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Actualités - INTERVIEWS

Interview - La riposte viendra en temps voulu, affirme à l'Orient Le Jour le député membre du bureau politique du Hezbollah Fneiche : nous contraindrons Israël à respecter l'accord

Au siège central du Hezbollah, c’est l’animation des grands jours. Les journalistes affluent par dizaines, à l’affût de la moindre réaction de la Résistance aux menaces israéliennes. Mais le commandement du Hezbollah a confié aux politiciens du parti la mission de faire des déclarations à la presse. La démarche est d’ailleurs significative : à l’heure où le Liban se réveille à peine du choc subi la veille, à cause du fait des bombardements israéliens, pour la Résistance, la parole est aux politiques, non aux hommes de terrain. Et ceux-là, même lorsqu’ils multiplient les menaces de vengeance, gardent un ton rassurant, comme s’il s’agit avant tout en cette période cruciale de ne pas faire de faux pas. Membre du bureau politique du Hezbollah, le député Mohammed Fneiche est connu pour son calme et son habileté. Aucune question ne peut le désarçonner et c’est avec patience qu’il explique la position de son parti. Selon lui, le refus israélien de respecter l’arrangement d’avril est inacceptable. «Car il signifie que les victimes peuvent désormais être des civils et qu’Israël compte par ce biais imposer ses conditions politiques. Nous ne pouvons accepter cette situation et nous utiliserons tous les moyens dont nous disposons pour contraindre Israël à respecter l’arrangement d’avril». Est-ce à dire que le Hezbollah s’apprête à utiliser les katiouchas ? «Ce sont des armes défensives que nous utiliserons lorsque les circonstances l’exigeront. Ce qui est sûr, c’est que la Résistance n’acceptera pas qu’Israël lui impose sa volonté en exerçant des pressions sur le Liban». Réponse proportionnelle à l’ampleur de l’agression Quelle sera la réponse du Hezbollah aux bombardements de lundi soir ? «Toute violation de l’accord entraîne une réponse. Et celle-ci sera proportionnelle à l’ampleur de l’agression. Il revient au commandement armé de la Résistance de choisir quand et comment répondre, mais pour nous, tous les choix sont désormais ouverts. Il est de notre devoir de protéger les citoyens, de veiller à leur sécurité au même titre que de défendre la souveraineté nationale». Le rapport de forces est toutefois déséquilibré. N’est-ce pas une bataille perdue d’avance ? «¨Pas du tout. C’est l’ennemi israélien qui assume la responsabilité de l’escalade et de l’ampleur des attaques. La Résistance se contente de se défendre et de défendre son territoire. Et ce n’est pas une bataille désespérée puisqu’elle a prouvé qu’elle pouvait faire mal à l’ennemi israélien». Mais on a l’impression d’évoluer dans un cercle vicieux. «La Résistance n’a pas violé l’accord d’avril. Ses dernières opérations se sont déroulées sur le territoire libanais, dans la bande occupée et avaient pour cible des militaires. Israël n’a donc pas le droit d’en prendre prétexte pour bombarder l’infrastructure du pays. Face à ces agressions, la Résistance se considère déliée de ses engagements et estime qu’elle a le droit d’utiliser les mêmes moyens que l’ennemi pour obliger celui-ci à respecter les accords. Sinon, cela signifierait céder à Israël, arrêter la Résistance et lui permettre d’imposer une nouvelle donne politique». Mais en définitive, c’est le Liban qui paie le prix fort et le peuple se sent parfois las... La Résistance n’est pas un instrument «Nous ne pouvons pas présenter les choses de cette manière. La logique de la Résistance est différente. Nous ne pouvons pas accepter de consacrer l’occupation de notre territoire et permettre à Israël de faire ce qu’il veut. Je crois d’ailleurs que tous les Libanais, peuple et dirigeants, sont d’accord sur cette démarche. Nous sommes tous prêts au sacrifice et la conquête de la souveraineté a un prix, surtout lorsqu’il s’agit d’affronter un ennemi aussi puissant qu’Israël». On a