffé dans son sac et que des peines de mort ont été requises contre les quatre frères et sœur.
Najwa Ahmadiyyé a aimé un homme, secrètement, follement, en dehors de tout lien sacré, et elle a porté pendant neuf mois, dans son ventre, le fruit de ces amours illicites. Et elle en est morte. Un jour, son frère Malek l’a accompagnée à l’hôpital Mayss de Chtaura : elle avait le ventre en feu. Il ne savait rien et elle, normalement, a accouché d’une fille. Elle n’a...