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Actualités - ANALYSE

Vive irritation dans les cercles du pouvoir

Comme on l’a tout de suite remarqué, les propos de M. Kofi Annan sur la violation de la 425 par le Hezbollah ont beaucoup agacé les dirigeants locaux. Le secrétaire général de l’Onu, entendait-on répéter hier matin à Beyrouth, «a pris parti pour Israël, avant même de nous rencontrer et de recueillir notre point de vue. Passe encore que l’Amérique se montre partiale, mais que la communauté internationale qu’incarne M. Annan passe outre à sa vocation d’arbitre neutre, c’en est trop. D’autant que l’État hébreu a toujours foulé aux pieds les résolutions du Conseil de sécurité, sans jamais d’ailleurs être sanctionné. Il est tout à fait bizarre d’entendre aujourd’hui les Israéliens se réclamer de cette 425 qu’ils ont ignorée avec superbe 22 ans durant et que, du reste, ils continuent à violer en maintenant leur occupation des hameaux de Chebaa. Il est encore plus étrange d’entendre M. Annan leur donner raison sur ce point, alors qu’il est le mieux placé pour savoir que cette 425 n’est pas complètement appliquée. L’aurait-elle été qu’elle n’aurait plus lieu d’être et qu’il ne pourrait pas parler de violation à son propos. De plus, M. Annan se contredit lourdement : pour l’homologation de la 425, il avait soutenu que Chebaa en était exclu. Et voici qu’il affirme que la résolution a été violée à Chebaa !». Poursuivant sur la même lancée, un ministre rappelle que «M. Annan avait donné le “la” dès le printemps dernier. Quand Israël avait abandonné la bande frontalière sud, le 24 mai, le secrétaire général n’avait rien eu de plus pressé que d’exiger de notre part une homologation totale du retrait, pour ainsi dire à l’aveugle. Nous avions refusé et c’est seulement alors qu’il avait consenti à envoyer une mission, dite de la ligne bleue, pour s’assurer du départ de l’occupant. M. Annan s’était ensuite arrangé pour mettre de côté, comme le voulaient les Israéliens et les Américains, la question de Chebaa. Ses récentes déclarations laissent penser que cette fois encore il compte exercer des pressions sur nous plutôt que sur Israël. Mais il n’obtiendra pas gain de cause, car nous ne modifierons pas notre position d’un iota. Nous avons le bon droit pour nous, tant que Chebaa ne nous est pas rendu et que les civils libanais détenus en Israël ne sont pas libérés». Et de souligner que «M. Annan, qui a tout de suite compati avec les Israéliens au sujet de leurs trois soldats capturés dans un territoire libanais occupé, n’a pipé mot et n’a pas levé le petit doigt quand ces mêmes Israéliens ont abattu de sang-froid des civils à la frontière, qu’ils ont bombardé des localités et que leur aviation a crevé le mur du son au-dessus de notre capitale. Jadis, l’Onu n’avait pas non plus réagi quand Moustapha Dirani avait été kidnappé par un commando israélien de son domicile de Kasranaba dans la Békaa. Deux poids, deux mesures donc, mais nous ne plierons pas». Selon cet officiel, qui s’aventure peut-être un peu trop loin à ce propos, «toutes les composantes sociopolitiques du Liban sont unies à l’égard de la question frontalière. Elles parlent toutes d’une même voix», ce qui n’est pas certain s’agissant, par exemple, du non-envoi de l’armée au Sud. Ou encore s’agissant de la couverture officielle donnée au Hezbollah pour son opération de Chebaa et de l’identification des captifs israéliens comme «prisonniers de guerre», expression qui, sur le plan juridique, ouvre la voie à des hostilités généralisées avec l’ennemi israélien. Quoi qu’il en soit, ce ministre répète que «le Liban n’en démordra pas, il veut Chebaa, il veut récupérer ses ressortissants détenus en Israël, il veut des dommages de guerre et il veut aussi la reconnaissance du droit de retour dans leur patrie des réfugiés palestiniens qu’il héberge sur son territoire». Cet officiel omet cependant un point important : au titre du jumelage, le Liban attend également d’Israël la restitution du Golan à la Syrie. C’est d’ailleurs, sans doute, l’une des raisons véritables du refus d’envoyer l’armée dans un Sud dont l’instabilité relative doit toujours pouvoir être utilisée comme carte de pression sur les Américains autant que sur les Israéliens. Un pari qui est d’autant plus à l’ordre du jour que, selon des sources diplomatiques à Beyrouth, «Israël ne mettra pas ses menaces à exécution, comme certains le craignent. Après le retrait du Sud en effet, l’équilibre de la terreur s’est instauré dans la région frontalière. Les Israéliens ont trop peur des katiouchas du Hezbollah, qui désormais peuvent les atteindre en profondeur, pour se lancer dans un défi militaire». Ces mêmes sources indiquent que, «comme le chef de l’État le déclare à toutes les parties internationales qui le relancent à ce sujet, il n’est pas question d’assurer la sécurité frontalière d’Israël en envoyant l’armée au Sud. Et il n’est pas question non plus d’interdire aux Palestiniens de manifester à la frontière pour réclamer leur droit de retour». Ou pour lancer des grenades afin d’exprimer leur colère. Philippe ABI-AKL
Comme on l’a tout de suite remarqué, les propos de M. Kofi Annan sur la violation de la 425 par le Hezbollah ont beaucoup agacé les dirigeants locaux. Le secrétaire général de l’Onu, entendait-on répéter hier matin à Beyrouth, «a pris parti pour Israël, avant même de nous rencontrer et de recueillir notre point de vue. Passe encore que l’Amérique se montre partiale,...