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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - L'espoir reprend avec le forcing américain Beyrouth reste réservé au sujet des multilatérales

Le président William Clinton dit Bill n’est sans doute pas astrologue. Mais il a l’air de bien savoir ce que plan de carrière veut dire. Au crépuscule de sa présidence, il tente de mettre tous les atouts de son côté. Afin d’être le premier à retrouver la Maison-Blanche après un intervalle. Il n’a en effet que 53 ans d’âge. Même si son successeur devait faire deux mandats de suite, il pourrait ensuite être candidat. Il n’aurait alors que 61 ans. Et terminerait un éventuel nouveau parcours de deux mandats, à l’âge de 69 ans, plus jeune que Reagan lors de son départ. Cet exploit, M. Clinton met tout en œuvre pour l’accomplir. Certes, l’essentiel en termes de popularité aux USA, c’est le baromètre de l’économie. Et l’actuelle présidence a la chance d’avoir coïncidé avec un boom sans précédent aux States. Mais les autres atouts, dont le prestige international, comptent aussi. Et de plus, M. Clinton entrerait aussi sûrement dans l’histoire, s’il réalisait la paix entre les Arabes et Israël, qu’il est déjà entré dans la petite histoire à cause de ses frasques dans le bureau ovale. Il n’est donc pas étonnant qu’à Shepherdstown il ait sauvé la mise à une Madeleine Albright plutôt décevante, en intervenant en force et en personne, pour éviter le gigantesque fiasco vers lequel on s’acheminait. Avec son document de travail, M. Clinton a obtenu que le processus ne meure pas et puisse reprendre dans une petite semaine. Parallèlement, une semaine plus tard à peu près, les multilatérales sont appelées à se tenir à Moscou. Cette tranche de négociations prévue lors de la conférence fondatrice de Madrid en 1991 porte sur des questions concernant la région tout entière : le partage des eaux, l’environnement, les réfugiés, le désarmement et la coopération économique. Dès lors, ces pourparlers ne se limitent pas aux parties directement en conflit et des invitations ont donc été adressées à l’ensemble des nations de la contrée. Cependant la Syrie et le Liban refusent d’y participer tant que des progrès substantiels n’ont pas été réalisés au niveau des bilatérales. Il n’en reste pas moins que les représentants des deux parrains officiels du processus, les États-Unis et la Russie, à savoir l’ambassadeur David Satterfield et le chargé d’affaires André Poliakov, ont transmis une invitation officielle au palais Bustros où ils se sont rendus de concert. Le diplomate américain a cru devoir indiquer à cette occasion, pour tenter de lever les préventions libanaises, que le simple fait de relancer les multilatérales signifie qu’un progrès a été réalisé dans les bilatérales. Ajoutant, pour faire bonne mesure, que les pays concernés ont tout intérêt à participer à ces multilatérales dont les thèmes sont fondamentaux pour l’avenir. Mais ces chants de sirènes n’ont pas vraiment convaincu les Libanais. D’autant que, pour tout dire, on a l’impression dans les cercles diplomatiques que les pourparlers de Moscou ne sont qu’un lot de consolation accordé par les Américains aux Russes ulcérés d’avoir été laissés de côté pour le redémarrage des bilatérales. Donc le Liban a confirmé, à l’instar de la Syrie, ce qui n’étonnera personne, qu’il reste réservé à l’égard de ces multilatérales, pour importantes qu’elles soient. Les deux pays alliés estiment en effet qu’en bonne logique parler de problèmes généraux avant d’avoir résolu le conflit principal c’est mettre la charrue devant les bœufs. Et c’est prendre le risque de s’embourber dans des traités, des accords déterminés qui avantageraient Israël sans avoir encore rien obtenu de cet État. Sur le plan de la conjecture, la position du Liban se justifie encore mieux que celle de la Syrie, du moment qu’il n’a même pas encore repris les bilatérales pour sa part. Et qu’on ne saurait dès lors lui dire qu’il y a eu assez de progrès réalisés sur ce plan pour qu’il renonce à son boycott des multilatérales. De plus, Beyrouth subit un peu la douche froide au sujet de son entrée en jeu dans les pourparlers. Après lui avoir en effet laissé entendre qu’il y serait invité dès la première quinzaine du nouveau millénaire, on lui fait maintenant comprendre qu’il lui faudra encore attendre sine die. Des sources informées indiquent en effet que les Américains et les Israéliens envisagent désormais de surmonter d’abord les difficultés concernant le volet syrien. Ces sources ajoutent qu’en tout cas, les Libanais ne seraient pas invités avant que les Israéliens aient d’abord soulevé le cas libanais dans son ensemble avec les Syriens. Surtout parce que Tel-Aviv veut que Damas garantisse en pratique une neutralisation potentielle du Hezbollah. Une question délicate car elle met en jeu, comme on sait, une constante syrienne : l’alliance avec l’Iran. Les mêmes sources concluent en indiquant que selon toute probabilité le Liban ne serait invité à table qu’après la publication éventuelle d’une déclaration commune d’intentions pacifiques syro-israélienne. Une procédure adoptée naguère dans les volets palestinien et jordanien. Et que Damas, échaudé par ces mêmes précédents, pourrait refuser d’adopter. Quoi qu’il en soit, le jour où une délégation libanaise pourra s’envoler pour les States, elle sera porteuse des dossiers suivants : les mécanismes du retrait israélien ; le partage des eaux ; le retour des réfugiés palestiniens ; la libération des Libanais détenus par Israël ou ses suppôts ; la récupération des fermes de Chebaa comme des sept villages libanais enclavés en Galilée et, enfin, la sécurité frontalière.
Le président William Clinton dit Bill n’est sans doute pas astrologue. Mais il a l’air de bien savoir ce que plan de carrière veut dire. Au crépuscule de sa présidence, il tente de mettre tous les atouts de son côté. Afin d’être le premier à retrouver la Maison-Blanche après un intervalle. Il n’a en effet que 53 ans d’âge. Même si son successeur devait faire deux...