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Actualités - ANALYSE

Présence palestinienne - Une préoccupation majeure pour le pouvoir Les camps, une vraie bombe à retardement

La présence palestinienne constitue pour les autorités libanaises une préoccupation majeure. Au point que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, lui prête au moins autant d’importance que les résultats des négociations avec Israël. Car à ses yeux, cette question est une bombe à retardement qu’il s’agit de désamorcer. Dans ses contacts avec les dirigeants arabes ou occidentaux, le président de la République insiste beaucoup sur ce problème. Il répète inlassablement que les Libanais sont totalement braqués contre l’implantation. De son côté, loin de tout tapage médiatique, la diplomatie libanaise mène activement campagne pour la recherche d’une solution qui serait équitable pour les réfugiés palestiniens sans léser le Liban. Les efforts déployés tiennent évidemment compte des plans connus qui prévoient, grosso modo, de fixer la diaspora palestinienne là où elle se trouve. Cette idée de base est sans doute appelée à être discutée lors des pourparlers dits de la phase finale. Une hypothèse que Beyrouth tente de contrer. Objectif difficile du reste. Car toutes les autres parties sont ou bien acquises à cette formule ou complètement indifférentes. Il se rapporte ainsi que Yasser Arafat lui-même aurait proposé au président Clinton que le droit de retour ne soit pas nécessairement appliqué. Ceci à condition qu’Israël reconnaisse sa responsabilité dans les souffrances endurées par les réfugiés, ce qui sous-entend un programme déterminé d’indemnisation. Le chef de l’Autorité palestinienne aurait en outre suggéré la création d’un comité international qui s’occuperait d’indemniser les réfugiés et de s’occuper d’eux à l’avenir, les détails devant être arrêtés au cours des négociations. Pour le fond, ce plan signifie l’implantation des Palestiniens au Liban et la distribution à leur profit d’indemnités ne faisant pas la différence entre la vague de 1948 et celle de 1967. Pour la forme, les Palestiniens du Liban proclament leur propre refus de l’implantation et leur volonté de retourner dans leur terre d’origine. Mais les sondages effectués dans les camps montrent que la plupart des réfugiés estiment que le retour est impossible. De plus, la vague de 48 avoue préférer rester au Liban. Car ses membres vivent en général hors des camps et ont tissé dans ce pays des liens familiaux. Ce qui fait qu’ils sont souvent titulaires de la nationalité libanaise. Toujours est-il que l’authenticité du plan attribué à Arafat peut être mise en doute, du moment qu’il a été publié dans la presse israélienne. Mais, manœuvre israélienne ou pas, le fait reste qu’il y a toujours lieu de s’inquiéter. Car les Américains ne soutiennent pas le Liban dans cette affaire. Ils lui ont ainsi fortement déconseillé de tenter d’en discuter dans les bilatérales. Et a fortiori d’en faire une condition sine qua non pour la signature d’un éventuel accord de paix avec Israël. Washington souligne que la question est inscrite à l’ordre du jour des multilatérales – auxquelles le Liban, à l’instar de la Syrie, ne participe pas – ou qu’elle peut être débattue lors d’une conférence internationale spéciale. De leur côté, les autres Occidentaux parlent volontiers d’aide au Liban dans le domaine du développement mais éludent la question des réfugiés palestiniens. Probablement parce qu’ils savent qu’Israël ne permettra jamais le retour que le Liban demande. Le Canada pour sa part s’avance en première ligne. Bien obligé : c’est à lui que le dossier a été confié dans le cadre des multilatérales. Dans ses grandes lignes, le plan qu’il propose prévoit que le Liban garderait chez lui le tiers de ses réfugiés, c’est-à-dire quelque 100 000, les autres 200 000 devant être répartis entre des États arabes ou des continents d’immigration comme l’Océanie ou l’Amérique. L’implantation se ferait moyennant indemnisation. Du côté des bilatérales, la question est complètement ignorée. Aussi bien du reste dans les accords d’Oslo que dans le document de travail israélo-américain soumis aux Syriens à Shepherdstown. Par contre, le document de travail syrien évoque la nécessité d’une solution équitable pour les réfugiés palestiniens dont le droit de retour devrait être assuré. Ce droit est consacré depuis l’origine même dans la résolution numéro 194 prise par l’assemblée générale des Nations unies en date du 11 décembre 1948. Un texte fondamental qui dit qu’il faut «permettre aux réfugiés qui le souhaitent de regagner leurs foyers dans les meilleurs délais, pour y vivre en paix avec leurs voisins». Et d’ajouter qu’il faut aussi «indemniser, pour la perte de leurs biens du fait de la guerre, ceux qui décident de ne pas retourner». Pour certains, cette phrase signifie en réalité que l’implantation est permise et même encouragée. Alors que, pour d’autres, l’essentiel dans la résolution 194, c’est qu’elle consacre le droit de retour.
La présence palestinienne constitue pour les autorités libanaises une préoccupation majeure. Au point que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, lui prête au moins autant d’importance que les résultats des négociations avec Israël. Car à ses yeux, cette question est une bombe à retardement qu’il s’agit de désamorcer. Dans ses contacts avec les dirigeants...