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Actualités - OPINION

Tribune Une polémique dangereuse

Le tollé provoqué par les déclarations de l’évêque Maroun Sader lors des obsèques de Akl Hachem – le numéro deux de la milice du Liban-Sud tué au cours d’une opération menée par le Hezbollah – a suscité de nombreuses interrogations qui sont restées sans réponse. Qui donc a mené la campagne de désinformation concernant toute cette affaire pour impliquer le patriarche maronite dont les positions concernant la légitimité de la Résistance au Sud sont pourtant très bien connues, notamment de la part des principaux intéressés ? La première information est venue de la Télévision du Moyen-Orient que contrôle Antoine Lahd. Comment expliquer que les partis progressistes et l’État aient donné suite à cette information sans prendre la peine d’en vérifier la véracité ? Qui donc a organisé la campagne de dénigrement déclenchée au lendemain des obsèques de Debl ? Les innombrables organisations progressistes dont personne n’a plus entendu parler depuis de longues années ont soudainement repris de l’activité. Ce soudain réveil est-il spontané et, dans ce cas, comment expliquer sa simultanéité ? A-t-il été provoqué ? Par qui et pourquoi ? Pourquoi l’ancien ministre Hobeika, présent la veille même dans une émission qui lui était consacrée par son ancien adjoint, a-t-il jugé bon, après un silence de plusieurs mois, de reprendre du service et de donner des leçons tardives de patriotisme ? Comment expliquer la déclaration incendiaire du ministre de l’Information qui a laissé entendre que l’affaire allait être portée devant le Conseil des ministres et peut-être même devant la justice ? N’aurait-t-il pas été plus judicieux de choisir un ministre chrétien pour intervenir ? Ou bien cherche-t-on à provoquer également un problème druzo-maronite ? Pourquoi la télévision officielle a-t-elle consacrée l’essentiel de ses bulletins d’information aux «réactions indignées» de tous les groupuscules existant au Liban ? Comment expliquer le fait que la censure, si prompte à intervenir pour préserver les mœurs publiques et empêcher un opposant de donner un avis sous prétexte de ne pas troubler l’ordre public, n’est-t-elle pas intervenue ? L’unité nationale n’est-t-elle pas mise en cause par cette campagne ? Comment expliquer la retenue manifestée par le Hezbollah, qui reste le principal concerné par toute cette affaire ? Quelles que soient les critiques – légitimes ou non – qui pourraient être adressées à l’évêque de Tyr, les raisons de cette polémique sont à rechercher ailleurs. Tout d’abord dans la volonté d’affaiblir le patriarche maronite et de ternir son image auprès de l’islam libanais. En réclamant pour son pays le droit à l’existence et en fondant ce droit sur la coexistence islamo-chrétienne, le patriarche est présent dans la conscience de tous les Libanais et représente de ce fait un facteur d’union. En déclarant que les Libanais, toutes communautés confondues, peuvent s’entendre entre eux, il est un fauteur de troubles pour tous ceux qui ont intérêt à ce que ce pays ne se relève pas et demeure sous tutelle. Il faut ajouter à cela le fait que le patriarche s’apprête à effectuer une visite en Iran dont la portée est considérable pour l’avenir des relations entre l’islam et la chrétienté aussi bien au Liban que dans le reste du monde arabe. La polémique en cours vise à remettre en question cette visite de peur qu’elle ne renforce encore plus l’union entre les Libanais. Ensuite dans la volonté d’affaiblir la Résistance islamique au Sud. La polémique de ces derniers jours a pour objectif de montrer que la question de la résistance au Sud ne fait pas l’unanimité des Libanais et qu’une bonne partie d’entre eux – les chrétiens – y sont même hostiles. Or le Hezbollah – il faut le lui reconnaître – a réussi par une politique intelligente d’ouverture et de dialogue à dégager la résistance du débat interne. Les chrétiens, sensibles aux arguments et à la pratique de ce parti, ont adopté la Résistance. Ce changement qui renforce le Hezbollah est un facteur de gêne pour beaucoup. Il fallait y mettre un terme. Enfin dans la volonté de montrer que les Libanais ne sont pas prêts à s’autogérer. La maladresse de l’évêque de Tyr – qui a par ailleurs fait une mise au point – a montré dans quel climat de peur et de méfiance les Libanais, toutes communautés confondues, vivent aujourd’hui. Les événements de Denniyé avaient réveillé les vieilles peurs chrétiennes, l’incident de Debl a secoué la communauté musulmane et l’a brutalement ramenée dans un passé qu’elle avait oublié. Aujourd’hui plus que jamais, le dialogue est nécessaire. La survie du pays en dépend. «Nous devons, disait Martin Luther King, apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots».
Le tollé provoqué par les déclarations de l’évêque Maroun Sader lors des obsèques de Akl Hachem – le numéro deux de la milice du Liban-Sud tué au cours d’une opération menée par le Hezbollah – a suscité de nombreuses interrogations qui sont restées sans réponse. Qui donc a mené la campagne de désinformation concernant toute cette affaire pour impliquer le...