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Actualités - ANALYSE

L'implantation en filigrane

On ne sait pas trop où ils prennent cela, mais les politiciens d’ici crient en chœur à un complot visant à provoquer au Liban une nouvelle guerre de religion. S’il est vrai que des extrémistes islamistes sont impliqués au plus haut point dans les derniers incidents, il n’est pas pour autant établi que leur objectif fût de nature sectaire. Ils ont en effet attaqué l’autorité, l’État, plutôt qu’une autre croyance que la leur. C’est certes déjà très grave. Mais enfin il est évident que les agissements des éléments armés de Denniyé ou du mahjaniste palestinien de Mazraa, loin de provoquer des troubles confessionnels, ne pouvaient que dresser contre eux l’ensemble de la population, toutes communautés confondues. Et c’est bien ce qui s’est passé, les islamistes sunnites montant les premiers en ligne pour dénoncer la dérive dangereuse des maquisards de Denniyé ou du kamikaze de Mazraa. Mais il n’en reste pas moins exact que pendant quelques heures, le Liban a instinctivement ressenti une remontée générale de la psychose de guerre, tant les actes de violence venaient aviver le souvenir des heures noires. C’est donc par une association naturelle d’idées que les politiciens ont tendance à parler de machination à caractère confessionnel. Ils ne se trompent pas, par contre, quand ils avancent que toutes les récentes péripéties sont liées et ont été, selon toute vraisemblance, orchestrées pour déstabiliser ce pays encore fragile au moment où il va aborder le tournant crucial des négociations. Ceci, selon les analyses concordantes des professionnels, pour susciter des divisions intérieures qui entre autres cadeaux funestes faciliteraient l’implantation des réfugiés palestiniens. D’où un fort soupçon de collusion israélo-arafatiste. On sait en effet que les Israéliens et l’Autorité palestinienne sont tacitement d’accord pour que la diaspora reste loin d’eux. En privé, certains arafatistes parlent même du «droit de non-retour». Et on se souvient que dès 1982, malgré les vives protestations du Liban, Abou Ammar avait décroché au sommet arabe de Fes une résolution promettant d’indemniser grassement les Palestiniens qui choisiraient de ne pas retourner en Palestine. Une prime ouverte à l’implantation. Au cours d’une réunion d’échange de vues entre loyalistes et opposants, des politiciens locaux sont parvenus à la conclusion commune qu’il y a complot contre ce pays. À les en croire, «si l’on ne veut pas remonter à l’assassinat du cheikh habachi Halabi, on peut considérer que le massacre de Saïda dont ont été victimes en juin dernier quatre magistrats libanais a constitué le coup d’envoi de cette conspiration. Les déclarations hostiles au Liban se sont ensuite succédé. Arafat a poussé l’audace jusqu’à nous adresser une mise en garde contre la prise de contrôle des camps. Tout a été fait pour empoisonner le climat intérieur. Les provocations ont pris la forme d’attaques terroristes contre les lieux de culte, au Nord, dans la Békaa, à Beyrouth et dans sa banlieue. On a cherché à tout prix à susciter des conflits confessionnels. Mais, heureusement, les Libanais ne se laissent plus prendre à de tels pièges. Finalement, on s’est résolu à utiliser les mercenaires du Takfir et Hijra ainsi que les affidés d’Abou Mahjane pour déclencher des opérations à Denniyé et à Mazraa. Dans le but, notamment, de porter atteinte à l’image extérieure du pays comme du nouveau pouvoir. Il s’agissait de montrer qu’il était incapable de contrôler la situation. Mais les comploteurs, qui ont été jusqu’à sacrifier une pauvre religieuse âgée, ont subi un revers total. Les forces de l’ordre sont venues à bout des pseudorebelles de Denniyé, du forcené de Mazraa et l’opinion, toutes communautés confondues, a réagi avec une horreur unanime à l’assassinat de la religieuse comme aux morts innocentes provoquées par les fauteurs de troubles. Le complot a donc échoué. Mais il faut prendre garde maintenant à la guerre psychologique des rumeurs et à la poursuite des provocations, comme la roquette tirée sur une position de l’armée à proximité du camp de Aïn el-Héloué. Dans ce cadre, concluent ces politiciens, les services qualifiés concernés par le renseignement doivent maintenant s’efforcer de rattraper les lacunes dont ils ont fait preuve». Dans ce contexte, un cadre technique assure que «les camps, qui s’avèrent comme le repaire des activistes, sont tenus sous étroite surveillance. La loi sera appliquée à tous avec une égale sévérité». Mais est-ce possible quand les camps continuent à bénéficier d’une extraterritorialité de fait, ce qui permet à des condamnés comme Aboul Aynaïn ou Abou Mahjan, pour ne citer qu’eux, de s’y réfugier...
On ne sait pas trop où ils prennent cela, mais les politiciens d’ici crient en chœur à un complot visant à provoquer au Liban une nouvelle guerre de religion. S’il est vrai que des extrémistes islamistes sont impliqués au plus haut point dans les derniers incidents, il n’est pas pour autant établi que leur objectif fût de nature sectaire. Ils ont en effet attaqué...