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Actualités - ANALYSE

Les chances d’un apaisement paraissent minimes Inquiétude accentuée à Beyrouth

Au Liban, c’est avec une inquiétude accentuée que l’homme de la rue – aussi bien que les cercles politiques – prend note de la redoutable ambiguïté qui règne, après Charm el-Cheikh, sur le plan régional. Les résolutions annoncées par Clinton ont suscité dès la première minute de telles dissonances que leurs chances de concrétisation durable paraissent minimes. En principe, la partie qui les enfreindrait serait désignée du doigt par les États-Unis et l’Onu. Mais dans une situation de confrontation aussi poussée, bien malin est celui qui peut déterminer une semblable responsabilité. La confusion est telle que, toujours à Beyrouth, les perspectives qu’offre le prochain sommet arabe du Caire donnent lieu à des analyses divergentes. Certains pensent que des régimes arabes déterminés vont sans tarder exercer de fortes pressions en vue d’un net apaisement sur le terrain. Pour que la poursuite des heurts n’oblige pas le sommet à prendre des résolutions dures, rendant plus difficile la reprise du processus négociatoire de paix. Une orientation qui, selon ces sources, convient parfaitement à Israël, qui ne souhaite pas une réunification du camp arabe autour d’options radicalisées. D’autres relèvent que les extrémistes palestiniens et israéliens, qui tiennent actuellement le haut du pavé (c’est le mot), feront tout ce qui est en leur pouvoir perturbateur pour que le cycle de violence se poursuive. Justement afin que le sommet arabe en vienne à rompre avec le processus de paix. Ce qui calmerait un peu une rue arabe apparemment prête à se dresser contre des régimes qui se montreraient trop mous. Défaillance peu probable au cas où les affrontements devaient continuer pendant la tenue du sommet. D’autres encore, plus nuancés sinon plus expérimentés, pensent que le sommet arabe se rabattra sur une solution commode : adopter un ton très ferme, mais seulement sous forme d’un avertissement dont les mesures ne seraient appliquées que si Israël n’en tient pas compte. En somme, des résolutions coercitives mais avec effet de sursis. Les Arabes menaceraient dans ce cadre de soutenir à fond l’intifada, d’arrêter la normalisation, de rompre les relations diplomatiques ou commerciales avec l’État hébreu, de rétablir le boycott généralisé et de dénoncer le processus de paix issu de la conférence de Madrid. Selon les mêmes pôles, Israël tenterait d’amadouer l’opinion internationale en faisant mine dans un premier temps d’appliquer, même unilatéralement, les résolutions de Charm el-Cheikh. Les forces israéliennes recevraient alors l’ordre de ne pas riposter aux «provocations» palestiniennes, sauf en état avéré de légitime défense, et de ne plus réprimer les manifestations. Ceci pour inciter le sommet arabe du Caire à adopter un profil plutôt bas. Après quoi les représailles reprendraient de plus belle, Israël s’étant blanchi d’avance par sa retenue temporaire aux yeux de la communauté internationale. Pour leur part, des officiels libanais indiquent en substance que « les souverains et chefs d’État arabes vont se retrouver dans une position délicate, lors du sommet, si les résolutions de Charm el-Cheikh restent lettre morte. Si l’on ne revient pas sur le terrain à la situation qui prévalait avant la provocation de Sharon, le 28 septembre, il ne sera pas possible de reprendre les négociations régionales». Mais quelle position le Liban, maillon faible de la chaîne, compte-t-il adopter lors du sommet du Caire ? Nul autre État arabe ne pâtit de camps de réfugiés palestiniens qui sont de véritables arsenaux et des îlots d’insécurité. Nul autre pays ne tremble autant pour l’unité de ses rangs internes, à cause notamment des secousses qui proviendraient du Sud en cas de reprise à large échelle des opérations contre Israël. Et surtout en cas d’entrée en lice, dans cette zone, des éléments armés palestiniens. Le Liban va-t-il demander, au sommet du Caire, qu’on le classe parmi les pays de soutien et non parmi les pays de confrontation en cas de guerre généralisée ? Va-t-il demander des engagements précis pour que les camps palestiniens ne débordent pas ? Va-t-il solliciter des compensations financières et des aides variées pour les dégâts qu’il pourrait subir ? Peut-être. Ce qui apparaît pour le moment à peu près certain, c’est que la stabilité et la sécurité de ce pays risquent d’être fortement compromises s’il n’y a pas une détente sur le plan régional. Un constat qui en amène un autre : aujourd’hui plus que jamais, le Liban a besoin d’un gouvernement fort. Émile KHOURY
Au Liban, c’est avec une inquiétude accentuée que l’homme de la rue – aussi bien que les cercles politiques – prend note de la redoutable ambiguïté qui règne, après Charm el-Cheikh, sur le plan régional. Les résolutions annoncées par Clinton ont suscité dès la première minute de telles dissonances que leurs chances de concrétisation durable paraissent minimes. En...