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Actualités - INTERVIEWS

Hindi : Le redéploiement, un premier pas largement insuffisant

Le premier thème que l’on a abordé avec le représentant des Forces libanaises (FL) au sein du comité de coordination a tourné autour des relations libano-syriennes et tous ses corollaires. Concernant d’abord le récent discours de Nabih Berry sur le perron de Bkerké, Toufic Hindi est intransigeant. «Le redéploiement de l’armée syrienne est un premier pas, une condition nécessaire mais pas suffisante. Il faudra que soit précisée ensuite la durée de sa présence, et surtout que cessent les ingérences syriennes dans l’ensemble des affaires libanaises. À partir de là, il faudra appliquer l’ensemble des autres points de Taëf, et notamment la formation d’un gouvernement d’entente nationale». Vous appelez donc à la démission du Cabinet Hariri ? «Oui. Il faut appliquer Taëf selon Taëf». Quelle est la portée de la visite de Nabih Berry au patriarche Sfeir ? «Cette visite confirme le gros poids politique du patriarcat. Sauf que tout cela resterait nettement insuffisant si l’on ne le complétait pas par l’établissement de relations avec toutes les parties ou organisations qui gravitent autour de Bkerké – c’est-à-dire les FL, le CPL, le PNL, etc.». Dans tous les cas, le patriarche lui-même a laissé entendre que le dialogue ne se limitait pas uniquement à Bkerké. Les voix appelant à un rééquilibrage des relations libano-syriennes se font plus nombreuses, mais le panel de leur volume est extrêmement large, non ? «C’est un orchestre et comme dans tout orchestre, il ne peut pas y avoir une seule et même note. Walid Joumblatt, Omar Karamé, et aujourd’hui, d’après Assem Kanso, Hussein Husseini... tous ces leaders mahométans contredisent la thèse selon laquelle les Libanais seraient incapables de gérer, sans tutelle, leurs contradictions et de les mettre au service de la nation. Les positions de ces leaders, quelle que soit leur intensité, représentent une grande possibilité de dialogue intercommunautaire». Comment voyez-vous le futur proche ? «Il est clair que les positions sont en train de s’affermir chacune de son côté. Le camp du pouvoir raidit ses positions concernant tous les thèmes nationaux en les liant à des échéances très lointaines, tandis que l’autre camp dissocie la question de la présence syrienne de la conjoncture régionale tout en ne niant pas l’arabité du Liban ni la nécessité de l’établissement de relations privilégiées avec la Syrie sur la base de l’indépendance et de la souveraineté des deux États. On voit bien que ce camp souhaite appliquer Taëf à la lettre alors que le premier veut continuer à en faire une application biaisée». Il semble pourtant que ça va encore plus loin. Lors des différentes interventions de Rafic Hariri durant le débat de confiance, le mot «Taëf» n’a absolument pas été prononcé. On a l’impression que tout le monde essaie d’oublier Taëf. Pourquoi ? «Je pense que la carte blanche donnée à la Syrie par les États-Unis à partir de 1990 semble être moins forte aujourd’hui. C’est elle qui a permis à la Syrie de faire fi de Taëf et d’étouffer pendant longtemps toute voix indépendantiste au Liban. Elle n’a pas disparu, elle est juste un peu moins blanche». Donc on n’est pas près d’oublier, voire de remplacer Taëf ? «Taëf est pour nous l’arme principale pour que le pays puisse recouvrer son indépendance et sa souveraineté, et pour que l’on puisse arriver à l’État de droit et à l’État de la Constitution. L’application de Taëf gêne l’autre camp : elle implique la formation d’un gouvernement d’union nationale, le repli des forces syriennes dans la Békaa, l’établissement d’un calendrier de retrait...». Est-il normal d’entendre, dans la bouche de Rafic Hariri par exemple, que l’on ôterait au Parlement sa légitimité en incluant dans le processus d’entente nationale l’ensemble des courants extraparlementaires ? «Non. Et Rafic Hariri n’a pas été le premier à dire cela. D’ailleurs je pense qu’il a commis une grande erreur en acceptant d’être le chef d’un gouvernement de non-union nationale. Il lui est impossible aujourd’hui de refuser d’appliquer des décisons dont il ne serait pas pleinement convaincu. S’il avait refusé d’entrer dans ce jeu-là, il aurait observé une attitude nationale beaucoup plus saine». Et la position du général Lahoud par rapport à tout cela ? «No comment». Tout est dit... Z.M.
Le premier thème que l’on a abordé avec le représentant des Forces libanaises (FL) au sein du comité de coordination a tourné autour des relations libano-syriennes et tous ses corollaires. Concernant d’abord le récent discours de Nabih Berry sur le perron de Bkerké, Toufic Hindi est intransigeant. «Le redéploiement de l’armée syrienne est un premier pas, une condition nécessaire...