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Actualités - REPORTAGES

Transport - Les prix des billets d’avion à la baisse Le ciel ouvert hâterait le règlement du problème de la MEA

Après Dubaï, Bahreïn et la Jordanie, le Liban a annoncé l’ouverture de son espace aérien à la concurrence. Plus d’exclusivité d’horaires, plus de restrictions sur la fréquence des vols ou de limites aux quotas des compagnies aériennes. Le monde du tourisme et du voyage applaudit à la décision «historique» du gouvernement, réclamée avec insistance par les gens du métier depuis des années. Les tours opérateurs auront dorénavant la tâche plus facile et le nombre des touristes devra nécessairement augmenter. Une réserve : pour l’heure, nul ne s’aventure à donner des chiffres sur la croissance du secteur touristique, celle-ci dépendant d’une série de réformes à entreprendre. Pour la Middle East Airlines, la partie n’est pas pour autant perdue. La pratique du ciel ouvert pourrait contribuer à accélérer le règlement de son problème latent et chronique, celui du surnombre de ses effectifs. Entre-temps, la guerre des prix des billets d’avion a d’ores et déjà démarré et la bataille s’annonce serrée. Dans les colonnes des quotidiens, les offres de package de voyage les plus fous sont proposés. On lit des annonces comme «Rome à 300 $». Ce prix est à titre indicatif, dit-on. Aujourd’hui, pour qu’un avion atterrisse à l’Aéroport international de Beyrouth, il suffit à la compagnie aérienne d’informer l’aviation civile pour s’assurer de la disponibilité d’un «slot». Et il n’est plus besoin d’obtenir une autorisation préalable. Le trafic va s’intensifier à l’AIB. Lequel, agrandi, est en mesure désormais de recevoir trente avions simultanément. «Si la décision, prise à titre provisoire, d’ouvrir l’espace aérien n’a pas eu d’impact sur le secteur touristique, c’est qu’elle n’a été prise que le 1er juillet», déclare Pierre Achkar, président du syndicat des propriétaires d’hôtels et membre du Conseil national du tourisme. «Or, dit-il, les agences de voyages commercialisent les programmes des tours trois ou six mois à l’avance. La destination touristique d’Israël est en train de se vendre dès à présent». Les résultats de la décision d’ouverture du ciel seront perceptibles à moyen et long terme. La promotion du Liban à l’étranger en tant que destination touristique est défaillante. «De plus, la conjoncture régionale est critique en ce moment. Même les autres pays touristiques de la région, tels la Jordanie ou l’Égypte, connaissent des difficultés à ce niveau», dit-il. M. Achkar met l’accent sur la nécessité de simplifier les procédures pour l’entrée et la sortie des touristes, de sorte que ceux qui souhaitent venir dans notre pays n’aient plus besoin d’entreprendre une dizaine de formalités et d’attendre plus de trente jours pour obtenir un visa d’entrée. «Il suffit, dit-il, que le demandeur de visa soit détenteur par exemple d’une carte de crédit. Laquelle constitue une preuve de sa solvabilité», dit-il. Le président du syndicat des propriétaires d’hôtels évoque les difficultés que rencontrent les ressortissants égyptiens pour entrer au Liban, tout en soulignant que selon les rapports de la Banque mondiale, chaque membre des 8 % de la population égyptienne détient plus d’un million de dollars. Les autorités libanaises imposent des conditions rédhibitoires à leur entrée dans le pays en partant du principe que tous les postulants égyptiens viennent chercher du travail et s’installer au Liban. «A-t-on enfin compris l’importance du secteur touristique pour la relance de l’économie ?», se demande Fadi Saab, président de la commission du tourisme à la Chambre internationale de commerce, qui est persuadé que la politique du ciel ouvert ne manquera pas de doper le secteur du voyage. Cette démarche sera à elle seule insuffisante à redresser l’industrie du tourisme qui ne représente plus que près du dixième du PIB contre 25 % dans les années soixante-dix. Pourtant, la relance de ce secteur n’exige pas d’importants investissements de la part du gouvernement ; et un soutien aux initiatives privées serait suffisant. Toujours est-il que la révision à la baisse des taxes aéroportuaires est primordiale, tout comme la taxe sectorielle de 5 % imposée aux restaurants et aux hôtels. Celles-ci contribuent à alourdir davantage la facture des touristes, qui payent en outre la taxe de service de 17 %. «À tout le moins conviendrait-il que la taxe de 5 % soit perçue pour être réinvestie dans le secteur touristique et ne soit pas versée au Trésor public sous prétexte de l’unité de la taxe», dit-il. M. Saab affirme que les taxes versées par un touriste qui vient au Liban s’élèveraient à près de 70 $, soit l’équivalent du prix d’un séjour de trois jours dans un hôtel. Le montant des taxes représenterait près de 20 % du prix global du tour dans un pays voisin du Liban. Le président de la commission du tourisme à la CIC se prononce pour «une offre touristique agressive» qui ferait une promotion directe de la destination du pays du Cèdre par un «Direct Mailing», avec la diaspora libanaise à titre d’exemple. Il insiste par ailleurs sur l’importance d’une activation de la police touristique et d’une certaine vigilance lors de l’octroi du permis de travail à des tours opérateurs étrangers. «Il faut s’assurer de la capacité financière et opérationnelle de ces agences de voyages pour éviter des cas de