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Actualités - ANALYSE

Vie politique - La controverse rebondit Le sort du Cabinet de nouveau sur la sellette

Après avoir laissé le gouvernement relativement tranquille pendant deux ou trois mois, l’opposition en exige de nouveau le départ, de préférence rapproché. En marge de cette lutte, des spécialistes du domaine public se posent la question : un Cabinet d’entente nationale, oui mais quand ? Dès à présent, pour prendre les négociations en charge ? Ou plus tard, après la paix ? Les avis sont, bien entendu, partagés. Certains pensent qu’il faut, pour honorer vraiment l’éventuelle signature du Liban au bas d’un traité de paix, une équipe pleinement représentative des diverses composantes du pays. Ce qui préserverait la scène intérieure de toute surenchère ultérieure de rejet, toutes les parties libanaises, sans exception, assumant de conserve la responsabilité de l’engagement pris. De plus, ajoutent les tenants de cette formule, un gouvernement vraiment représentatif serait assez fort pour veiller à ce que la paix ne se fasse pas aux dépens du Liban. Et pour redonner à ce pays son indépendance, sa souveraineté, son autonomie de décision, en étendant l’autorité de l’État libanais à toutes les régions, par le truchement de ses seules forces régulières. Sans plus recourir au concours de troupes étrangères, fraternelles ou amies, comme l’armée syrienne ou la Finul. Dans le même esprit nationaliste, ces sources soulignent que le concept de jumelage ne doit pas gommer le rôle du Liban dans les négociations, car son volet propre comprend bien évidemment des questions que l’on ne retrouve pas dans le dossier syrien et vice versa. Ainsi, nul ne l’ignore, la 425 qui concerne le Sud n’a absolument aucun rapport avec la 242 qui régit le cas du Golan. Des disparités peuvent apparaître également sur des problèmes comme le partage des eaux et les relations économiques futures avec l’État hébreu, le régime libanais étant dans ce domaine fondamentalement différent du système syrien. Cette fraction répète que, mû en toute priorité par l’intérêt bien compris de ce pays, un gouvernement d’entente nationale, crédible, fiable, fort, soutenu par le peuple tout entier, peut seul négocier valablement avec Israël. Tout en respectant le principe de jumelage, sans concéder à quiconque le droit de traiter à la place du Liban. De l’avis de ces personnalités, le Cabinet actuel n’a pas l’envergure nécessaire pour diriger vraiment les opérations sur le front diplomatique, si important en cette période, ni pour prendre les initiatives que requiert l’intérêt national. Pour ces professionnels, les technocrates en place n’ont pas assez d’assiette populaire pour faire admettre la paix sans problème par la majorité des Libanais. Et d’affirmer que, même dans le champ présumé de leur spécialisation, le domaine socio-économique, les 16 ont échoué. Pour conclure, ces opposants citent Ghassan Tuéni qui écrit : «Pour que perdure le Liban, pour que la paix soit vraiment sienne – non celle d’autrui sur son sol et à ses dépens –, il est impératif que le pays tout entier assume la réponse. De toute la vigueur de ses forces vives, de toute sa jeunesse, qui vibre aux aspirations, aux respirations, de la patrie. Comme de tout l’engagement des gardiens de la république, de sa raison, du patrimoine libanais en somme. Et des libertés». L’autre son de cloche Mais d’autres députés, politiciens ou observateurs pensent qu’il faut attendre les élections. Une échéance après laquelle le Cabinet est en tout cas tenu constitutionnellement de rendre son tablier. La conclusion anticipée d’une paix régionale, admettent les défenseurs de cette thèse, pourrait provoquer la formation d’un nouveau gouvernement. Mais ils estiment que cette éventualité, qui impliquerait par ses défis la mise en place d’un Cabinet politiquement fort d’union nationale, est peu probable. Ils affirment qu’en cas de paix, le Liban serait confronté à une sorte d’invasion économique et technologique israélienne qu’un gouvernement devrait être capable de contrer, tout en veillant à ce que les conditions de l’accord conclu soient bien exécutées. Notamment au niveau des étapes du retrait ou à celui du dispositif de sécurité frontalière, afin qu’il n’y ait plus d’attaques susceptibles de faire voler la paix en éclats. En d’autres termes, selon ces sources, le gouvernement devrait alors s’entendre avec la Résistance et avec le Hezbollah pour qu’ils cessent leurs opérations après la libération, en prenant soin de ne laisser au Liban d’armes qu’entre les mains des forces régulières. Ce qui signifie bien évidemment qu’il faudra mettre au pas et désarmer les camps palestiniens qui ne resteraient plus des îlots d’insécurité dans ce pays. Tout cela, ajoutent ces sources, nécessite une position nationale unifiée autour d’un gouvernement d’entente capable de prendre des décisions difficiles. Mais pour ces analystes, rien ne presse. À leur avis, le gouvernement actuel peut aussi bien qu’un autre mener les négociations, du simple fait que le cadre et les objectifs sont bien établis. De plus, ajoutent-ils, il est connu que le Liban ne peut négocier et a fortiori conclure un accord avec Israël avant que la Syrie l’ait fait. Ils relèvent, sans fausse honte mais avec réalisme, que le Liban ne peut admettre chez lui, par exemple, aucun dispositif de sécurité que la Syrie n’aurait pas préalablement approuvé. De même, à leur avis, aucun gouvernement libanais ne peut se mettre d’accord avec les Israéliens sur un plan de retrait par étapes du Sud comme de la Békaa-Ouest tant que les Syriens n’ont pas donné leur feu vert après avoir obtenu ce qu’ils voulaient au Golan. Et ainsi de suite : il est évident, rappellent ces sources, qu’aucun gouvernement libanais ne peut réfréner la Résistance sans le soutien de la Syrie. Pour conclure, ces sources relèvent que le chef de l’État lui-même ne semble pas penser qu’il faut un gouvernement différent de l’actuel pour négocier puisqu’il déconseille formellement pour sa part toute précipitation dans ce domaine, en recommandant, comme il l’a déclaré devant une délégation de l’U.E., «le degré le plus élevé de coordination avec la Syrie qui teste les intentions israéliennes, qui donnent encore l’impression de rester équivoques».
Après avoir laissé le gouvernement relativement tranquille pendant deux ou trois mois, l’opposition en exige de nouveau le départ, de préférence rapproché. En marge de cette lutte, des spécialistes du domaine public se posent la question : un Cabinet d’entente nationale, oui mais quand ? Dès à présent, pour prendre les négociations en charge ? Ou plus tard, après la...