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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le bras de fer entre les deux hommes se développe Hariri et Hoss se lancent à corps perdu dans la bataille électorale

On ne plaisante plus. Avant même de former leurs listes respectives, MM. Rafic Hariri et Sélim Hoss entament leur duel électoral personnel. Ils reprennent, au sein de leur communauté, la tradition des grandes rivalités bipolaires : Salam vs Karamé ou Yafi vs Salam. Le ton se fait donc passionnel. Au point que des loyalistes, plus royalistes que le roi, jugent faible, mollassonne et pour ainsi dire timorée la riposte faite par le bureau informationnel du Premier ministre aux propos peu amènes tenus à Saïda, et à son encontre, par son prédécesseur. Les ultras soutiennent que l’attaque étant la meilleure des défenses, la réponse à M. Hariri devait être beaucoup plus virulente. Ils pensent que l’on aurait dû accabler l’ancien chef du gouvernement pour sa «désastreuse gestion antérieure des affaires publiques». Et ils trouvent en substance que «M. Hoss aurait dû de suite payer de sa personne, organiser un meeting, une conférence de presse et un talk-show télévisé pour tirer à boulets rouges sur son adversaire. Il aurait pu, dans cette action, se faire accompagner par un ou plusieurs ministres. Parallèlement, le gouvernement ferait bien, en tant que tel, de publier un manifeste réfutant toutes les critiques des opposants». Pour ces zélateurs, «M. Hariri a trouvé bon de transformer une occasion culturelle, la XVIe foire du livre arabe, en tribune politique où il s’est déchaîné contre le gouvernement et contre son chef. C’est là un manque de fair-play qui autorise toutes les ripostes». Le fait est que l’ancien dirigeant n’a pas pris de gants et n’y est pas allé du dos de la cuillère, comme on dit familièrement. Il a totalement oublié ses tout récents plaidoyers, suite à l’affaire de Denniyé, pour le modérantisme. Il a tout bonnement accusé le gouvernement actuel de vivre sur sa lancée et de se condamner lui-même par son inertie, ses échecs dans tous les domaines. Ajoutant avec ironie qu’il n’est pas pressé de voir partir une équipe qui le sert si bien en se discréditant si fort. M. Hariri a affirmé qu’il s’en remet au peuple pour juger. Ce qui est bien normal en termes d’élections et de démocratie, mais que ses ennemis jugent comme étant «de la pure démagogie». Quoi qu’il en soit, même chez les adversaires du gouvernement, l’assaut furieux de M. Hariri a provoqué un effet de surprise. «Nous pensions que sur recommandation des décideurs, il avait été décidé de mettre une sourdine aux polémiques intérieures. Mais voilà que, retour de Damas, M. Hariri se déchaîne. Les choses ont peut-être changé en fonction du blocage que connaissent les négociations», indique un opposant. Pour qui il n’est dès lors «pas exclu que les jours du gouvernement Hoss soient comptés. On peut se demander en effet si le Cabinet n’a pas perdu le soutien des tuteurs». Et d’avouer que «M. Hariri, relancé à ce sujet, refuse d’en dire plus et se montre discret en répondant que ses critiques à l’adresse du gouvernement ne sont pas chose nouvelle». Du reste, répétons-le, M. Hariri a bien précisé qu’il ne demande pas le départ du gouvernement, ce qui semble signifier que l’éventualité n’est pas à l’ordre du jour chez les décideurs. Cet opposant fait ensuite écho à M. Hariri en soulignant que «M. Hoss est le champion de la dérobade devant les responsabilités. Il s’est lavé les mains des négociations, refusant d’y représenter éventuellement le Liban, bien qu’il soit aussi ministre des Affaires étrangères. Il a adopté un profil bas par rapport à l’affaire de Denniyé, ne réunissant le Conseil des ministres que trois jours pleins après les affrontements. Il a lancé ensuite, comme poudre aux yeux et thème de diversion, sa thèse sur la déconfessionnalisation politique. Il a fait recalquer les budgets antérieurs de l’État. En bref, il est vraiment l’as de la fuite en avant. S’il reste en place, c’est grâce à l’appui de Baabda, qui trouve écho chez les décideurs qui respectent le choix présidentiel». Bien entendu, les proches de M. Hoss répondent en relevant que «les remarques des opposants sont plutôt des attaques que des critiques fondées. Le lourd héritage laissé par la troïka et par la gestion Hariri nécessite plusieurs années pour être réparé. C’est bien pourquoi le gouvernement a prévu un plan quinquennal pour l’assainissement des finances publiques et la réduction, à des proportions raisonnables, du déficit budgétaire comme de la dette publique. Les haririens sont les derniers à pouvoir nous faire la leçon, eux qui ont mené le pays au bord de la ruine». Cela aussi, on le constate, est une attaque plutôt qu’une critique motivée. Les deux camps sont donc en pleine empoignade : la bataille électorale à Beyrouth, dont MM. Hariri et Hoss se disputent le leadership, risque d’être chaude. Et l’escalade pourrait commencer dès aujourd’hui, à l’occasion débat sur le budget place de l’Étoile.
On ne plaisante plus. Avant même de former leurs listes respectives, MM. Rafic Hariri et Sélim Hoss entament leur duel électoral personnel. Ils reprennent, au sein de leur communauté, la tradition des grandes rivalités bipolaires : Salam vs Karamé ou Yafi vs Salam. Le ton se fait donc passionnel. Au point que des loyalistes, plus royalistes que le roi, jugent faible, mollassonne...