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Actualités - ANALYSE

Pourparlers - Les volets sont jumelés mais pas les délégations Controverse larvée sur le partenariat avec la Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères M. Farouk el-Chareh l’a nettement souligné : son pays n’entend pas se substituer au Liban «État indépendant, souverain, qui formera sa propre délégation et négociera pour lui-même en étant assuré de notre appui, pendant et après les pourparlers». Bien entendu les autorités locales se félicitent de cette mise au point syrienne qui vient démentir, selon un loyaliste, «les insinuations malveillantes de sujétion libanaise à l’égard de la Syrie qui aurait reçu à cet effet carte blanche des Américains. Le jumelage, auquel nous tenons plus que jamais, ne signifie pas que nous renonçons à nos droits d’État souverain et Damas est le premier à en convenir». Et d’ajouter que la Syrie «joue si loyalement le jeu que, comme l’indique le message du président Assad au président Clinton, elle refuse de signer avec Israël si le Liban ne fait pas de même». Mais du côté des opposants, on perçoit quelques doutes. «On peut se demander, souligne un politicien, s’il est dans l’intérêt du Liban que la Syrie refuse par exemple de traiter avec Israël de questions concernant certes notre pays mais où elle est aussi partie prenante. Que peuvent, par exemple, nos officiels face à l’Iran et au Hezbollah ? La carte de la résistance active est-elle entre leurs mains ou entre celles de Damas ? Si cela n’était pas le cas, comment le volet du Golan aurait-il pu être jumelé avec celui du Sud ?» Et de noter que «la coordination va sans doute nécessiter que la Syrie ait son mot à dire dans la composition même de notre délégation. Il aurait été plus simple et plus efficace, du moins pour nous, de former avec elle une cellule commune, quitte à ce que les pourparlers eux-mêmes se fassent d’une manière séparée. Le principe de souveraineté n’en aurait pas du tout souffert». Cette personnalité croit savoir que «les décideurs préfèrent que le négociateur libanais en chef relève de Baabda plutôt que du Sérail. Ils laissent entendre qu’il devrait avoir pour mission de répercuter les directives du président de la République, en qui ils ont une totale confiance, aux diverses sous-commissions libanaises des négociations. Il semble donc que l’on doive mettre sur pied au palais une équipe de réflexion, formée de juristes, de diplomates avertis comme de militaires ou d’experts divers pour conseiller les négociateurs dans des dossiers comme les mécanismes de retrait israélien, les dispositifs de sécurité, le rejet de l’implantation palestinienne, le partage des eaux, etc». Selon cette source, «les Syriens sont assez contents que M. Sélim Hoss prenne ses distances et ne veuille pas s’impliquer dans le processus. Ils n’ont semble-t-il pas beaucoup apprécié ses réactions contre l’entrée en jeu du Jihad islamique palestinien au Sud, l’initiative de cette formation basée chez eux n’ayant pas eu lieu à leur insu». Et de noter ensuite qu’il sera difficile «d’éviter que les pourparlers israélo-syriens ignorent le cas libanais. L’ennemi tient en effet à en parler avec Damas, quitte à reconnaître à ce dernier une primauté certaine dans ce pays. Ainsi, Ehud Barak annonce qu’il va chapeauter en personne, avec l’aide de David Lévy, son ministre des A.E., les quatre groupes formés pour traiter du volet Liban : le comité du dispositif de sécurité ; celui des frontières et des eaux ; celui de la normalisation relationnelle et, enfin, une équipe dite d’avril dirigée par Ouri Lubrani, coordinateur des activités israéliennes dans le Liban occupé. Les Israéliens ne cachent pas qu’ils ne veulent parler avec les Libanais que pour la forme et que, pour le fond, ils préfèrent s’adresser aux Syriens. En adoptant une attitude détachée, ces derniers se dégagent sans doute d’un piège diplomatique. Mais nous, qu’allons-nous faire ?» C’est en effet une question… d’avenir. De tout proche avenir, pour être plus précis, car le dialogue engagé par la rencontre Chareh-Barak à Washington est appelé à reprendre dès ce 3 janvier.
Le ministre syrien des Affaires étrangères M. Farouk el-Chareh l’a nettement souligné : son pays n’entend pas se substituer au Liban «État indépendant, souverain, qui formera sa propre délégation et négociera pour lui-même en étant assuré de notre appui, pendant et après les pourparlers». Bien entendu les autorités locales se félicitent de cette mise au point...