Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Extraits des Suppliantes et de Prométhée Enchaîné d'Eschyle "Errances" de Dido Lykoudis : un monodrame en grec ancien (photos)

Dans le cadre du 1er Festival international du conte et du monodrame, Dido Lykoudis présente, ce soir, à 20h30, au théâtre Monnot, Errances, un monodrame basé sur des extraits des Suppliantes et de Prométhée Enchaîné d’Eschyle. Un spectacle conçu et interprété par la comédienne grecque, musique originale d’Olivier Dejours, flûte traversière : Sylvie Pascal. Altière, épaisse chevelure de jais, profil de déesse... grecque, Dido Lykoudis s’exprime en un français parfait. D’origine grecque, elle est née à Addis-Abeba en Éthiopie. En Grèce, elle est actrice de théâtre et de cinéma, et obtient en 1984 le Prix d’interprétation féminine au Festival du cinéma méditerranéen à Bastia pour le film grec de Ianis Fafoutis Mes armes crachent des fleurs. En France, elle travaille comme comédienne et crée sa compagnie en 1985 : Le Périple de Didon. Elle adapte et met en scène plusieurs spectacles dont : Cassandre, extrait de l’Agamemnon d’Eschyle et Woyzeck de Georg Büchner au Festival de Fort-de-France. Avec Io, qu’elle crée au Festival d’Avignon dans la sélection officielle, puis au théâtre de l’Odéon, Dido Lykoudis décide d’interpréter dorénavant les textes intégralement en grec ancien. Io part pour une grande tournée : Barcelone, Parme, Osieck ( Croatie), Sofia, Addis-Abeda... Entre 1992 et 1995, Dido Lykoudis dirige des ateliers de formation théâtrale autour du grec ancien en Éthiopie, chargée de mission pour l’AFAA (Affaires étrangères). Elle a poursuivi depuis ce travail en Belgique et en France. «Dans le monodrame, l’acteur se pose une structure très précise. Le conteur, par contre, raconte des histoires qui évoluent à chaque représentation, selon le public ou selon l’inspiration du moment», note l’actrice grecque. «C’est vrai que je raconte des histoires incroyables, des mythes avec des rebondissements. Mais je ne change pas un seul mot d’Eschyle». Et d’ajouter : «Mais l’apport des émotions reste très fort dans ma représentation . Le texte d’Eschyle comporte des parties que le lecteur psalmodie. Ce sont des onomatopées, des bruits . C’est dans ce registre seulement que l’acteur peut se permettre un peu de liberté. Ces onomatopées sont porteuses d’émotions dramatiques, parfois elles expriment la vengeance, ou le désespoir....». Dido Lykoudis travaille essentiellement sur des textes d’Eschyle. «Le poète grec n’a pas écrit tellement de personnages. Donc je n’ai pas beaucoup de choix. Je préfère les personnages qui résument le mieux l’histoire du poème ou du texte. C’est le théâtre dans le théâtre, un petit tableau dans le tableau». Dans son spectacle, le décor est inexistant. Il y a par contre le costume qui est très important. «Il est vraiment travaillé, je triture le tissu. Pour ce spectacle, j’ai un maquillage qui rappelle les éléments du costume». Le costume est également chargé de symboles. «Comme ce sont des filles qui refusent le mariage, elles se réfèrent à Artémis qui est la fille de Zeus, déesse vierge. Sa couleur était le safran. Donc ces filles sont enveloppées avec des draps couleur safran. Ensuite elles arrivent avec la peau de Io, leur ancêtre». En interprétant le texte d’Eschyle en grec ancien, Dido Lykoudis a fait un choix dramatique. «Psalmodier en grec ancien pour mieux révéler la force et la beauté du poème. Narrer le destin des descendantes d’Io et chanter le périple à travers les mers». dit-elle. «Étant née en Éthiopie, j’avais deux langues maternelles : l’éthiopien et le grec. On m’a dit ensuite que pour être quelqu’un de bien il fallait apprendre le français.Pour sortir de l’horreur de l’exil et de l’humiliation d’être fille de commerçant grec en Afrique. Le français était ce qui allait me sauver, me permettre d’être quelqu’un de cultivé. Dans mon enfance, j’etais très sensible aux langues. Lorsque j’entendais des gens parler, j’avais les larmes aux yeux. Donc je me renferme dans une langue que personne ne peut comprendre qui est le grec ancien. Que même les gens cultivés ne comprennent pas. C’est pour moi le refuge d’une langue première . Mais aussi, bien sûr, une langue porteuse de belles histoires». Les extraits qui constituent le spectacle se situent au moment de l’arrivée à Argos des filles de Danaos, roi de Libye, fuyant les Égyptiades. Là, entre mer et terre, ces héroïnes, appartenant au monde confus et rebelle d’Artémis la chasseresse, demandent asile dans une langue qu’on ne connaît plus. Cette tragédie n’a rien perdu de son acuité malgré les siècles. La fuite des populations devant l’arbitraire politique, religieux ou économique continue d’être d’actualité. La tragédie grecque est si loin de nous. Elle continue, bon an mal an, de nous atteindre. «Cela fait partie de ce qu’appellerai le “miracle” des Grecs : leurs dieux sont des hommes dans leur exagération totale. Plus méchants que les hommes, plus gentils que les hommes. Cela permet aux gens de se retrouver plus facilement». Une parole dense qui interroge notre identité à travers la puissance du verbe mythique.
Dans le cadre du 1er Festival international du conte et du monodrame, Dido Lykoudis présente, ce soir, à 20h30, au théâtre Monnot, Errances, un monodrame basé sur des extraits des Suppliantes et de Prométhée Enchaîné d’Eschyle. Un spectacle conçu et interprété par la comédienne grecque, musique originale d’Olivier Dejours, flûte traversière : Sylvie Pascal. Altière, épaisse...