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Actualités - REPORTAGES

Environnement - L'opposition croissante à la marina au sud de la citadelle Sauvegarder la place de Jbeil, un impératif, estime Cardahi

Un décret autorisant le lancement d’un grand projet balnéaire sur les plages de sable au sud de la cité antique de Byblos continue de susciter depuis trois semaines dans la ville même de vives protestations, (Voir L’Orient-Le Jour du vendredi 4 février). Ce ne sont pas les constructions terrestres prévues dans le cadre du projet qui motivent cette mobilisation mais l’établissement d’une marina privée reliée à la plage par un pont. Des dégâts écologiques (sur la plage de sable) et esthétiques (sur la citadelle médiévale sise à moins d’un kilomètre de là) sont appréhendés par la population ainsi que par la municipalité. L’opposition au projet s’est matérialisée dans un recours présenté par le conseil municipal de Jbeil auprès du Conseil d’État, visant à obtenir un sursis d’exécution et, à plus long terme, une annulation du décret pris en Conseil des ministres sur proposition du ministère du Transport. Mercredi dernier par ailleurs, la commission parlementaire de l’Environnement a décidé d’entendre la municipalité de Jbeil sur cette affaire. Le président de l’Union des municipalités du caza, M. Jean-Louis Cardahi, explique à L’Orient-Le Jour les multiples péripéties de ce feuilleton à rebondissements. «Quand nous avons eu connaissance du décret, nous avons consulté les ONG et une large frange des habitants de Jbeil, ainsi que les membres du conseil municipal, sur l’attitude à prendre», raconte M. Cardahi. Nous avons d’abord décidé d’adresser des lettres aux ministères concernés, Transport, Environnement, Culture (la citadelle se trouve sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco), au palais présidentiel (pour l’en informer), au Premier ministre, à la Direction générale des antiquités… À tous, nous avons expliqué que nous ne nous opposions pas aux constructions érigées sur les biens privés mais à l’exploitation de cette manière du territoire maritime public». Il ajoute : «Nous pensons que le domaine maritime doit être géré de façon intelligente, dans un cadre préservant les atouts naturels du site. Nous nous opposons à la construction de la marina, pas au projet en tant que tel. Certains nous accusent d’entraver le développement. À ceux-là, j’aimerais conseiller de visiter Charm el-Cheikh en Égypte. Il s’agit de l’une des plus grandes zones touristiques du Proche-Orient. L’essor touristique n’a pas eu besoin, là, de marinas privées : toutes les plages sont accessibles alors que les plus grands hôtels se sont établis dans la région». Pétition de plus de 4 000 habitants Abordant le sujet du recours en Conseil d’État, M. Cardahi déclare : «Le décret stipule que les travaux doivent débuter dans un délai de quatre mois. Il s’agit là d’une période très courte, avant même que l’étude d’impact environnemental ne soit prête et approuvée. Cette étude est actuellement préparée par les promoteurs et nous ne savons pas qui va l’approuver ni si cette mesure sera une simple formalité au ministère de l’Environnement. Dans tous les cas, nous souhaitons avoir notre mot à dire». «Deuxièmement, dit-il, nous avons formulé plusieurs remarques de fond et de forme sur le décret. Nous nous sommes adressés dans les délais légaux au Conseil d’État pour demander un sursis à l’exécution des travaux et l’annulation du décret». Selon M. Cardahi, deux points principaux ont été soulevés, le premier portant sur l’aspect esthétique d’une marina de grande dimension en face de la citadelle de Byblos, ce port étant relié à la plage par un pont en béton qui permet le passage de camions. Le second aspect concerne l’impact écologique sur le site marin naturel de sable. Il ne faut pas oublier non plus l’impact potentiel sur les sites archéologiques de l’entourage. «Le Liban a signé une convention internationale liée aux sites classés patrimoine mondial et doit assumer une responsabilité dans leur protection, fait-il remarquer. Ensuite, le projet est prévu dans la zone de protection du site de Byblos, dont le caractère officiel demeure sous étude par les ministères concernés. Il ne faut pas oublier non plus qu’à 300 mètres à peine du projet, se trouve très probablement le site du port phénicien (le port visible de Byblos est médiéval). C’est là que des fouilles archéologiques seront inéluctables !». La protection du site naturel des plages de sable est en soi un créneau de développement, considère le président du conseil municipal de Jbeil. Byblos ne peut être traité comme n’importe quel site en bord de mer. «Le tourisme culturel et l’écotourisme sont deux créneaux de développement essentiels, souligne-t-il. Ils doivent donc être mis en valeur parce que ce sont eux qui drainent des millions de touristes à travers le monde. Un développement équilibré n’empêche pas les investissements, au contraire». Par ailleurs, une des lettres adressées aux responsables par le conseil municipal de Jbeil a été reçue par la commission parlementaire de l’Environnement. Cette commission a décidé d’entendre le point de vue du président de la municipalité. «Je ne serai personnellement pas présent la semaine prochaine mais la municipalité sera représentée à la prochaine séance de la commission, indique M. Cardahi. La commission souhaite obtenir davantage d’éclaircissements et nous allons lui en procurer et défendre notre point de vue». Considère-t-il que l’intérêt montré par la commission pour cette question soit en leur faveur ? «En ce qui nous concerne, nous nous en tenons à notre point de vue, répond-il. De plus, nous nous basons sur une pétition signée déjà par plus de 4 000 habitants de Jbeil et qui continue à faire le tour de la ville. Il existe actuellement une opinion publique défavorable à l’exploitation du domaine maritime de cette façon».
Un décret autorisant le lancement d’un grand projet balnéaire sur les plages de sable au sud de la cité antique de Byblos continue de susciter depuis trois semaines dans la ville même de vives protestations, (Voir L’Orient-Le Jour du vendredi 4 février). Ce ne sont pas les constructions terrestres prévues dans le cadre du projet qui motivent cette mobilisation mais...