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Actualités - ANALYSE

Deux échéanes interdépendantes

Les efforts franco-américains pour obtenir une reprise des réunions du groupe de surveillance des accords d’avril 1966 ne sont pas totalement indépendants des préparatifs pour la tenue, à titre exceptionnel à Beyrouth, de la conférence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, les 11 et 12 mars. En effet, la reprise de ces réunions, ou la persistance du blocage à ce niveau, ne pourra pas ne pas avoir d’effet sur les résolutions finales du Conseil de la Ligue arabe. Une reprise de ces réunions, ou un progrès dans cette direction, ou a fortiori un progrès en direction de la reprise des pourparlers sur le volet syrien, atténueront certainement le ton des résolutions finales susceptibles d’être prises par la Ligue arabe, estime-t-on de source diplomatique. Anticipant ces progrès, et dans un esprit conciliateur destiné à maintenir ouverts les canaux de communication, un certain nombre de pays sont d’ores et déjà favorables à des résolutions modérées. Celles-ci auraient aussi pour avantage de priver Israël, en cas de mauvaise foi, d’un prétexte pour faire preuve d’intransigeance. Mais cette option, ajoute-t-on de même source, risque de se heurter à des attitudes plus dures que d’autres pays arabes pourraient adopter, dans la conviction qu’il s’agit là du seul langage que comprend Israël. Que cet État accepte ou non de revenir à la table de négociations, les Arabes, estiment ces pays, doivent adopter des résolutions d’une grande fermeté, condamner les provocations de l’État hébreu et montrer qu’ils savent être unis lorsqu’il le faut, comme c’est le cas aujourd’hui, compte tenu de l’injustice criante commise par l’agresseur israélien. Et d’ajouter que celui-ci ne prêtera aucune attention à des résolutions «ordinaires», et restera insensible aux honorables motivations de ceux qui les adoptent, et à leur volonté de ne pas compromettre les efforts déployés en ce moment en vue d’un règlement. Par contre, indique-t-on de même source, Israël tiendra le plus grand compte de résolutions fermes, ou de mises en demeure conditionnées par un retour à la table de négociations, et l’arrêt de la politique d’atermoiement telle que celle qui est suivie avec les Palestiniens. Cette mise en demeure pourrait prévoir la tenue d’un sommet arabe, si un accord de paix sur les volets syrien et libanais n’est pas conclu avant la fin de l’année. Pour que ces résolutions aient un effet dissuasif, la mise en demeure devrait affirmer que toute agression contre le Liban ou la Syrie, ou encore sur les deux pays, serait considérée comme une agression contre la nation arabe tout entière, et provoquerait une riposte solidaire de tous les Arabes. Une telle mise en garde contraindrait Israël à réfléchir par deux fois avant d’agresser le Liban de nouveau, ou bien même la Syrie, et de compromettre ce faisant les accords de paix conclus avec certains pays arabes, ou encore les rapports diplomatiques et la normalisation économique passés avec d’autres. Cette fermeté diplomatique, annonciatrice d’une plus grande fermeté en un second temps, pousserait Israël vers la table de négociation, ne serait-ce que pour faire l’économie d’une guerre qui finirait, comme toutes les guerres, par des pourparlers. L’une des mesures que les tenants de la ligne dure considèrent «indésirable», du moins prise indépendamment, est la création d’un fonds arabe de soutien au Liban, ou des condamnations «de routine», appui à la Résistance et solidarité verbale, résolution 425 et tutti quanti. Israël, font valoir ces pays arabes, n’est pas du tout impressionné par l’idée d’un fonds qui, somme toute, ne sert qu’à rebâtir, et encore, en partie, ce que son armée aura détruit. À condition que les pays donateurs tiennent parole, ce qu’ils ne font pas toujours. Les seules résolutions que redoute Israël, concluent ces sources, sont celles qui se traduisent en actes, et nuisent à ses intérêts économiques, politiques, diplomatiques ou même militaires, si tant est que quelqu’un croit encore à une guerre conventionnelle arabo-israélienne. Paroles, paroles... Selon une source diplomatique à Beyrouth, la réunion du Conseil de la Ligue s’achèvera par des résolutions modérées qui laisseront la porte ouverte à une reprise des pourparlers, toute autre option risquant à terme de se traduire par une nouvelle aventure militaire aux conséquences incalculables.
Les efforts franco-américains pour obtenir une reprise des réunions du groupe de surveillance des accords d’avril 1966 ne sont pas totalement indépendants des préparatifs pour la tenue, à titre exceptionnel à Beyrouth, de la conférence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, les 11 et 12 mars. En effet, la reprise de ces réunions, ou la persistance du...