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Actualités - OPINION

Manque d'imagination

Il y avait quelque chose de consolant, mardi matin, dans le ciel bleu. Les raids nocturnes de l’aviation israélienne avaient détruit des installations électriques, mais n’étaient pas parvenus à infliger de dégâts à la nature. La destruction. Quel manque d’imagination. Est-ce ainsi qu’on arrête une guerre ? Est-ce ainsi qu’on dissuade l’ennemi ? Quelle pauvreté de moyens! Et quel rapport entre ces soldats tués et ces stations détruites ? La première est une perte irréparable, pas la seconde. Même la loi du talion n’a pas été respectée. Si c’était des vies humaines qu’on visait, l’objectif est manqué. Si c’est en infligeant du mal, l’objectif est dépassé. La riposte, comme on l’a déjà dit par le passé, est «disproportionnée». Mais nous sommes en présence de quelque chose de plus subtil, de plus exigeant. Il est question ici de souveraineté, de justice, de paix. C’est avec leurs moyens qu’on réglera les comptes... En se rapprochant des peuples, en leur rendant justice : la terre, en échange de la paix. Quoi de plus simple ? Mieux encore, la paix en échange de la paix. Grisés par leurs victoires, les résistants ne doivent pas oublier la compassion. Il est parfois juste de donner la mort pour une cause, surtout quand on l’accepte pour soi. Mais l’ordre de la violence ne doit être manié qu’avec une extrême prudence, de peur de voir un moyen devenir une fin, et une doctrine de combat se transformer en idéologie. Une idéologie qui aurait besoin, comme ces Molochs de l’antiquité, de sacrifices humains pour se perpétuer. Nous avons une civilisation à construire. Et si la vitalité du discours est une antidote salutaire aux cotonneux mensonges qui nous sont servis, elle n’en constitue pas pour autant une mode de vie, même si elle encourage un mode de mort. Prenons garde de l’abstrait, du politique avant tout. Gardons à l’esprit l’homme concret qui vit, meurt, aime, souffre, déteste ou rit. Prenons garde de minimiser l’impact de ce qui se produit sur la nation, qui reçoit des signaux contradictoires, tantôt en faveur de la paix, tantôt en faveur de la guerre. Phénomène familier aux psychologues, ces signaux contradictoires produisent, chez l’enfant, d’abord une instabilité, ensuite un «balancement» pathologique. L’extrapolation sur le plan collectif est tout à fait légitime. On parle alors d’un «malaise» social. Privés de points de repères fixes, au niveau de leur attente, les gens perdent espoir, surtout quand l’incertitude sur les lendemains se double d’une crise économique sévère et d’un taux de chômage élevé, comme c’est le cas. Cela peut conditionner tous les comportements. Ainsi, les gens ne peuvent plus prendre de décision, trancher. Ils commencent à avoir des envies contradictoires, notamment en ce qui concerne le séjour au Liban ou le lieu de résidence. Alors même que le Liban a besoin de toutes ses forces vives pour se relever.
Il y avait quelque chose de consolant, mardi matin, dans le ciel bleu. Les raids nocturnes de l’aviation israélienne avaient détruit des installations électriques, mais n’étaient pas parvenus à infliger de dégâts à la nature. La destruction. Quel manque d’imagination. Est-ce ainsi qu’on arrête une guerre ? Est-ce ainsi qu’on dissuade l’ennemi ? Quelle pauvreté de moyens! Et...