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Actualités - ANALYSE

Confessionnalisme politique - Un coup d'eepée dans l'eau L'appel de Hoss à l'abolition ne fait pas recette

Vox clamantis in deserto… L’appel du président Sélim Hoss à l’abolition du confessionnalisme politique, ou plus exactement à son «dépassement» pour employer ses propres termes, n’a suscité aucun écho. La recette, en ces temps de précampagne électorale, en a fait même sourire plus d’un, sinon par sa naïveté du moins par son inopportunité. Une réaction assez logique. Car si l’on a attendu plus de dix ans pour mettre sur pied le comité national abolitionniste que M. Hoss souhaite voir se former de suite, on peut bien laisser la législature actuelle vivre ses derniers mois tranquilles. En laissant à la Chambre prochaine la responsabilité d’une telle initiative qui doit engager le pays politique dans une voie différente de tout ce qu’il a connu depuis sa création. D’autant que les exégètes se posent sérieusement la question : peut-on, dans l’esprit même de Taëf, passer à la déconfessionnalisation du système avant d’avoir réalisé l’entente nationale, restée lettre morte jusqu’à présent ? Ne serait-ce pas mettre la charrue devant les bœufs et vouer à l’échec cette tentative de réforme en profondeur ? En tout cas, comme le souligne M. Hoss lui-même, la déconfessionnalisation est une œuvre de très longue haleine qui doit se faire par lentes étapes, en commençant par éduquer les jeunes générations, vu qu’avant de modifier les textes, c’est toute une mentalité qu’il faut changer. Dès lors, la plupart des membres du Cabinet eux-mêmes estiment que dans la phase régionale négociatoire actuelle, cruciale pour le pays, et à l’approche des législatives, on peut sans préjudice laisser de côté le thème, certes important mais litigieux, du confessionnalisme politique. Les opposants pour leur part accusent M. Hoss de peaufiner «l’art de la fuite en avant dont il est un maître incontesté». Ils soutiennent que c’est pour détourner les regards, et les flèches, de la passivité gouvernementale dans l’affaire de Denniyé que le président du Conseil a choisi de lancer en pâture à l’opinion un nouveau sujet de controverse. «Une opération de diversion qui est loin d’être malhabile», juge un tacticien, pour qui «M. Hoss se repositionne, en parlant de déconfessionnalisation, par rapport à un électorat qui d’une manière générale n’apprécie pas les tensions intercommunautaires. Le chef du gouvernement se présente en effet en homme de l’avenir puisqu’en principe, c’est vers la laïcité de l’État que le pays doit s’acheminer s’il veut se moderniser». Le hic, comme le relève pour sa part un technicien de la communication, «c’est que le terrain n’était pas bien préparé du côté de l’opinion. Les gens ont généralement vu dans les déclarations de M. Hoss une sorte de cheveu dans la soupe. Une attitude en complète rupture avec leurs préoccupations du moment. En effet, après les événements de Denniyé, on ne peut que le constater, les Libanais ont eu peur. Pour les rassurer, il fallait leur parler de sécurité. Et ensuite, pour faire oublier la psychose, se rabattre sur les soucis permanents de la population, c’est-à-dire sur la situation socio-économique. M. Hoss, dont l’équipe est sur le départ, aurait pu dans ce domaine faire toutes les promesses que l’on veut. Les Libanais auraient peut-être été sceptiques mais ils l’auraient écouté avec intérêt, sans se dire que ce dirigeant est totalement hors sujet». Et d’ajouter que «l’erreur d’aiguillage est d’autant plus flagrante que les membres du gouvernement eux-mêmes n’ont pas été consultés, alors que l’option traitée nécessite un large consensus national. L’effet de surprise a donc été négatif». De son côté, une source, pourtant ministérielle, soutient sous couvert de l’anonymat (pour «respecter le principe de la cohésion gouvernementale») que «M. Hoss va à contre-courant de la politique même du Cabinet. En effet, les décisions consacrent le confessionnalisme politique au lieu de le combattre». «Ainsi, rappelle ce ministre, le Conseil des ministres a toujours autorisé, quand on le lui demandait, la création d’universités et d’écoles relevant des communautés. Il en va de même pour des licences accordées à de nouveaux médias de l’audiovisuel. De même dans l’Administration, l’on a conforté, pour complaire à des leaders déterminés, le partage confessionnel des postes-clés au lieu de mettre le principe de rotation en pratique». Allant encore plus loin, un opposant de l’Est relève pour sa part que «le découpage électoral décidé par le pouvoir représente le summum de la provocation confessionnaliste. Comment peut-on rattacher Bécharré au Akkar et Jezzine à Nabatyeh ? C’est toujours la même discrimination, appliquée avec des raffinements nouveaux».
Vox clamantis in deserto… L’appel du président Sélim Hoss à l’abolition du confessionnalisme politique, ou plus exactement à son «dépassement» pour employer ses propres termes, n’a suscité aucun écho. La recette, en ces temps de précampagne électorale, en a fait même sourire plus d’un, sinon par sa naïveté du moins par son inopportunité. Une réaction assez...