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Actualités - DISCOURS

Le déficit de la balance des paiements avait atteint un demi-milliard de dollars en 1998 Le gouvernement Hariri a mené le pays à la ruine, affirme le ministre des Finances

Le discours que le ministre des Finances Georges Corm a prononcé hier matin à l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de budget de l’an 2000 a, certes, porté sur les grandes lignes de la loi de finances. Mais M. Corm a surtout profité de l’occasion pour mettre en relief les aspects positifs de la politique financière du gouvernement et, surtout, pour réfuter, chiffres à l’appui, les critiques formulées par l’opposition à l’égard du gouvernement de M. Sélim Hoss. Le ministre des Finances n’a pas manqué de s’en prendre violemment au précédent gouvernement de M. Rafic Hariri à qui il a fait assumer la responsabilité de la situation difficile dans laquelle se trouvent les finances publiques. M. Corm a d’abord souligné que l’amélioration de la situation financière et monétaire a été perceptible à partir de juin 1999 à la faveur de la baisse des taux d’intérêt sur les bons du Trésor et de la baisse du taux de dollarisation des dépôts bancaires, au profit de la livre libanaise. «La série de mesures fiscales prises par le gouvernement ainsi que la politique d’austérité, s’inscrivant dans le cadre d’une vision claire de la situation des finances publiques, ont contribué à convaincre les milieux financiers du sérieux de l’action entreprise par le gouvernement», a notamment déclaré M. Corm qui a souligné que l’action menée par le Cabinet Hoss a eu pour conséquence de «surmonter la grave crise financière qui a régné au cours du précédent mandat» (présidentiel). «Cette situation de crise, a ajouté le ministre des Finances, a abouti en 1998 à un déficit historique et sans précédent de la balance des paiements, s’élevant à près d’un demi-milliard de dollars». M. Corm a affirmé sur ce plan qu’en 1999, grâce à la politique de redressement financier, le coût de la politique de stabilité monétaire et d’assainissement financier a diminué d’une manière sensible avec une normalisation de la balance des paiements, ce qui a eu pour effet de provoquer une baisse des taux d’intérêt sur les bons du Trésor. Après avoir noté que la livre libanaise demeure le moyen de paiement principal pour le versement des salaires, «en dépit de la dollarisation d’une grande partie du système bancaire», M. Corm a souligné que toute atteinte à la monnaie nationale aurait des conséquences graves sur le pouvoir d’achat d’une large frange de la population. «De ce fait, a déclaré le ministre des Finances, tous les efforts du gouvernement ont été axés, par le biais du programme de redressement financier, sur la nécessité d’éviter au pays toute secousse monétaire et financière qui serait susceptible de porter préjudice au système bancaire et au niveau de vie des Libanais». Et M. Corm de poursuivre : «Certaines voix se sont élevées, critiquant la politique de redressement financier, affirmant que celle-ci avait provoqué une récession économique et un arrêt de la croissance, et par voie de conséquence une crise sociale sans précédent. De telles allégations sont réfutées par les faits. La relance relative sur les plans de la consommation et de l’investissement (sous le Cabinet Hariri) n’a pas duré plus de trois ans et elle s’est limitée à trois facteurs transitoires, à savoir : un boom immobilier ; le lancement des chantiers de reconstruction ; et le laisser-aller au niveau des finances publiques. Une telle situation a abouti à une déstabilisation financière et monétaire. Afin de faire face à une telle situation, le gouvernement précédent a eu recours à une hausse des taux d’intérêt pour drainer, à n’importe quel prix, des capitaux de l’étranger. Le but recherché était alors de couvrir le double déficit au niveau des comptes des finances publiques et des comptes extérieurs. Cela a eu pour effet de porter préjudice au mouvement d’investissement axé essentiellement sur le secteur immobilier. La hausse des taux d’intérêt s’est donc répercutée négativement sur le mouvement d’investissement et elle a accru le service de la dette publique qui est devenue l’un des facteurs essentiels du déficit financier cumulé et de l’accroissement de la dette publique. Elle a constitué aussi une entrave au développement du secteur privé». La crise de l’immobilier M. Corm a, d’autre part, souligné que la politique du précédent gouvernement de M. Hariri a porté préjudice au secteur privé du fait que ce dernier a été contraint de supporter une partie importante du déficit public, puisque l’État n’a pas été en mesure de payer les expropriations ou les dettes dues aux entrepreneurs et aux hôpitaux. «L’une des premières initiatives prises par notre gouvernement, a précisé M. Corm, a été de reconnaître ces dettes et de coopérer avec le Parlement afin de régler ce problème. Le gouvernement a ainsi été autorisé (par la Chambre) à régler ces dettes en émettant des bons du Trésor. Cette initiative a contribué, ne fût-ce que partiellement, à stimuler une relance économique et à renforcer l’État de droit». Et d’ajouter : «Sur ce même plan, notre gouvernement a entrepris, dans le cadre du budget 1999, d’adopter une série de mesures fiscales en vue, notamment, de réactiver le marché de l’immobilier en baissant la taxe d’enregistrement des biens immobiliers pour les Libanais et les non- Libanais (…). La poursuite de la stagnation dans le secteur immobilier est due à la crise profonde qui est héritée du précédent gouvernement». Après avoir