La Résistance croyante menace de kidnapper des israéliens

Un groupuscule chiite a menacé de kidnapper «certains Israéliens» pour les échanger contre son chef, Moustapha Dirani, enlevé par Israël en 1994 dans le but déclaré d’obtenir des informations sur son aviateur capturé au Liban, Ron Arad. «Nous déployons de sérieux efforts pour enlever certains Israéliens afin de les échanger contre Moustapha Dirani», a affirmé, sans autre précision, un dirigeant de la Résistance croyante, cheikh Adib Haïdar, dans une déclaration au quotidien an-Nahar. «Pour obtenir la libération de Dirani, la Résistance croyante ne parie pas sur la carte Ron Arad car il n’est pas entre ses mains», a ajouté Adib Haïdar, dont la formation revendique rarement des attaques contre la zone occupée par Israël au Liban-Sud. Dirani avait été enlevé par un commando héliporté israélien à son domicile à Qsarnaba, dans la Békaa. Dirani dirigeait la Résistance croyante, née d’une scission pro-iranienne en 1987 du mouvement Amal, au sein duquel il occupait la fonction de chef du «service central de sécurité». Le chef d’Amal, l’actuel président du Parlement Nabih Berry, l’avait alors accusé d’avoir emmené avec lui l’aviateur israélien, capturé en 1986 après la chute de son avion qui bombardait le Liban-Sud, et de l’avoir livré à l’Iran ou à son allié au Liban, le Hezbollah, ce que tous deux avaient démenti. «La Résistance croyante est prête à participer à toute enquête sur le sort de Ron Arad, qui soit supervisée par le Hezbollah ou par toute autre partie islamique», a déclaré M. Haïdar. Dans une déclaration à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel publiée lundi, le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, avait affirmé que son parti a commencé à rechercher Ron Arad. «Nous concentrons tous nos efforts pour savoir s’il est encore vivant ou s’il est mort. S’il est mort, nous ferons tout pour savoir où il est enterré», a-t-il dit. Déjà, le 18 décembre, il avait déclaré que son parti n’avait «pas perdu espoir» de retrouver sa trace. «La Résistance croyante souhaite qu’Arad soit toujours en vie dans l’intérêt des innocents qui endurent les pires souffrances dans les prisons de l’ennemi israélien», a souligné cheikh Adib Haïdar. Selon lui, l’affaire Ron Arad est un «mystère troublant». «Nous ne savons pas s’il est mort ou vivant, il a disparu dans des circonstances obscures», a-t-il dit. Cheikh Haïdar reprend à cet égard la thèse soutenue à plusieurs reprises par le Hezbollah. «Après avoir été transféré de la banlieue sud, Arad était détenu dans une maison de la Békaa. L’attention de ses gardiens a été détournée en raison de violents affrontements entre la Résistance et l’ennemi israélien dans le secteur et, à leur retour, ils ne l’ont pas retrouvé», a-t-il indiqué. Fin décembre, le Premier ministre israélien Ehud Barak avait tenté de conclure un arrangement avec Damas et Beyrouth pour obtenir du Hezbollah des renseignements sur le sort de Ron Arad.