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Actualités - REPORTAGES

Raids israéliens - C'est le peuple qui souffre, c'est lui qui paie Le site de Jamhour entièrement calciné (photos)

Le spectacle qu’offrait la sous-station de Jamhour hier, après le raid israélien qui l’a pris pour cible dans la nuit du 7 au 8 février à l’instar de deux autres sous-stations, était d’une funeste familiarité. Transformateurs éventrés, fumée aveuglante, odeur d’huile brûlée… tout vous transportait sept mois plus tôt, après l’agression israélienne du 24 juin 1999 contre ce même site. Cette fois, heureusement, pas de victimes à déplorer à Jamhour. Onze transformateurs (dont neuf sont nouveaux) n’ont pas échappé aux roquettes. Les réparations ne coûteraient pas moins de 25 millions de dollars pour Jamhour seulement. Comme un symbole du cycle de violence dans lequel le Liban est piégé, la sous-station de Jamhour, qui alimente Beyrouth et sa banlieue ainsi qu’une bonne partie du Mont-Liban, était noire hier, tout comme celles de Baalbeck (où 18 blessés sont tombés lors des bombardements) et Deir Nbouh, à l’est de Tripoli. À la porte de la sous-station, comble de l’ironie, se trouvaient toujours quelques-uns des transformateurs qui avaient été endommagés lors du précédent raid et qui n’avaient pas encore été évacués. Un des transformateurs détruits avait été mis là il y a à peine deux jours… Les avions israéliens ont opéré d’une façon différente cette fois : au cours du premier raid, deux missiles ont été lancés sur la route qui mène à la sous-station, deux autres ont frappé la station de plein fouet et les deux derniers se sont abattus un peu plus loin. Hier, la route cahoteuse par endroits et les montagnes de débris sur les côtés témoignaient du bombardement et des efforts déployés par l’armée libanaise, peu après l’agression, pour dégager le chemin et permettre aux pompiers d’éteindre le gigantesque incendie qui s’était déclaré dans la station électrique. Tout un versant de la colline en face de la sous-station était noir et les arbres avaient été calcinés. À l’intérieur de la sous-station, une fumée très dense se dégage des transformateurs. Et encore ces mêmes fuites d’huile et cette même odeur suffocante de brûlé. Selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour, il n’existe pas de transformateurs de réserve. Il serait de même difficile d’alimenter la capitale sans passer par la sous-station de Jamhour. Le bâtiment même de la station a été très fortement touché : des trous béants dans les murs lézardés, des pans de muraille, fraîchement peints depuis la dernière reconstruction, prêts à tomber, un sol humide et jonché de débris… Apparemment, une bibliothèque se trouvant dans le bâtiment a été touchée. Des opuscules sont éparpillés un peu partout sur le sol. Des dizaines de barils contenant du mazout et placés près des transformateurs sont noirs et dilatés. Heureusement, ils n’ont pas explosé. Au moment de l’agression israélienne, un employé se trouvait sur le site et en a réchappé. Il a refusé de faire une déclaration tout comme d’ailleurs les autres employés qui se trouvaient là au moment du raid. L’équipe technique semble occupée à mettre en place des mesures de sécurité visant à empêcher que le feu ne reprenne dans les transformateurs et que les pans de murs branlants ne tombent. L’armée libanaise a commencé dès hier avant-midi à mobiliser ses équipements pour dégager les débris qui jonchent le sol des trois sous-stations endommagées. Toutefois, c’est le défilé de citoyens venus inspecter le site détruit qui est remarquable. Ils avaient tous les mêmes mines incrédules face à la répétition du spectacle désolant de la sous-station de Jamhour. «C’est déplorable», disent-ils, d’un ton révolté. L’un d’eux, qui est resté anonyme, lances : «C’est le peuple libanais qui souffre, et c’est le peuple libanais qui paie !» L’indignation et la révolte étaient au rendez-vous face à la sinistre répétition du scénario de l’agression israélienne contre l’infrastructure libanaise. Entre-temps, les citoyens attendent le verdict du rationnement qui leur sera forcément imposé, alors qu’une bonne partie du Liban est plongée dans le noir.
Le spectacle qu’offrait la sous-station de Jamhour hier, après le raid israélien qui l’a pris pour cible dans la nuit du 7 au 8 février à l’instar de deux autres sous-stations, était d’une funeste familiarité. Transformateurs éventrés, fumée aveuglante, odeur d’huile brûlée… tout vous transportait sept mois plus tôt, après l’agression israélienne du 24 juin...