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Actualités - REPORTAGES

Saëb Salam et Fawzi Hoss, fondateurs de la compagnie aérienne nationale

Fondée en 1945 par Saëb Salam avec la collaboration de Fawzi Hoss, la MEA entame ses opérations en 1946, avec un bimoteur De Havilland «Dragon Rapide» de six places. Absorbant successivement «Air Liban» et la «Lebanese International Airlines» (LIA), la MEA a connu un développement important. En 1955, elle employait 450 personnes et transportait 28 155 passagers, le million étant dépassé dès 1974. Ce remarquable taux de croissance aurait sans doute été maintenu sans les événements du Moyen-Orient qui sont venus freiner son expansion. Bien avant cela, la MEA s’était dotée à l’AIB d’une base d’entretien dont les installations techniques n’avaient pas leur pareil dans tout le Moyen-Orient. Titulaire de licences délivrées par les autorités aéronautiques d’une dizaine d’États, dont la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, ce centre d’entretien a été utilisé par une soixantaine de compagnies et organismes de transport aérien. Aujourd’hui encore, cette base assure l’entretien complet – réacteurs, cellules, avionique – des avions les plus modernes. Créé en 1961, le centre de formation de la MEA a grandement contribué à la formation technique et commerciale du personnel de la compagnie. Ici, également, une soixantaine de transporteurs et organismes aéronautiques y ont envoyé leur personnel avant les événements. En 1958, la MEA fut la première compagnie du Moyen-Orient à vendre des actions à son personnel, l’associant ainsi plus étroitement à ses résultats d’exploitation. Cette opération fut renouvelée en 1974 pour le personnel engagé entre-temps. Depuis sa création et du fait des événements qui ont affecté la région du Moyen-Orient, la compagnie aérienne nationale a surmonté avec succès de nombreuses crises, dont : la guerre de Suez (1956) ; la crise de l’Intra Bank (son actionnaire principal, avec 65 % du capital et dépositaire du fond de roulement de la compagnie) ; la guerre de juin 1967 ; les raids israéliens (1968) sur l’AIB quand l’essentiel de la flotte de la MEA fut détruit au sol. Les vols devaient reprendre dès le lendemain avec des avions de remplacement aussitôt loués à d’autres transporteurs ; enfin, la fermeture pendant cinq mois de l’AIB en 1976. Malgré la situation, qui se détériorait graduellement à partir de 1976, la MEA avait réussi presque chaque année à présenter des bilans bénéficiaires. En 1979, elle gagnait 51 millions de LL et en 1980, alors même que la plupart des transporteurs aériens plongeaient dans le déficit, elle dégageait près de neuf millions de LL de bénéfices. Son dernier exercice complet en 1981 fut inévitablement déficitaire de 87 millions de LL. En 1976, la MEA subit l’arrêt d’exploitation le plus long de son histoire avec, du 27 juin au 19 novembre, la fermeture de l’AIB, cœur de son réseau et base logistique de ses opérations. La façon dont la MEA a réussi à faire face à un arrêt de cinq mois fut remarquable. Lutte pour la survie Pour ce qu’on a appelé «la bataille de sa survie», la MEA a adopté certains moyens exceptionnels. Pour pallier le manque de carburant, la compagnie a mis sur pied un système coûteux mais efficace. Certains avions, véritables citernes volantes, ont effectué des navettes de ravitaillement vers des aéroports de proximité, tels Amman, Damas et Athènes. La Middle East Airlines a par ailleurs installé à Paris une base technique et opérationnelle de repli. Elle y transporta par avion puis après la fermeture de l’AIB, par convoi terrestre via Damas, le matériel et pièces de rechange indispensables à la révision et au maintien des appareils en état de vol. Au plus fort de la crise, ce centre a accueilli jusqu’à un millier de techniciens de la compagnie, 13 avions et du matériel pour une valeur de 30 millions de dollars. Quant au personnel navigant technique, il put maintenir la validité de ses licences par l’utilisation de simulateurs de vol mis à sa disposition par Air France. Lors de la fermeture de l’AIB, des pillards ravagèrent les locaux et installations aéroportuaires. Afin de soustraire à la cupidité des vandales la base centrale de la MEA et de la maintenir en mesure de fonctionner dès la reprise des opérations, 300 employés s’y retranchèrent. La compagnie organisa le ravitaillement en vivres et en vêtements ainsi que les services sanitaires. Plus de 1 600 lits ont été achetés et acheminés à partir de différentes escales. Près de 3 000 employés et leurs familles se réfugièrent dans différents pays d’Europe. La plus grande partie de la flotte, dont les trois gros-porteurs Boeing 747, put être mise à l’abri avant la fermeture de l’AIB. Une partie de la direction, repliée sur Paris, organisa l’exploitation en vols affrétés à d’autres compagnies. Avec treize avions à Paris, un à Bahreïn et trois à Djeddah, des recettes pour un total de plus de 83 millions de LL furent ainsi engrangées, une contribution décisive à la survie financière de la compagnie. Contrairement au reste du réseau et grâce aux accords des gouvernements concernés, les services réguliers bihebdomadaires Djeddah-Aden et Djeddah-Khartoum furent maintenus pendant toute la durée de l’interruption des vols de la MEA à partir de Beyrouth. Pour pallier le manque de capacité hôtelière afin de pouvoir assurer l’ensemble de ses affrètements dans la Péninsule arabique, la MEA loua un navire de 5 000 tonnes, doté de 250 cabines, ancré en mer Rouge, devant Djeddah pour héberger ses équipages. Durant l’interruption des activités de 1976, des contributions volontaires, représentant jusqu’à 33 % des salaires, furent retenues. Dès la reprise des opérations, ces contributions furent remboursées intégralement. Aussitôt après le déclenchement de l’offensive israélienne en 1982, l’AIB s’est retrouvé de nouveau au centre du cycle de violence et a été fermé. En dépit de l’effet de surprise de l’invasion israélienne, plus de la moitié de la flotte de la MEA a pu être mise à l’abri hors du Liban. Un noyau du personnel a alors assuré la sécurité des installations à Beyrouth ; la direction générale s’est maintenue en liaison permanente avec les escales par l’intermédiaire d’un centre de commandement installé de nouveau à Paris, et les activités d’affrètements pour d’autres compagnies ont repris.
Fondée en 1945 par Saëb Salam avec la collaboration de Fawzi Hoss, la MEA entame ses opérations en 1946, avec un bimoteur De Havilland «Dragon Rapide» de six places. Absorbant successivement «Air Liban» et la «Lebanese International Airlines» (LIA), la MEA a connu un développement important. En 1955, elle employait 450 personnes et transportait 28 155 passagers, le million étant...