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Actualités - ANALYSE

Denniyé - Les retombées se diversifient Les médias dans le collimateur de certains politiciens

Certains professionnels de la politique semblent tomber dans le travers qu’ils reprochent au gouvernement, accusé de fuite en avant dans l’affaire de Denniyé. Ces politiciens, qui n’ont pas non plus beaucoup brillé par leurs actions ou leurs réactions lors des événements, adoptant pour commencer une prudente attitude de repli, se déchaînent maintenant contre les médias. Ils les accusent en substance d’avoir «trop dramatisé les choses, à des fins commerciales de sensationnalisme». Une critique absurde ou même révoltante, si l’on considère le nombre effroyable de victimes que les séditieux intégristes, dont 50 ont été tués lors des combats, ont fauchées. Ou la gravité du danger qu’un tel assaut contre l’État peut représenter dans un pays encore convalescent. D’autres remarques des politiciens qui en veulent au monde de l’information peuvent cependant donner lieu à débat sérieux. Ces observations portent en effet sur la lecture que l’on peut faire des événements. À leur avis, les télés, les radios et la presse se sont focalisées sur des points sensibles, au risque d’attiser les braises confessionnelles qui couvent encore sous la cendre dans le Liban de l’après-Taëf. C’est un point de vue qui se discute. Et qu’on peut mieux comprendre, du reste, quand il se trouve développé par des notabilités nordistes, que les incidents de Denniyé alarment plus particulièrement. Ce qui les conduit à tenter de se faire rassurants au maximum en s’adressant à la population de la région. Ils soutiennent ainsi dans leurs déclarations que l’affaire se circonscrit à un groupe qui «ne comprenait qu’une cinquantaine d’éléments». Les chiffres publiés, sur foi d’indications tout à fait officielles et de témoignages recueillis sur place, s’inscrivent pour leur part dans une fourchette de 150–200 mercenaires, plus quelques dizaines de jeunes auxiliaires recrutés localement. L’argument le plus valable sans doute des politiciens du Nord reste que même dans la mouvance fondamentaliste, le groupe al-Takfir Wal Hijra représentait une déviation «insensée» condamnée pour sa volonté d’agresser le pays et la loi. Ce rejet, les prises de position tout à fait claires de groupements légalistes comme la Jamaa islamiya, relativement bien implantée au Nord, en font foi. Il reste que pour le fond, contrairement à ce que les politiciens en question tentent de faire accroire, la rébellion n’était pas un coup de tête provoqué par des impulsions religieuses, mais bien une opération planifiée au dehors, pour déstabiliser le Liban au moment où il s’apprête à faire son entrée dans les négociations. Et pour faire pression, dans ce même contexte, sur la Syrie. Les activistes disposaient d’une infrastructure, d’une logistique et d’un armement lourds qu’ils n’ont pu se procurer par leurs propres moyens. Et dont ils n’auraient eu aucun besoin s’ils voulaient simplement développer un apostolat à caractère religieux. Très visiblement et ils n’y ont d’ailleurs pas manqué, leur mission était d’organiser des attaques, des embuscades, des troubles sécuritaires graves. C’est d’ailleurs à la suite d’une série d’attentats aux explosifs dans des lieux de culte qu’ils ont été détectés, puis traqués. Il est donc difficile de classer ce groupe et les incidents qu’il a causés dans la catégorie «vent de folie accidentel», comme tentent de le faire les politiciens en accusant les médias d’«exagération». Cette «démence occasionnelle» a semé la terreur au Nord et plongé le pays tout entier dans une psychose de guerre ou presque. À ce propos, il faut souligner que si l’on peut reprocher quelque chose à l’information libanaise en général, ce n’est pas d’avoir trop gonflé les événements de Denniyé mais au contraire de n’avoir pas assez parlé des signes avant-coureurs. C’est-à-dire de la multitude d’attentats aux explosifs commis auparavant par le même groupe. Les médias ont sans doute voulu alors ne pas trop inquiéter la population. Une retenue d’autant plus compréhensible qu’on n’avait pas encore identifié la partie coupable. Ni établi un rapprochement avec le massacre des quatre magistrats de Saïda, imputé également à des intégristes non-libanais.
Certains professionnels de la politique semblent tomber dans le travers qu’ils reprochent au gouvernement, accusé de fuite en avant dans l’affaire de Denniyé. Ces politiciens, qui n’ont pas non plus beaucoup brillé par leurs actions ou leurs réactions lors des événements, adoptant pour commencer une prudente attitude de repli, se déchaînent maintenant contre les médias....