fraudes commerciales et la vente de programmes touristiques fictifs», dit-il, tout en mettant l’accent sur la mise en œuvre d’un plan touristique global visant à réhabiliter les sites touristiques du pays. Nadim Lababidy, expert en aviation, se félicite de la décision courageuse du gouvernement qui a réussi à dépasser les tabous du protectionnisme en dissociant le sort de la compagnie nationale aérienne de l’avenir du secteur du tourisme et du voyage particulièrement porteur pour l’économie nationale. «Il ne faut surtout pas politiser cette décision», dit-il. Il s’agit d’une première démarche préparatoire pour faire face aux défis économiques à venir qui seraient imposés par l’instauration d’une paix dans la région. L’avenir de la MEA n’est pas en danger. Son problème n’est pas celui du ciel ouvert. «Pendant cinq ans, avec un ciel fermé, la compagnie nationale aérienne a continué à essuyer des pertes annuelles de près de 40 millions de dollars», dit-il. Les compagnies aériennes arabes les plus performantes sont les compagnies qui ne bénéficient pas de mesures protectionnistes, en l’occurrence celles des Émirats arabes unis et de Bahrein. Par contre, celles qui sont les moins solides sur le marché régional sont les compagnies aériennes syrienne et séoudienne, qui sont soutenues par leurs gouvernements respectifs. Toujours est-il que pour M. Lababidy l’ouverture du ciel devrait s’accompagner de mesures pratiques pour faciliter les déplacements des personnes entre les pays. «En raison des complications pour l’obtention de visas, les ressortissants algériens et yéménites préfèrent se rendre à Damas ou à Amman pour se faire soigner plutôt que de venir à Beyrouth, capitale réputée dans le monde arabe pour avoir le meilleur personnel médical et paramédical», fait valoir le propriétaire et directeur de Pan Asiatic Travel. Le succès de l’ouverture de l’espace aérien de Dubaï a été assuré grâce à une compagnie d’aviation civile moderne, une zone franche des plus évoluées et un système bancaire et de télécommunication performantes. «Le Liban ne manque pas d’atouts à ce niveau», dit-il. M. Lababidy soumet l’ouverture du ciel aux compagnies aériennes étrangères à l’application du principe de réciprocité à l’égard de notre compagnie nationale. Élie Nakhal, tour opérateur, applaudit à la décision du gouvernement. «Avec un ciel ouvert, le Liban se donne aujourd’hui la chance d’opérer une croissance dans le secteur du tourisme et du voyage. Par le passé, le pays s’était donné l’assurance d’un échec», dit-il. Les avantages de l’ouverture de l’espace aérien à la concurrence sont multiples. Cette concurrence contribuera à abaisser les tarifs appliqués, à accroître le nombre de places disponibles sur le marché et à améliorer la qualité des vols. La grande fréquence des vols proposés représentera un atout de plus aux mains des tours opérateurs locaux et de leurs correspondants à l’étranger. Elle permettra une meilleure flexibilité de leurs programmes et donnera au client un plus grand choix pour moduler les dates de ses aller-retour. Elle permettra donc d’aligner les prix des billets d’avion tout en maintenant une différence minime, qui sera tributaire du type d’appareils qui effectue le vol. «À ce niveau, souligne M. Nakhal, la MEA dispose d’une flotte récente et peut être compétitive». La libéralisation du trafic aérien donne au tour opérateur une plus grande marge de manœuvre pour organiser des «vols supplémentaires», selon ses besoins, puisque dans le cadre de la politique du ciel ouvert, il suffit d’informer la direction de l’aviation civile et non plus de demander l’autorisation pour effectuer un vol sur Beyrouth. L’accroissement du flux de passagers sera autant bénéfique pour l’économie nationale dans son ensemble que pour les finances de la MEA, qui profitera nécessairement de l’accroissement du trafic pour augmenter son chiffre d’affaires. «Le gouvernement protégera la compagnie nationale aérienne en la rendant plus efficace et rentable», affirme M. Nakhal, qui souligne par ailleurs que pour une différence de prix du billet de 10 %, il privilégie la MEA dans les tours qu’il propose. «Une sorte de soutien à notre compagnie nationale», dit-il. «Le Liban a une position géographique stratégique dans la région et un peuple voyageur. La MEA doit savoir exploiter ces opportunités», poursuit M. Nakhal. La rentabilité des vols charter à partir du Liban, il n’y croit pas tellement, pour le moment du moins. «La disponibilité des places offertes sur le marché est immense», dit-il. Les prix des billets d’avion appliqués ont accusé depuis un certain temps une baisse sensible et les vols charter ne peuvent contribuer à réduire davantage les tarifs. Selon le directeur de Nakhal Tours, pour 350 $, le passager à partir du Liban peut gagner n’importe quelle destination en Europe. L’option des charters devra se réduire provisoirement «aux vols charter haut de gamme» ou «sur mesure», organisés à la demande d’une société en faveur d’un groupe de personnes déterminées pour un séjour limité dans le temps.
Après Dubaï, Bahreïn et la Jordanie, le Liban a annoncé l’ouverture de son espace aérien à la concurrence. Plus d’exclusivité d’horaires, plus de restrictions sur la fréquence des vols ou de limites aux quotas des compagnies aériennes. Le monde du tourisme et du voyage applaudit à la décision «historique» du gouvernement, réclamée avec insistance par les gens du métier...