Dossier régional - Hoss depuis hier au Caire pour le sommet arabe Le Liban compte réclamer des mesures « dures » envers Israël

Le Liban compte gagner les pays arabes à sa cause et les encourager à durcir leur position vis-à-vis d’Israël jusqu’à ce qu’une paix juste et globale soit réalisée dans la région. Il se propose notamment de demander au sommet du Caire que les États arabes qui entretiennent des relations diplomatiques ou économiques avec l’État hébreu les rompent immédiatement. C’est ce que le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, a annoncé hier avant de prendre l’avion pour Le Caire pendant qu’à Baabda, le chef de l’État, le général Émile Lahoud, tenait avec ses collaborateurs une série de réunions de travail préparatoires au sommet. Le Liban sera donc porteur d’un document de travail au sommet du Caire, mais «son contenu ne sera dévoilé qu’au moment opportun», a précisé le chef du gouvernement, qui s’est rendu dans la matinée en Égypte afin de prendre part à la réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe, préparatoire au sommet qui se tiendra samedi et dimanche dans la capitale égyptienne. «J’emporte un document qui demande que soient prises des mesures dures et fermes envers Israël jusqu’à ce qu’un règlement juste et global soit réalisé», a déclaré M. Hoss dans le salon de l’AIB. «Parmi les démarches que nous jugeons nécessaires, a-t-il poursuivi, figurent le gel de toute normalisation, la rupture des relations diplomatiques et économiques et la relance du boycott d’Israël jusqu’à ce qu’un règlement juste et global se réalise sur tous les volets» des pourparlers. «Sans cela, ces volets pourront rester indéfiniment sans solution», a-t-il encore dit. M. Hoss, qui a assuré qu’il participera au sommet aux côtés du chef de l’État, a affirmé s’attendre à ce que la réunion des dirigeants arabes débouche sur des «résolutions contenant plus qu’une simple condamnation d’Israël». Le Liban compte notamment demander que les participants au sommet soutiennent sans ambiguïté, dans le communiqué final, ses revendications concernant le retrait israélien des hameaux de Chebaa et la libération des détenus libanais dans les prisons israéliennes. Il souhaite aussi que les dirigeants arabes s’engagent à concrétiser les résolutions qu’ils avaient adoptées pour soutenir «financièrement et moralement» le Liban. En réponse à une question, il a minimisé l’importance des révélations du dirigeant libyen, le colonel Moammar Kadhafi, sur la distribution du texte du communiqué final du sommet aux participants. «Personne ne peut nous imposer des communiqués préparés à l’avance. Ce que nous avons reçu, c’est une copie du document de travail qui fera l’objet d’un débat constructif. Nous nous rendons au Caire pour examiner ce texte arabe et proposer le nôtre. Il est évident qu’il y aura, au terme des délibérations, un communiqué final qui sera très important», a-t-il déclaré. Il s’est félicité du timing du sommet, estimant que sa tenue est «devenue extrêmement importante après celui de Charm el-Cheikh qui n’a pas permis d’atteindre les objectifs escomptés du moment qu’il a passé sous silence les mobiles de l’intifada palestinienne». Entretien Hoss-Moussa M. Hoss a été salué à son départ par les ministres Hassan Chalak et Sleiman Traboulsi ainsi que par l’ambassadeur d’Égypte Adel Khodari, le mohafez de Beyrouth, Jacques Sarraf, le secrétaire général de la présidence du Conseil, M. Hicham Chaar, et plusieurs autres personnalités. Il est accompagné du secrétaire général du palais Bustros et de son conseiller, MM. Zouheir Hamdane et Yéhyia Mahmasani. Aussitôt arrivé au Caire, M. Hoss a tenu une réunion de travail avec le chef de la diplomatie égyptienne, M. Amr Moussa, qui l’a accueilli à sa descente d’avion, puis avec le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Esmat Abdel Méguid. Entre-temps à Beyrouth, le président Lahoud tenait avec ses collaborateurs une série de réunions de travail pour préparer le sommet. Il a notamment examiné l’ordre du jour de la réunion ainsi qu’un projet de résolution prévoyant la tenue périodique d’un sommet arabe et un autre concernant la coopération économique arabe. Au cours de ces réunions, le chef de l’État a aussi procédé à un dernier examen des positions que le Liban adoptera vis-à-vis des questions qui seront examinées au Caire et qu’il avait eu l’occasion d’étudier également avec M. Hoss durant leur entretien lundi. Sur un autre plan, le président Lahoud a reçu dans la journée un appel téléphonique du Premier ministre canadien, M. Jean Chrétien, avec qui il a discuté des évènements qui secouent la région depuis une vingtaine de jours ainsi que de la situation au Liban-Sud.