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Actualités - CHRONOLOGIE

Budget - Ouverture du débat à la Chambre Corm se révèle un redoutable débatteur

Ce ne sont certes pas les remarques parlementaires relatives au projet de loi de finances qui ont essentiellement distingué la première journée du débat budgétaire qui s’est ouvert hier, place de l’Étoile. Ce sont plutôt l’apparition – soulignée d’ailleurs par le chef du Parlement, M. Nabih Berry – du ministre des Finances, M. Georges Corm, sur la scène politique, et le retour, fortement remarqué aussi, du député Élie Hobeika, sur cette même scène. Deux grands muets ont brisé simultanément hier le silence dans lequel ils se murent depuis des mois, quoique pour des raisons différentes, lançant chacun une attaque dans une direction déterminée : Corm en direction de l’opposition et Hobeika en direction du gouvernement. Le ministre des Finances a encaissé pendant des mois les critiques violentes de l’opposition, sans réagir, se contentant d’exposer patiemment les principes de la politique qu’il suit sur le double plan financier et fiscal ainsi que les résultats qu’il escompte à travers une réforme du système fiscal et une rationalisation des dépenses. M. Hobeika a de son côté adopté un profil bas depuis l’avènement du nouveau régime et n’a à aucun moment tenté de se défendre face aux rumeurs croissantes sur une mauvaise gestion, voire même une dilapidation de fonds au sein de son département. Au cours d’une séance matinale inégale, oscillant entre une platitude affligeante et une volubilité captivante, ce sont donc les interventions de MM. Corm et Hobeika qui ont fait la différence, éclipsant presque le rapport de la commission parlementaire des Finances et du Budget, pourtant assez critique à l’égard de la politique du Cabinet Hoss. Ce que M. Corm a en définitive exprimé à travers son long discours de 16 pages, c’est son ras-le-bol. Mais dans le même temps, il a montré à la Chambre qu’il n’est pas seulement un technocrate, mais qu’il peut parfaitement prendre part au chassé-croisé entre le gouvernement et l’opposition. Bien entendu, le texte de son intervention n’est pas à confondre avec la réponse traditionnelle du gouvernement aux remarques soulevées par les députés au cours d’une séance parlementaire. Le ministre des Finances a tout simplement expliqué la finalité du projet de budget tout en répondant à ses détracteurs qui ont fait preuve d’un excès de zèle au cours des derniers jours, qualifiant les prévisions budgétaires d’irréalistes et accusant le ministre des Finances d’agir contrairement au principe de la transparence. Le rapport de M. Corm sur le budget présente une structure particulière, qui le rend plus proche d’un discours politique. Le ministre a commencé par rappeler la coordination établie entre le gouvernement et le Parlement dans le cadre de l’élaboration des politiques de réformes fiscale et financière. Question de rappeler incidemment que les mesures qu’il applique dans ce cadre ont obtenu le feu vert de la Chambre. Il a ensuite procédé à une sorte d’étude comparative de la situation du temps du mandat de M. Rafic Hariri et de celle qui prévaut actuellement sur les plans économique, financier et fiscal. Sur un ton tantôt posé, parfois sec, M. Corm a analysé chaque principe suivi par le Cabinet Hariri dans le cadre de la politique qu’il a appliquée et ses effets sur la situation économique et financière du pays. Parallèlement, il a exposé les mesures adoptées par le gouvernement Hoss pour neutraliser les effets de la politique Hariri ainsi que les résultats obtenus et les résultats encore escomptés, avant d’insister sur le fait que le gouvernement est victime d’une campagne de dénigrement en bonne et due forme. «Depuis la formation du gouvernement, le ministre des Finances est attaqué de façon inhabituelle par ceux qui avaient fait preuve d’un optimisme injustifié en évaluant les recettes du secteur de l’immobilier et qui assument aux côtés de l’ancien gouvernement la responsabilité des pertes énormes que les hommes d’affaires libanais et arabes avaient subi en investissant dans l’immobilier», a-t-il dit. «On ne peut que dénoncer les allégations de l’opposition, confortées par une importante propagande médiatique, selon lesquelles les chiffres du ministère des Finances ne sont pas corrects ni le flot monotone des questions parlementaires sur l’exactitude de ces chiffres». «Ces propos reflètent essentiellement une ignorance ou une incompréhension totale des règles de la gestion financière, en même temps qu’une obstination à faire fi de l’engagement du gouvernement au principe de la transparence». Jamais le ministre n’a tenu ce genre de discours qu’il a d’ailleurs clôturé en lançant une véritable mise en garde contre les détracteurs de sa politique. Seul M. Berry devait réagir aux propos de M. Corm: «On vient de faire connaissance avec un nouveau ministre des Finances», a-t-il déclaré, mi-étonné, mi-admiratif. M. Corm n’a toutefois pas fait allusion dans son discours aux remarques de la commission parlementaire des Finances et du Budget, qui, tout en louant les efforts menés par le gouvernement pour assainir les finances publiques, n’a pas manqué d’exprimer son scepticisme quant à la capacité du gouvernement à réaliser ses prévisions budgétaires, en notant que les recettes de 1999 étaient inférieures aux prévisions. Tous les députés qui ont pris la parole au cours de la séance matinale n’ont pas commenté le projet de loi de finances et M. Élie Hobeika en fait partie. Le député qui s’est fait particulièrement discret depuis le changement de gouvernement, en décembre dernier, s’est déchaîné contre le gouvernement, dénonçant en des termes très durs, voire même railleurs, la politique qu’il applique au niveau du secteur électrique notamment. En s’insurgeant contre le style d’action de l’équipe Hoss, M. Hobeika a dressé un véritable plaidoyer pro domo, défendant sa gestion du ministère des Ressources. Ce n’est que le soir, à la faveur d’une intervention caustique d’un des pôles de l’opposition, M. Marwan Hamadé, que le débat budgétaire commence. Le député du Chouf, qui formule une série de remarques sur le projet de loi de finances, n’hésite pas pour autant à dresser un véritable réquisitoire contre le gouvernement Hoss, sérieusement malmené hier.
Ce ne sont certes pas les remarques parlementaires relatives au projet de loi de finances qui ont essentiellement distingué la première journée du débat budgétaire qui s’est ouvert hier, place de l’Étoile. Ce sont plutôt l’apparition – soulignée d’ailleurs par le chef du Parlement, M. Nabih Berry – du ministre des Finances, M. Georges Corm, sur la scène politique,...