rappelé sur ce plan que l’action de Solidere est passée de 17 à 12 dollars quelques mois seulement après le lancement de l’action sur le marché, pour tomber ensuite à 10 dollars en 1998, M. Corm a relevé que les superficies de construction autorisées (par les Ordres des ingénieurs) ont chuté de 61 pour cent en 1996 par rapport à 1995, de 15 pour cent en 1997 par rapport à 1996 et de 14,6 pour cent en 1998 par rapport à 1997. M. Corm a, par ailleurs, souligné que l’amélioration de la balance commerciale en 1999, du fait de la baisse de l’importation, a permis une baisse des taux d’intérêt et une réduction du coût de la politique de stabilité monétaire. Le ministre des Finances a, en outre, souligné qu’il n’est pas vrai que la politique d’austérité constitue l’une des causes des difficultés rencontrées par le secteur commercial. «La politique d’austérité, a déclaré M. Corm, a pour but de juguler le gaspillage sans pour autant porter préjudice au niveau des salaires». Indices positifs en 1999 M. Corm a, par ailleurs, souligné que les dépenses publiques ont augmenté en 1999 de 547 milliards de livres libanaises par rapport à 1998, soit une hausse de 7 pour cent, ce qui réfute les allégations de l’opposition selon lesquelles le ministère des Finances n’a pas dépensé tous les montants prévus dans le budget afin de ne pas dépasser le déficit estimé dans la loi de finances et jugé «artificiel» par les opposants. M. Corm a stigmatisé sur ce plan l’attitude de l’opposition «qui mobilise tous ses médias et moyens d’information afin d’insinuer que les chiffres fournis par le ministère des Finances sont erronés». M. Corm a déclaré à ce propos que si les chiffres du déficit enregistré en 1999 ont été conformes aux prévisions, cela n’est nullement dû au retard mis par le ministère des Finances à débloquer les dépenses, mais plutôt à trois facteurs essentiels : l’attitude positive adoptée par la population à l’égard de la nouvelle politique fiscale du gouvernement ; les estimations prudentes concernant le déficit ; et l’augmentation des taxes douanières. Le ministre des Finances a d’autre part indiqué que la solution à la crise actuelle passe par un meilleur équilibre au niveau des comptes extérieurs et des finances publiques. M. Corm a, par ailleurs, réfuté les critiques de l’opposition qui accuse le gouvernement actuel d’être responsable de la récession qui frappe le pays. M. Corm a fait état à ce sujet d’indices positifs enregistrés au cours des onze premiers mois de 1999 : la production d’électricité a augmenté de 2,6 pour cent, en dépit des attaques israéliennes contre les sous-stations électriques ; les importations des dérivés pétroliers ont augmenté de 8,2 pour cent ; le mouvement de voyageurs s’est accru de 10 pour cent ; le nombre de sociétés industrielles nouvellement créées a augmenté de 16,4 pour cent ; les actifs bancaires ont augmenté de 11,66 pour cent ; les dépôts en LL ont augmenté de 18 pour cent ; le volume de crédits au secteur privé s’est accru de 13,9 pour cent ; les réserves de la BDL ont augmenté de 14,6 pour cent et le déficit commercial a reculé de 14,2 pour cent. Le budget 2000 M. Corm a ensuite exposé les grandes lignes du budget pour l’an 2000, soulignant notamment que la crédibilité de l’État en matière de réforme financière impose un contrôle accru des finances publiques et du déficit. Le gouvernement, a précisé M. Corm, avait ainsi prévu un déficit de 36 pour cent en l’an 2000 afin d’aller de l’avant dans le programme de redressement financier. Ce déficit estimé a toutefois été porté à 37,3 pour cent à la suite des débats au sein de la commission des Finances, plusieurs ministres, députés et institutions publiques ayant demandé des crédits supplémentaires. M. Corm a également indiqué que la taxe forfaitaire instaurée par le gouvernement constitue un des paramètres du programme de redressement financier qui a été approuvé par les organismes économiques. Le ministre des Finances a indiqué en outre que le gouvernement s’apprête à transmettre prochainement au Parlement le projet de loi sur l’instauration de la TVA. M. Corm a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’accélérer le processus de privatisation de certains services publics afin d’accroître les recettes de l’ État pour résorber la dette publique interne et réduire le service de la dette. M. Corm a fait état sur un autre plan de l’octroi de motivations fiscales au secteur privé afin de relancer l’activité économique. Le ministre des Finances a évoqué par ailleurs la détermination du gouvernement à accroître les crédits accordés aux secteurs social, de l’éducation et de la santé, sans compter l’augmentation, par rapport à 1999, des crédits alloués au Plan vert, à l’Université libanaise, à l’Institution de promotion des investissements, au Conseil national de la recherche scientifique, à l’Office national de l’emploi, au ministère de l’Éducation, au ministère des Affaires sociales et au ministère de la Santé. Au niveau des dépenses d’investissement, M. Corm a indiqué qu’elles seront accrues dans certains domaines, l’État ayant l’intention de contracter des prêts spéciaux afin d’exécuter certains projets du CDR, parallèlement au programme de retour des déplacés.
Le discours que le ministre des Finances Georges Corm a prononcé hier matin à l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de budget de l’an 2000 a, certes, porté sur les grandes lignes de la loi de finances. Mais M. Corm a surtout profité de l’occasion pour mettre en relief les aspects positifs de la politique financière du gouvernement et, surtout, pour réfuter,...