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Actualités - OPINION

Opinion Zalka-les-Bains

Il pleut beaucoup. Dans la voiture, les essuie-glaces essuient correctement, le désembuage fonctionne et la radio débite sa pub habituelle. On traverse la ville solitaire. Des bouches d’égout bien placées avalent les trombes d’eau. Tout marche à la perfection, conduire est un plaisir. Arrivés en face de l’EDL, surprise, un lac s’étale en lieu et place de la chaussée ; on passe prudemment. À Dora, un autre plus profond surgit ; on passe au ralenti. À Nahr el-Mott, les éléments sont déchaînés, mais on passe quand même. À Zalka, on ne passe plus. À l’arrêt, de la fenêtre, on voit un filet d’eau boueuse qui se répand sur l’asphalte, insidieusement, avec ses brindilles et ses sacs en plastique. Il grossit à vue d’œil, devient rivière, torrent, rapide du Colorado. Des planches de chantier, des pneus et des cageots courent en direction d’Antélias, secoués par les vaguelettes. La situation devient critique. Un policier, l’eau jusqu’à la ceinture, engueule tout le monde, sans résultat. Des automobilistes se dégagent par les toits ouvrant et les fenêtres. Des jeunes filles, le portable collé à l’oreille, repoussent le torrent avec la portière et s’échappent en riant. On voit des voitures qui dérivent lentement, d’autres qui prennent la posture du Titanic quelques instants avant qu’il ne coule corps et biens. Enfin, des bulldozers se mettent à démolir le muret séparant le canal de Zalka de la voie ouest encore sèche, allant et venant, avec dans le baquet leur cargaison de naufragés. Des badauds attirés par le spectacle se déplacent telles des araignées en s’accrochant aux stores grillagés des magasins. Bref, c’est le déluge. Mais des voitures sont quand même passées, on ne sait pas comment. Alors Messieurs les importateurs de véhicules neufs, si dans vos brochures des derniers modèles il n’y a pas la mention : «Toutes options y compris radiocassette sonar, hélice et périscope escamotables», s’il vous plaît n’insistez pas, on n’est pas acheteur. Pressez-vous, peut-être que d’ici là, les usagers de la route que nous sommes tous pourront apprécier un drainage des autoroutes un peu plus efficace. N’oubliez pas, on est en l’an deux mille.
Il pleut beaucoup. Dans la voiture, les essuie-glaces essuient correctement, le désembuage fonctionne et la radio débite sa pub habituelle. On traverse la ville solitaire. Des bouches d’égout bien placées avalent les trombes d’eau. Tout marche à la perfection, conduire est un plaisir. Arrivés en face de l’EDL, surprise, un lac s’étale en lieu et place de la chaussée ;...