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Actualités - INTERVIEWS

Chamoun : C’est un gouvernement militaire qu’ils auraient dû former...

Impossible de ne pas commencer notre entretien avec Dory Chamoun, le chef du Parti national libéral (PNL), autrement qu’en abordant le dossier des relations libano-syriennes. Dory Chamoun, plus cynique et railleur que jamais. Et lucide. Votre avis, d’abord, concernant le patriarche maronite, tout ce qu’il a dit et répété jusqu’au fameux «Anschluss» d’il y a environ une semaine. «Ce que Mgr Sfeir a dit, il fallait le dire. L’emprise syrienne sur le gouvernement libanais et sur une grande partie de la rue n’est plus admissible. Quant au mot “Anschluss”, c’est moi qui l’ai utilisé en premier, et à plusieurs reprises...». Et les mots de Nabih Berry à Bkerké ? «C’est un retrait que nous demandons, le redéploiement syrien devrait faire partie d’un tout. Et le retrait syrien signifierait que ce pays veut rendre au Liban sa souveraineté. Quant à la visite de Nabih Berry, c’est une bonne chose, tout comme le fait qu’il n’ait jamais interprété les déclarations du patriarche comme étant hostiles à la Syrie. Il n’empêche, lorsqu’il nous qualifie de minoritaires, il serait bon qu’il se demande d’où lui vient sa majorité...» Vous l’envisagez comment, dans ce cas, le futur proche ? «Écoutez, au vu de comment vont les choses, et si la mainmise syrienne sur le Liban reste aussi forte, je ne vois pas ce qui empêchera le Parlement libanais, un jour, de lever la main et de voter une espèce d’union avec la Syrie. La communauté internationale ne pourra rien dire puisqu’elle a reconnu la légitimité de notre Législatif». Parlons un peu de Taëf, et de l’absence frappante de toute référence à cet accord au niveau officiel. «Plus que ça. Les gens sont extrêmement surpris que la récente déclaration ministérielle n’ait pas fait une seule fois allusion à Taëf. Taëf implique le redéploiement syrien, voilà pourquoi il n’a pas été évoqué». On s’achemine vers quoi alors ? «Vers rien du tout. Il n’y a qu’une certitude : la présence syrienne se poursuivra tant que ces gens-là restent au pouvoir». Sans doute, mais tant que «ces gens-là restent au pouvoir», la présence syrienne durera, non ? «Exactement, c’est comme l’histoire de l’œuf et de la poule». Un mot sur Walid Joumblatt. «Quand il parle de la présence syrienne, je trouve qu’il est excessivement modéré. Ses revendications se font dans le cadre de Taëf et moi je n’arrive pas à comprendre cette réaction violente de la part des Syriens et de leurs alliés». Et puis Dory Chamoun se met à démonter, presque scientifiquement, tout en les raillant, l’ensemble des arguments étatiques. «Prenez l’absence de l’armée au Sud. M. Hariri a dit : “Ils se feront kidnapper, des rançons seront demandées”. «Et le général Lahoud a statué» : “Un État en guerre n’envoie pas son armée aux frontières”. Il la met où alors ? Bref, aujourd’hui, les excuses officielles sont militaires, alors que nos arguments concernant l’envoi de l’armée au Sud sont politiques. Arguments tant au niveau de la politique étrangère – que le Liban soit en accord avec les résolutions 425 et 426 – qu’au niveau de la politique intérieure – on ne peut pas demander aux exilés de regagner leurs villages alors que les miliciens sont partout. Psychologiquement, l’uniforme rassurera tout le monde. Ça c’est la première “excuse” militaire que nous oppose l’État, et ça ne s’arrête pas là. Nous abordons la présence syrienne sous un angle exclusivement politique, et ne voilà-t-il pas que l’on nous oppose un argument militaire – la situation régionale – pour justifier cette présence. Très bien. Mais pourquoi dans ce cas-là, ont-ils formé un gouvernement politique ? Puisque tout n’est que militaire, le nouveau gouvernement aurait dû être militaire». Et les promesses de Rafic Hariri sur les libertés ? «On a attendu qu’il tourne le dos quelques jours à Doha pour les piétiner les libertés, voyez l’histoire de Gebrane Tuéni à Zahlé». Donc vous ne le croyez pas ? «Moi, je veux faire semblant de ne pas le croire. Qu’il assume ses responsabilités». Et l’exclusion par le Premier ministre de tous les courants extraparlementaires du processus de l’entente nationale ? C’est normal ? «Il serait anormal que quelqu’un s’appelant Rafic Hariri dise le contraire. Il est obligé de faire ça pour se justifier vis-à-vis de la Syrie, non ?...». Z.M.
Impossible de ne pas commencer notre entretien avec Dory Chamoun, le chef du Parti national libéral (PNL), autrement qu’en abordant le dossier des relations libano-syriennes. Dory Chamoun, plus cynique et railleur que jamais. Et lucide. Votre avis, d’abord, concernant le patriarche maronite, tout ce qu’il a dit et répété jusqu’au fameux «Anschluss» d’il y a environ une semaine....