parfois l’impression que la Résistance est un instrument entre les mains de certaines parties régionales. Lorsque les négociations syro-israéliennes ont commencé, elle a brusquement mis un frein à ses opérations et maintenant qu’elles sont dans l’impasse, les attaques se multiplient. La coïncidence laisse perplexe. «Cette analyse ne me paraît nullement convaincante. Si vous vous en souvenez, lorsque les négociations syro-israéliennes devaient reprendre, la Résistance était accusée de vouloir y faire obstacle et même de les saboter. Aujourd’hui, selon votre analyse, elle serait accusée de vouloir faire pression afin qu’elles reprennent. C’est totalement illogique. Le rythme des opérations n’a rien à voir avec les développements politiques. Il dépend uniquement de considérations logistiques sur le terrain. Parfois, les opérations sont faciles et parfois, il faut du temps pour les préparer et étudier le terrain. Mais il n’a jamais été question d’y mettre un terme». Pourtant, lors du premier round des négociations syro-israéliennes, Israël avait bombardé une école à Arabsalim, faisant plusieurs blessés parmi les enfants et violant l’arrangement d’avril. Pourquoi la Résistance n’a-t-elle pas répondu à ce moment-là ? «La Résistance ne répond pas nécessairement à toutes les attaques. Il nous revient d’apprécier les circonstances, l’ampleur de la violation, les moyens sur le terrain etc. Mais je vous rappelle que la Résistance a mené des opérations alors que les négociations étaient en cours. Il n’ y a aucun lien entre les deux situations». La Résistance n’est donc pas un instrument entre des mains régionales ? «La Résistance est l’expression d’une volonté populaire et les opérations sont décidées par la branche militaire. Elle est maîtresse de ses décisions». L’État libanais ne peut-il lui demander de calmer le jeu ? «Je le répète, elle seule décide du rythme de ses opérations. Aucune partie officielle n’a le pouvoir de le faire à sa place». Le destin du Liban... Il existe quand même une coordination avec l’État libanais ? «Pas dans le sens militaire. Il s’agit simplement d’éviter une confrontation entre les deux rôles». Après les bombardements de la veille, les responsables officiels vous ont-ils demandé de ne pas riposter ? «Il n’y a eu aucune intervention de ce genre». Jusqu’à quand le Liban continuera-t-il à être l’unique victime de ce cercle vicieux ? «C’est Israël qui assume la responsabilité de cette situation. Il cherche par tous les moyens à déstabiliser le Liban et à détruire toutes ses tentatives de redressement et de reconstruction. La communauté internationale et particulièrement les États-unis qui appuient Israël sont tout aussi responsables car ils n’obligent pas l’ennemi à appliquer les résolutions internationales et à respecter les droits élémentaires des Libanais». Oui, mais pourquoi est-il le seul à payer ? «C’est notre destin. La question ne doit pas se poser ainsi. Le Liban n’est pas un pays en paix. Notre devoir est de résister. Si les autres ne le font pas, cela ne signifie pas que nous devons les imiter». Après les raids contre l’infrastructure libanaise, les Israéliens ont affirmé qu’il s’agissait d’un message. D’après vous que signifiait-il et à qui était-il adressé ? «Peut-être que Barak a pensé que les raids seraient un bon moyen pour pousser le Liban à accepter ses conditions ou encore pour amener la Syrie à céder. Mais je crois que, comme cela a été le cas dans le passé, ce genre de manœuvre ne réussira pas. Cet étalage de force ne nous impressionne pas et ne changera rien à nos convictions ni à notre attachement à notre droit à la Résistance».
Au siège central du Hezbollah, c’est l’animation des grands jours. Les journalistes affluent par dizaines, à l’affût de la moindre réaction de la Résistance aux menaces israéliennes. Mais le commandement du Hezbollah a confié aux politiciens du parti la mission de faire des déclarations à la presse. La démarche est d’ailleurs significative : à l’heure où le Liban...