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Actualités - ANALYSE

Une méfiance difficile à dissiper

Il faudra sans doute beaucoup pour assainir le climat politique, aussi bien intérieur que bilatéral, engendré par la polémique sur la présence militaire syrienne au Liban. Et par le problème, plus général ou plus préoccupant, des relations bilatérales, économiques aussi bien que politiques. Certes, les démarches du président Nabih Berry et de M. Fouad Boutros, ainsi que les audiences accordées par le président Assad à des notables de l’Est, confirment l’option d’ouverture du régime syrien. Mais nombre des pôles locaux, réputés proches de Damas, n’en ont cure. Et continuent à critiquer sévèrement Bkerké et le fameux manifeste des évêques maronites qui a lancé le débat. Ainsi, l’un de ces leaders en vue distille en direction des médias, sous le prudent couvert de l’anonymat, les fines observations suivantes : – «Après le retrait israélien, on a voulu piéger et empoisonner la scène libanaise. Les évêques maronites, en ouvrant le feu avec leur manifeste, ont déclenché une escalade dont l’objectif est bien plus régional que local. Il s’agit ni plus ni moins d’affaiblir Damas et Beyrouth à un moment où Israël est en butte à l’intifada. Inversement, ou parallèlement, des parties locales tentent d’exploiter les circonstances régionales. On peut dès lors craindre le réveil des vieux démons, c’est-à-dire de certains slogans isolationnistes qui avaient éclos durant les premières années de la guerre domestique. Intentionnellement ou non, certains pourraient se laisser entraîner sur cette dangereuse voie. Il est en effet manifeste que sous couvert d’indépendance et de souveraineté, on cherche à disloquer le tandem libano-syrien. Certes, tout le monde s’en défend et le jumelage des deux volets n’est pas ouvertement remis en cause. Mais telle cause produit tel effet et il est certain que le processus de séparation ne s’arrêterait pas au seul redéploiement des forces syriennes sur la Békaa puis à leur retrait». Cette source affirme ensuite que «le Dr Albert Moukheiber puis le patriarche Sfeir à deux reprises ont réactivé le feu de la polémique provoquée par le manifeste des évêques à un moment où elle semblait s’assoupir. On peut dès lors penser que le but est de maintenir un haut degré de tension, pour pouvoir s’engouffrer aussitôt dans n’importe quelle brèche ouverte par les développements régionaux. Dans le même esprit, des voix commencent à s’élever pour soutenir que l’action de la résistance dans le secteur de Chebaa ne se justifie pas et que l’État doit reprendre la main, afin de récupérer cet territoire par la négociation. En d’autres termes, on veut priver le Liban et la Syrie, toujours en tant que tandem régional, de l’atout maître qu’est le Sud». Selon ce politicien «c’est encore, de toutes les instances du pouvoir, le régime qui voit le mieux les choses. Il semble en effet comprendre qu’il est nécessaire de verrouiller le dossier, de désamorcer la bombe qu’il représente, pour l’ôter de la scène médiatique et en réserver le traitement aux autorités officielles. Les propos du chef de l’État vont clairement dans ce sens. Il n’est pas évident par contre que la tentative de récupération – si c’en est une –, effectuée dans un sens actif par le président de la Chambre en direction de Bkerké ait porté ses fruits. Quant au président du Conseil, il se dérobe sans se dérober : certes, il réaffirme l’intangibilité des rapports avec la Syrie, mais il n’en fait pas son plat de résistance. Et à la Chambre, par exemple, il a préféré mettre l’accent sur les libertés plutôt que sur le débat relatif à ces rapports. En tout cas, chacun des pouvoirs semble agir en solo, sans coordination, et des bruits courent même qu’il y aurait des frictions entre eux». Et de conclure en répétant que «l’argument selon lequel le dossier de la présence syrienne est soulevé sous un angle uniquement local est spécieux. En effet, sa dimension régionale saute aux yeux». Et d’ailleurs rien de ce qui est libanais, ou presque, n’échappe à l’influence extérieure. I.D.
Il faudra sans doute beaucoup pour assainir le climat politique, aussi bien intérieur que bilatéral, engendré par la polémique sur la présence militaire syrienne au Liban. Et par le problème, plus général ou plus préoccupant, des relations bilatérales, économiques aussi bien que politiques. Certes, les démarches du président Nabih Berry et de M. Fouad Boutros, ainsi que...