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Actualités - ANALYSE

GOUVERNEMENT - Tout reste dans l’ordre, selon diverses sources Le retard pourrait être rattrapé lors de la formation

Malgré le report de la désignation ou à cause même de cette fausse note inattendue, les Haririens autant que les loyalistes proches du régime soutiennent que tout reste dans l’ordre. Et que les relations entre Baabda et Koraytem ne sont désormais assombries par aucun nuage. Certains supporters du milliardaire prennent même sur eux d’expliquer que «le renvoi des consultations parlementaires pour après le sommet du Caire se justifie par les circonstances que le pays traverse. Il s’agit là d’une mesure tout à fait normale pour que les choix gouvernementaux puissent se faire en fonction des impératifs régionaux que le sommet arabe pourrait dégager. De plus, le temps gagné de la sorte devra permettre d’approfondir les concertations multilatérales en vue d’un solide consensus politique national donnant un meilleur essor au prochain gouvernement». Adoptant l’attitude pragmatique du renard de la fable, qui trouvait trop verts des raisins hors de sa portée, ces sources ajoutent qu’il aurait été «tout à fait préjudiciable de faire montre de précipitation. Et de bâcler la formation du Cabinet pour qu’elle ait lieu avant le sommet arabe». Oubliant, soit dit entre parenthèses, qu’initialement l’option prévue était d’opérer en un tournemain, très vite, pour couper court au bazar des revendications politiciennes et mettre toutes les parties devant une sorte de fait accompli. Dans cet esprit, plusieurs professionnels prédisaient même, après le rabibochage Lahoud-Hariri il y a deux dimanches, que le gouvernement serait proclamé dès la soirée du 18. Paradoxalement, les partisans de la célérité et ceux de la lenteur avancent le même argument : il faut doter le pays d’un gouvernement fort. Pour les premiers, cela ne peut se faire que si le président du Conseil pressenti tranche dans le vif, sans tarder et sans tenir compte des desiderata des uns ou des autres. Et pour leurs contradicteurs, on ne peut mettre sur pied un Exécutif à la hauteur sans l’assentiment, le ralliement des forces politiques locales, ce qui induit des concertations prolongées. L’essentiel est qu’on ne se perde pas dans les détails et les petites zizanies, risque certain dans un pays aussi composite. M. Hariri, qui en est tout à fait conscient et que d’ailleurs l’expérience a échaudé, suit jusqu’à présent une ligne de discrétion absolue. Il continue à répondre à tous ceux qui l’interrogent ou le sollicitent, et Dieu sait s’ils sont nombreux, qu’on ne peut mettre la charrue devant les bœufs. Ni parler de la nature, de la composition nominale, du volume du Cabinet ou de la répartition des portefeuilles avant que la désignation d’un président du Conseil n’ait été effectuée. Une prudence qu’explique en partie le désir de ne mécontenter personne d’avance et de ne pas dresser dès à présent contre lui des ministrables qu’il aurait éconduits trop tôt. Du côté des loyalistes proches de Baabda, on se frotte les mains devant l’attentisme de M. Hariri. Car cela laisse finalement la porte ouverte à un droit de regard actif que le régime aurait sur la composition du Cabinet. Ces loyalistes ne cachent pas en effet que les hautes autorités estiment devoir superviser le choix des ministres qui devront assumer des portefeuilles à vocation sécuritaire ou stabilitaire, comme la Défense, l’Intérieur, la Justice et l’Information. Quitte à laisser, pour ainsi dire, les ministères des services ou à caractère économique à M. Hariri ou, plus exactement, à son choix concerté. Car de toute évidence il devra attribuer la majorité des sièges à diverses forces politiques, alliées ou pas. Il est notoire à cet égard, et pour ne citer qu’un exemple, que le mouvement Amal souhaite nommer trois ministres sur 24, au cas (très probable) où le Hezbollah ne voudrait pas avoir un représentant au sein de l’équipe gouvernementale. Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, les haririens se montrent aussi rassurants que sûrs de leur fait. Selon l’un d’eux, «les rumeurs sur un coup qui se préparerait dans l’ombre pour évincer notre chef sont tout simplement ridicules. Ses arrières sont solidement assurés. Si certains comptent qu’au sommet du Caire il pourrait y avoir un changement de cap, après une certaine entrevue, ils se trompent lourdement». Cela étant, la même personnalité n’exclut pas que M. Hariri «se heurte à de telles exigences contradictoires de la part des composantes politiques du pays qu’il se récuse. Pour exiger ensuite à son tour d’avoir carte blanche, si on tient vraiment à lui, ce qui est plus que probable. Car autrement ce serait politiquement le saut dans l’inconnu et l’ouverture d’une crise aux conséquences incalculables. Notamment sur le plan économique, déjà bien difficile». À noter enfin que de son côté le président Nabih Berry élargit le champ des efforts d’apaisement qu’il déploie depuis les élections sur la scène politique locale. Il entreprend, discrètement mais activement, plusieurs démarches pour rapprocher Baabda de divers cercles éloignés, comme Moukhtara avec lequel il s’est lui-même rabiboché récemment. Dans le même cadre de réconciliation généralisée, on relève qu’aujourd’hui le président Omar Karamé apporte son appui à la désignation de M. Rafic Hariri. À l’instar du reste du président Sélim Hoss. Philippe ABI-AKL
Malgré le report de la désignation ou à cause même de cette fausse note inattendue, les Haririens autant que les loyalistes proches du régime soutiennent que tout reste dans l’ordre. Et que les relations entre Baabda et Koraytem ne sont désormais assombries par aucun nuage. Certains supporters du milliardaire prennent même sur eux d’expliquer que «le renvoi des...