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Actualités - ANALYSE

Le Liban assume seul le poids de la lutte contre l'ennemi L'aide arabe se limite aux condamnations verbales de l'Etat hébreu

Pourquoi, au nom de la solidarité entre les deux pays, la Syrie ne vient-elle pas en aide au Liban dans son conflit avec Israël ? Si la résistance est effectivement le seul moyen de libérer les territoires occupés, qu’est-ce qui empêche Damas d’organiser, elle aussi, une résistance en vue de libérer le Golan ? À ces questions posées lors d’un débat télévisé, jeudi dernier, le gouvernement libanais répond en substance par la bouche du ministre Issam Naaman : si l’armée syrienne intervient aux côtés du Liban, une guerre en bonne et due forme pourrait éclater et se généraliser à l’ensemble de la région ; sans compter qu’Israël est plus fort militairement que le Liban et la Syrie réunis. Enfin, ajoute le ministre Naaman, Damas choisit elle-même le lieu et le moment opportuns pour entrer en guerre contre l’État hébreu. Quant à une résistance à partir du Golan, M. Naaman affirme que ce territoire ne convient pas à la guérilla étant donné la trop faible densité de population qui le caractérise. Priés de commenter ces propos, certains milieux politiques ne manquent pas de relever leur incohérence ; car si le rapport militaire est à ce point inégal entre Israël, d’une part, le Liban et la Syrie réunis, d’autre part, le Liban peut-il à lui seul faire le poids face à l’État hébreu ? Les sources susmentionnées se permettent d’en douter à la lumière de la nouvelle équation qu’impose Israël, en l’occurrence : contre chaque soldat tué en zone occupée, des installations électriques, des ponts ou encore des routes au Liban pourraient faire l’objet de raids israéliens destructeurs. Le ministre israélien des Affaires étrangères David Lévy a même menacé de mettre le Liban à feu et à sang si des katiouchas s’abattaient sur le nord d’Israël. En d’autres termes, la mort d’un soldat israélien équivaut à des pertes de plusieurs millions de dollars au niveau de l’infrastructure. La riposte aux katiouchas implique quant à elle des destructions massives dont le Liban aurait de la peine à se relever même en temps de paix. L’impuissance du gouvernement D’autre part, si le destin du Liban est de lutter contre Israël en lieu et place de tous les Arabes, comme l’affirme le Premier ministre Sélim Hoss, qu’avons-nous fait pour nous préparer à un conflit de cette dimension ? se demandent les milieux politiques susmentionnés. Les rangs sont-ils toujours unis comme ils l’étaient du temps de l’opération «Raisins de la colère» en 1996 ? Les Libanais sont-ils toujours disposés à consentir les sacrifices qu’on leur demande de faire ? A-t-on seulement pensé constituer un véritable gouvernement d’entente nationale pour cimenter l’union des Libanais et les inciter à faire face à l’ennemi ? Par ailleurs, si le sort du Liban est d’endosser la lutte que doivent mener l’ensemble des Arabes, ces derniers sont-ils disposés à l’aider par d’autres moyens que des condamnations verbales ? Où sont donc les contributions financières à la reconstruction de tout ce qui a été démoli par les Israéliens ? Le Conseil des ministres a examiné lors de sa dernière réunion les moyens de faire face aux agressions israéliennes. Mais là encore, les avis ont tant et si bien divergé que le gouvernement n’a pris aucune décision à cet égard, préférant s’en remettre à la Providence... D’aucuns, parmi les responsables officiels, craignent ainsi qu’une réunion extraordinaire de la Ligue arabe n’aboutisse à des lieux communs en guise de résolutions, ce qui aurait pour effet d’encourager l’État hébreu à persister dans ses agressions contre le Liban. Un recours au Conseil de sécurité de l’Onu a de même été exclu de peur d’essuyer un échec se traduisant par un veto américain à toute résolution prise en faveur du Liban. Bref, le gouvernement paraît bel et bien dans une situation d’impuissance et d’incapacité totales aussi bien sur le plan interne que sur le plan externe. Est-il seulement en mesure de mobiliser la diaspora libanaise pour l’inciter à organiser des manifestations contre l’État hébreu ou pour contribuer financièrement à la réparation de l’infrastructure détruite par les raids israéliens ? Jusque-là, tout ce qu’il a pu obtenir se limite à des déclarations stigmatisant les agressions israéliennes ou à des appels à la retenue que les États-Unis ne se privent pas de lancer à tout bout de champ, toutes les fois que le Liban est victime d’attaques ennemies.
Pourquoi, au nom de la solidarité entre les deux pays, la Syrie ne vient-elle pas en aide au Liban dans son conflit avec Israël ? Si la résistance est effectivement le seul moyen de libérer les territoires occupés, qu’est-ce qui empêche Damas d’organiser, elle aussi, une résistance en vue de libérer le Golan ? À ces questions posées lors d’un débat télévisé, jeudi...